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mercredi 24 août 2011

Responsabiliser son enfant - 30

Conclusion
Est-ce que nous vivons une période difficile en ce qui a trait à l’éducation de nos enfants ? Sans pouvoir répondre clairement à cette question, nous constatons toutefois que plusieurs spécialistes en éducation ainsi que plusieurs intervenants scolaires et des éducateurs constatent, depuis quelques années, un déclin de la responsabilité et de l’autorité parentale. Pour notre part, nous rencontrons de plus en plus de parents qui se disent dépassés et parfois impuissants face à leur rôle d’éducateurs. Les medias rapportent souvent des actes de violence qui étaient autrefois commis par des adultes et qui le sont aujourd’hui par des jeunes. En éducation scolaire, on déplore un manque de persévérance chez une bonne proportion d’élèves et un fort pourcentage d’abandon de l’école.
Voilà un tableau plutôt pessimiste ! Toutefois, nous sommes convaincus que ces difficultés peuvent être surmontées si la société fait des choix judicieux,. C’est-à-dire en fonction de la famille et des enfants. A notre époque, les parents sont bousculés par d’innombrables responsabilités quotidiennes. Nombre d’entre eux manquent de temps et ne sont pas vraiment présents auprès de leurs enfants. Les instances gouvernementales doivent mettre en place des mesures efficaces pour mieux concilier travail et famille. Les employeurs, les milieux de garde et les écoles doivent mieux s’adapter aux réalités des parents d’aujourd’hui (adopter des horaires souples, donner un meilleur soutien financier…). En somme, la société doit considérer que la famille est sa première priorité et mettre en place les conditions nécessaires pour que les parents assument pleinement et dans contraintes leur responsabilité parentale. C’est un choix de société qu’il faut absolument faire si nous souhaitons collectivement que nos enfants deviennent des adultes responsables.
Les parents ont également des choix à faire. Ils doivent privilégier en premier lieu de tisser avec leurs enfants une véritable relation d’attachement. Cela suppose chez beaucoup d’entre eux un certain renoncement à leurs ambitions liées à la performance et aux richesses matérielles. En étant pleinement disponibles afin d’être en mesure d’exercer efficacement leur responsabilité et leur autorité parentales, ils pourront favoriser chez leurs jeunes l’intégration des valeurs humanistes de même que le sens des responsabilités.
Les parents doivent pratiquer une discipline ferme et démocratique qui tient compte de l’âge des enfants et des valeurs qu’ils veulent transmettre. Il leur revient d’encourager les bonnes actions et de faire diminuer les comportements répréhensibles en faisant vivre aux enfants les conséquences de leurs actes. Chercher des stratégies de résolution des problèmes plutôt que la répression, échanger sans encourager l’argumentation excessive, permettre l’expression adaptée des sentiments, voilà l’enjeu de toute saine discipline !
Il faut croire au devenir de nos enfants. Il y a de l’espoir si les parents protègent et nourrissent leurs liens d’attachement avec leurs enfants, s’ils font confiance à leur intuition et s’ils n’hésitent pas à exercer un rôle d’autorité, avec fermeté et chaleur. Les parents ont des valeurs à transmettre à leurs enfants ; ceux-ci y puiseront sûrement un sens à leur vie.
Le philosophe Jean-Paul Sartre disait que « l’important (ce) n’est pas ce qu’on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu’on a fait de nous. » En fait, ce qui est le plus important dans la relation parent-enfant, c’est le lien d’attachement et, par voie de conséquence, ce sont les valeurs et le sens des responsabilités que les enfants développent. Devenus adultes, ils pourront à leur tour transmettre cet héritage à leurs propres enfants. Il s’agira d’une richesse éducative qui se transmettra d’une génération à l’autre.
08 Novembre 2010

