La responsabilité de ses apprentissages
Il est plus facile de rendre un enfant dépendant que de le rendre autonome et responsable. Au fur et à mesure que le jeune grandit, le parent doit se montrer de moins en moins indispensable. Il doit surtout l’aider à ses prendre en main. De nos jours, trop de parents ont tendance à dorloter leurs enfants et ils sont déçus de constater leur dépendance. Ces parents oublient souvent de leur apprendre le sens des responsabilités.
Responsabiliser un enfant signifie lui donner des tâches pour qu’il prenne conscience de son rôle dans la collectivité. Aujourd’hui, nombreux sont les jeunes de 9 ou 10 ans qui ne vident jamais le lave-vaisselle, ni ne sortent les ordures. A croire qu’ils vivent dans un hôtel de luxe ! Malheureusement, il n’est pas rare de voir ces petits pachas éprouver des difficultés à l’école. Pour plusieurs, les devoirs et les leçons constituent leur toute première vraie responsabilité. Et l’apprentissage est de taille. En voyant leur enfant devant cette lourde tâche à accomplir, nombre de parents assument la responsabilité scolaire à la place du jeune, le maintenant ainsi – inconsciemment – dans un état de dépendance. Or, toute démarche éducative suppose d’abord et avant tout une certaine autonomie de la part de l’élève. C’est pourquoi l’apprentissage du sens des responsabilités doit débuter avant l’école, durant la petite enfance.
Chez tous les enfants, la capacité d’être autonome et responsable se développe graduellement, et elle est ponctuée d’évolutions subites et de régressions temporaires. Le sens des responsabilités varie selon les activités en cause.
Il va sans dire que les activités que l’on propose à l’enfant doivent être adaptées à son niveau de développement. Avant d’aller à l’école, l’enfant doit avoir appris à prendre certaines petites responsabilités, comme de s’habiller ou de ranger ses jouets. Cependant, soulignons que le sens des responsabilités n’a rien à voir avec l’obéissance servile ou avec la routine. Les parents doivent amener l’enfant à endosser leurs valeurs et à accepter le bien fondé de ses responsabilités.
Si le parent désire que l’enfant devienne responsable, il doit éviter de le surprotéger en réparant sa faute à sa place. Le petit brise une fenêtre du voisin ? Il doit s’excuser lui-même et la faire réparer en puisant dans ses économies. Cela peut paraître sévère, mais c’est très important pour qu’il apprenne à assumer ses responsabilités.
Pour devenir responsable, un enfant doit pouvoir rompre ses liens de dépendance et dire au revoir au cocon douillet dans lequel il n’obtenait que des gains et du plaisir. Les parents doivent l’y encourager, car l’état de dépendance l’empêche d’agir pour obtenir satisfaction. En outre, ils doivent l’aider à développer sa conscience de la réalité et à faire des liens de cause à effet. De plus, en confiant à l’enfant des responsabilités adaptées à ses capacités – et en les variant pour éviter la routine – on lui permet de développer sa sensibilité sociale et de sortir de son égocentrisme.
Toutefois, on ne peut pas parler du sens des responsabilités sans parler d’abord d’autonomie. Et l’autonomie aussi comporte des préalables. De 18 mois à l’âge de 3 ans, l’enfant traverse sa première période d’affirmation. Il apprend à dire « non ! ». Cette période précède l’autonomie. En effet, l’enfant ne commence à être autonome que lorsqu’il est capable de passer du non au oui, c’est-à-dire capable de faire des choix. Pour cela, il doit être en mesure de s’affirmer et de rompre certains liens de dépendance avec son environnement. Cependant, comme le fit de choisir est, en soi, un acte autonome, cela doit être encouragé aussi tôt que possible pour que l’enfant acquière le sens des responsabilités. En l’invitant à faire des choix, son âge et dans une structure donnée, les parents l’incitent à avoir une attitude autonome.
Aussi, le parent doit favoriser la persévérance chez son enfant. Un jeune qui abandonne une activité par manque de persévérance a tendance par la suite à la percevoir comme un échec personnel.
Pour développer chez l’enfant l’autonomie et le sens des responsabilités, le parent doit l’encourager à choisir certaines choses par lui-même et pour lui-même, mais aussi pour les autres. Être responsable, c’est aussi se dégager de son égocentrisme pour penser aux autres et collaborer au bien-être de la famille. Un enfant ne ressent pas du tout la même chose s’il aide ses parents parce qu’il l’a décidé lui-même ou si on l’oblige à le faire. Dans le premier cas, il est fier de lui et dans le deuxième, il vit de la frustration. Celle-ci n’est pas toujours néfaste. Elle met le jeune en contact avec le principe de réalité.
De façon générale, c’est à l’école que l’enfant assume ses premières responsabilités en dehors du milieu familial. Certains enfants sont moins préparés que d’autres pour affronter cette situation. Le fait de prendre ses responsabilités à l’école relève à la fois de la motivation et de l’autonomie. Pour y arriver, il faut un engagement personnel et la capacité de persister dans cette vois.
Il convient de reprendre ici quelques éléments concernant la motivation et l’autonomie, en précisant leur rôle dans le développement des responsabilités scolaires.
On peut définir la motivation comme la capacité d’anticiper un plaisir au cours d’une activité ou d’anticiper l’utilité de cette activité. C’est grâce à la motivation que l’enfant développe son autonomie et son engagement. Lorsqu’il est convaincu qu’une activité sera plaisante ou qu’elle lui sera utile dans la vie, il accepte volontiers d’y mettre des efforts et d prendre les moyens pour y exceller.
La motivation est directement influencée par les valeurs du milieu familial et elle apparaît bien avant de commencer l’école. Les parents qui ont peu d’activités intellectuelles trouvent difficile d’inciter leur enfant à en avoir. Cependant, lorsqu’arrive la période des travaux scolaires, ces parents doivent quand même aider leur enfant à en comprendre l’utilité et à prendre ses responsabilités. Dans le cas contraire, l’enfant rechigne à faire ses travaux, car il n’en perçoit pas le sens. Il les perçoit comme des exigences d’adulte et des sources de frustration.
La capacité de faire des choix et d’en accepter les conséquences, positives ou négatives, est à la base de l’autonomie et de la responsabilité. Ces aptitudes sont fondamentales dans le processus d’apprentissage et elles n’apparaissent pas soudainement et par magie. Faire des choix entraîne des risques et, surtout, oblige à renoncer à quelque chose. Cette contrainte est souvent source d’ambivalence, même chez les adultes. L’autonomie est essentielle pour responsabiliser l’élève ; elle suppose que celui-ci a déjà choisi de s’engager dans les activités scolaires. De plus, elle donne à l’enfant la capacité de choisir les moyens et les stratégies qu’il veut utiliser pour atteindre ses objectifs.
Un véritable apprentissage suppose que l’enfant comprend les liens logiques qui unissent la démarche et le résultat. Sur ce plan, les parents ont un grand rôle à jouer. En effet, ils doivent aider leur enfant à comprendre qu’un résultat (positif ou négatif) n’est pas magique et qu’il est plutôt la conséquence logique des stratégies utilisées et des attitudes adoptées (attention, motivation, autonomie, responsabilité).
Les parents doivent rassurer l’enfant en lui faisant comprendre qu’un résultat négatif ne remet en cause ni sa valeur personnelle, ni son intelligence. L’enfant doit savoir qu’il a le pouvoir de transformer ses attitudes et ses stratégies, et que s’il a connu un échec, c’est qu’il n’était pas assez motivé ou qu’il n’avait pas utilisé les bons moyens pour réussir. S’il veut y arriver, il peut et doit modifier sa démarche. Grâce à cette prise de conscience, l’enfant finit par comprendre que les résultats qu’il obtient dépendent de son attitude et des moyens qu’il utilise. Il retire alors, en apprenant, un sentiment d’efficacité et de fierté.
L’enfant assume des responsabilités à l’école quand il sait qu’il peut modifier ses attitudes en trouvant les moyens d’y arriver. Il peut alors se dire qu’il a atteint lui-même le résultat qu’il anticipait. La pensée magique ne favorise aucunement son sens des responsabilités. Si un jeune obtient 90% lors d’un examen, mais que celui-ci était trop facile, il n’est pas valorisé. Il l’est encore moins s’il obtient 60% à un autre examen, mais qu’il apprend que son enseignant lui a donné des notes gratuitement. Par contre, s’il obtient 75% en étant conscient que ce résultat n’est le fruit ni de la magie, ni du hasard, mais qu’il l’a mérité par ses attitudes et ses stratégies, alors il sentira sa responsabilité personnelle. Il en retirera un sentiment d’efficacité et de fierté personnelle.
Le principal signe démontrant qu’un enfant prend ses responsabilités à l’école, c’est quand il commence à planifier son travail et à choisir sa propre méthode. Devant un travail ou un examen à préparer, il montre que :
· Il sait percevoir avec justesse l’objectif à atteindre ;
· Il anticipe la succession des étapes à franchir pour réaliser le travail ou préparer l’examen ;
· Il anticipe la durée ou le temps à consacrer à chacune des étapes, en fonction de l’échéance ;
· Il anticipe des moyens ou des stratégies à utiliser au cours de chacune des étapes ;
· Il anticipe un moyen pour évaluer l’atteinte de ses objectifs.
30 Août 2010