Responsabiliser son enfant - 29

Les responsabilités
Tout enfant doit comprendre qu’il fait partie d’une famille dont tous les membres ont des obligations et des responsabilités. Quand l’enfant a l’occasion de participer aux tâches domestiques, il a le sentiment d’appartenir à la famille. Sa contribution à cette dernière favorise l’esprit familial, comme les vacances ou le sorties. L’enfant ne doit pas se limiter à exécuter des tâches qui lui reviennent logiquement, par exemple débarrasser son couvert après le repas ou ranger sa chambre. Pour participer à l’esprit familial, l’enfant doit aussi collaborer à des tâches qui touchent l’ensemble de la famille : faire le ménage, mettre la table, sortir les ordures…
Voici quelques éléments tirés des précédentes études sur lesquels nous souhaitons porter l’attention. D’abord, il faut se centrer sur les capacités des enfants plutôt que sur leur âge chronologique. Aussi, il ne faut pas hésiter à confier des tâches aux enfants. On doit commencer tôt et y aller graduellement. Même un jeune enfant est valorisé quand ses parents le prennent au sérieux en lui confiant de petites responsabilités. Ces dernières sont perçues comme des ententes entre les parents le l’enfant, et celui-ci sent qu’il peut en discuter. Les encouragements figurent aussi parmi les points à retenir, nous l’oublions trop souvent. Il est également important d’attribuer des responsabilités qui sont utiles et qui lui donnent du plaisir. Nous constatons qu’il y a plusieurs similarités dans les deux périodes, entre les responsabilités qu’on croit devoir donner aux enfants.
Voici quelques exemples de responsabilités à confier aux enfants. Ces recommandations sont tirées de plusieurs articles de spécialistes qui se sont penchés sur les responsabilités qu’on peut donner aux enfants :
3 à 6 ans
·           Se laver les mains
·           S’essuyer les mains sans aide (vers 5 ou 6 ans)
·           Prendre son bain seul, mais avec de l’aide pour se laver le dos, le cou et les oreilles (vers 5 ou 6 ans)
·           Se brosser les dents par imitation
·           Manger sans aide
·           S’habiller seul, parfois avec de l’aide
·           Suspendre son manteau à un crochet situé à sa portée
·           Participer à certaines tâches ménagères à la mesure de ses capacités (balayer sa chambre, épousseter les meubles)
·           Mettre un peu d’ordre dans sa chambre avec de l’aide
·           Ranger ses jouets
·           Déposer ses vêtements dans le panier à lavage
·           Aider à plier le linge propre
·           Ranger ses vêtements dans les tiroirs
·           Faire son lit, avec de l’aide (vers 5 ou 6 ans)
·           Placer les tasses, les verres et les assiettes sur la table
·           Aider à essuyer la table (vers 5 ou 6 ans)
·           Nourrir le chat, le chien ou tout animal domestique
6 à 12 ans
·           Mettre de l’ordre dans sa chambre
·           Ranger les objets après utilisation
·           Aider au ménage de la maison (Passer la balayeuse, épousseter les meubles)
·           Aider à préparer les repas (brasser la soupe, sortir les condiments, couper les légumes)
·           Mettre la table
·           Débarrasser la table
·           Essuyer la vaisselle
·           Laver la table
·           Faire son lit seul
·           Préparer ses vêtements pour le lendemain
·           Aider un membre plus jeune de la fratrie, pour l’habillement par exemple
·           Tenir la main d’un membre plus jeune de la fratrie dans un endroit public
·           Aller chercher des choses pour le bébé de la famille, comme des couches
·           Mettre les rebuts sur le bord du chemin (vers 10-12 ans)
·           Aider au jardinage, par exemple en enlevant les mauvaises herbes.
·           Effectuer ses devoirs sous supervision et avec de l’aide ponctuelle (6 à 8 ans)
·           Effectuer  ses devoirs seuls et demander de l’aide au besoin (8 à 12 ans)
Le parent doit veiller à ne pas surprotéger l’enfant, c’est-à-dire prendre ses responsabilités à sa place alors que l’enfant a la capacité d’agir-
Evidemment, on ne peut s’attendre à ce qu’un enfant assume toutes ces responsabilités. Lorsque le parent est convaincu que son jeune peut en assumer quelques-unes, il devrait demander à l’enfant de choisir les responsabilités qu’il veut assumer. Quand l’enfant a fait ses choix, le parent devrait l’aider à être responsable dans la mise en œuvre des tâches en question. En effet, l’autonomie se caractérise notamment par la capacité de faire des choix, tandis que la responsabilité consiste à en assumer concrètement les conséquences. Nous recommandons que le parent commence à ne confier à l’enfant qu’une seule responsabilité et qu’il en ajoute ensuite quand la première a été bien remplie. Il nous semble important que le parent varie parfois les responsabilités qu’il confie à son enfant. Nous recommandons aussi que le parent félicite régulièrement l’enfant qui a été responsable en accomplissant ses taches. L’enfant peut aussi profiter d’une conséquence par addition, c'est-à-dire un privilège pour souligner le fait qu’il a été responsable. La rétroaction verbale positive du parent ou la conséquence par addition confirment à l’enfant ses capacités et la fierté du parent alimente son estime de lui-même.
29 Octobre 2010

Responsabiliser son enfant - 28

La famille d’aujourd’hui
La famille d’aujourd’hui compte moins d’enfants qu’auparavant et, de façon générale, le temps disponible pour la vie familiale est moindre. Désirant le consacrer à des activités familiales, les parents oublient souvent de donner aux enfants des tâches à accomplir. Ils se chargent eux-mêmes de toutes les tâches, voulant éviter des négociations interminables avec leurs enfants. On constate ainsi un problème de discipline et de responsabilité. Il y a là peut-être une lacune importante qui prive les jeunes d’un bel apprentissage.
La famille d’aujourd’hui se définit par la présence de liens d’alliance ou de descendance ; elle est constituée d’un couple marié ou non, avec ou sans enfants à la maison, ou elle est constituée d’une personne sans conjoint vivant avec un ou plusieurs de ses enfants.
Le nombre d’enfants par famille a fortement diminué. Cette donnée doit être prise en considération. En effet la distribution des responsabilités ne se fera pas de la même façon dans une famille qui compte cinq enfants et dans une autre qui n’en compte qu’un seul. Les besoins familiaux sont également fort différents. N’oublions pas également que l’enfant unique n’a pas de modèle sur lequel se baser comparativement aux enfants de famille nombreuse où l’aîné a plus souvent qu’autrement pavé la voie.
Les différences entre garçons et filles
La question des différences entre garçons et filles est en vogue depuis quelques années. Il est tout à fait légitime de proposer qu’il y ait une égalité dans l’octroi des responsabilités aux garçons et aux filles. Dans de nombreuses écoles, les différents intervenants attribuent les mêmes responsabilités aux filles et aux garçons. Mais plusieurs stéréotypes subsistent. Ainsi, autour de l’adolescence, nous tendons à modifier cette égalité et à leur donner des responsabilités différentes. Quelques chercheurs se sont penchés sur cette question et en arrivent à une certaine conclusion.
Un chercheur, Cheal[1], a réalisé en 2003 une enquête auprès d’enfants de 10-11 ans. Cette enquête porte sur les rôles sexués ainsi que sur le temps disponible des parents. Ces deux éléments étaient abordés comme influençant l’octroi des responsabilités aux enfants.
Les résultats de l’enquête laissent voir que les filles passent plus de temps aux tâches ménagères que les garçons. Quant à la théorie du temps disponible, l’enquête conclut que moins les parents ont de temps disponible, plus les tâches des enfants augmentent. Elle permet également de voir que plus il y a d’enfants dans une famille, plus grand est le besoin des parents d’être aidés dans les tâches familiales.
Ce même auteur avance de plus qu’une bonne relation avec les parents favorise l’accomplissement des tâches au nombre desquelles il mentionne : 1 – faire son lit ; 2 – ranger sa chambre ; 3 – ranger ses affaires dans la maison ; 4 – garder les zones communes propres ; 5 – exécuter des tâches de routine (pelouse, vidange…).
Les facteurs qui favoriseraient l’exécution des responsabilités sont dans l’ordre : 1 – le sexe de l’enfant (les filles davantage que les garçons) ; 2 – les parents qui s’investissent dans les activités de bénévolat ; 3 – la relation positive parent-enfant ; 4 – le nombre d’enfants de moins de 17 ans dans la maison. Ces facteurs relèvent de la socialisation des enfants, des parents comme modèles, de la relation parent-enfant et des besoins des familles.
Par ailleurs, l’auteur ajoute que le statut d’emploi des parents n’a pas toujours de signification relativement aux responsabilités des enfants. Ainsi, il n’est pas automatique que des parents qui ont le statut d’employé offrent plus de responsabilités à leurs enfants.
L’auteur a aussi découvert que les garçons assument peu de responsabilités quand aucun des parents ne travaille. Ils en assument quelques-uns quand l’un des deux parents travaille et beaucoup de responsabilités quand les eux parents ont un emploi à l’extérieur. L’auteur considère que les responsabilités assumées par les garçons répondent aux besoins des parents et de la maison ; ils répondent aux demandes parentales.
Quant aux filles, elles assument beaucoup de responsabilités lorsque l’un des parents travaille (il s’agit souvent du père). Elles en assument peu lorsqu’aucun des parents ne travaille et davantage lorsque les deux parents travaillent.
L’hypothèse de Cheal est que les filles prennent davantage modèle sur la mère lorsque cette dernière est à la maison. En bref, les garçons et les filles ont des rapports différents quant aux responsabilités et aux tâches domestiques.
D’autres auteurs, Pomerantz et Ruble[2] par exemple, soutiennent que les filles ont tendance à prendre davantage que les garçons la responsabilité de leurs échecs. Ils mentionnent également que l’anxiété touche davantage les filles. En prenant la responsabilité de leurs échecs, les filles connaissent de plus grands succès, mais cela peut également les mener vers l’anxiété et la dépression.
De ces diverses recherches se dégagent plusieurs leçons fort importantes. La première est que les enfants se modèlent sur ce qu’ils observent. En parlant des responsabilités chez l’enfant, il est donc inévitablement question du sens des responsabilités des parents. Ceux-ci sont les premiers modèles de l’enfant. C’est ainsi que les filles sont plus orientées vers des tâches ménagères alors que les garçons accomplissent es tâches qui sont marquées d’une certaine urgence.
La société change, et les garçons autant que les filles peuvent accomplir des tâches identiques. Nous ne pouvons qu’encourager de tels changements. Toutefois, les recherches nous indiquent que les rôles sont encore sexués. En somme, il faut quand même spécifier que la question du sens des responsabilités chez l’enfant n’est pas une question de genre, il s’agit d’un apprentissage.


[1] D. J. CHEAL, « Children’s home responsabilities : factors predicting children’s household work ». Social Behavior and Personality, 2003, 31 (8), pp. 789-794
[2] E. M. POMERANTZ et D. N. RUBLE, « The role of maternal control in the development of sex differences in child self-evaluative factors », Child Development, 1998, 69 (2), pp. 458-478
16 Octobre 2010

Responsabiliser son enfant - 27

Confier des responsabilités aux enfants
La problématique de la responsabilité chez les enfants d’aujourd’hui
Qu’en est-il aujourd’hui du sens des responsabilités chez les enfants ? La réponse est à la fois simple et complexe. D’abord, il faut constater que les enfants aiment assumer des responsabilités dès leur très jeune âge. Cependant, ils ont tendance à les fuir quelques années plus tard, ou ils exigent souvent une rémunération en échange. Notre objectif consiste à suggérer des pistes de réflexion et de solution afin de permettre aux jeunes de grandir tout en développant leur sens des responsabilités.
En ouvrant la TV ou en lisant le journal, on se rend compte rapidement qu’il est très souvent question de responsabilité. Des expressions comme : « Qui était la personne responsable ? » ou « Était-il responsable ? » sont omniprésentes. Le concept de responsabilité touche un peu tout le monde. Au travail, à la maison, dans nombre de sphères de nos vies,  et autant chez les adultes que chez les enfants, la question du sens des responsabilités est fréquemment posée. Cela fait partie de nos vies. Comment bien composer avec cette notion de responsabilité ? Quand l’adulte d’aujourd’hui a-t-il commencé à être responsable et comment l’adulte de demain le sera-t-il ?
Droits et responsabilités sont liés
Un certain nombre d’ouvrages et recherches ont été consacrés à la question des responsabilités chez les enfants, en particulier par des chercheurs américains. Cette question trouve également un certain écho chez les chercheurs français qui l’associent étroitement à la question des droits de l’enfant. Lier responsabilités et droits s’avère fort judicieux. Même l’enfant peut rapidement concevoir que les droits et les libertés sont rattachés aux responsabilités.
La convention internationale des droits de l’enfant, qui a été adoptée en 1989, stipule à l’article 29 que « les Etats parties conviennent que l’éducation de l’enfant doit viser à préparer l’enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d’égalité entre les sexes et d’amitié entre tous les peuples… »
Cette convention, dont l’objectif premier était de légiférer en termes de droits des enfants, s’est inscrite dans un contexte où de nombreux enfants devaient notamment s’acquitter de travaux qui ressemblaient à de l’esclavage. Elle a marqué un pas en avant important sans pour autant régler en totalité la question du travail des enfants.
Les droits des enfants, quels sont-ils ? Il s’agit d’abord concrètement du droit à l’éducation, c’est-à-dire du droit de fréquenter le système scolaire, du droit d’avoir des chances égales, que l’enfant soit un garçon ou une fille et quelle que soit son origine ethnique, du droit aux loisirs, à un temps de repas,  de jeu et de vacances. Cela veut dire aussi le droit à la santé, car tous les enfants ont le droit de manger à leur faim et d’avoir des soins convenables (vaccination, hygiène, soins hospitaliers…). Les enfants ont également le droit d’être bien traités, ce qui implique le rejet de toute exclusion, de tout abus, de toute négligence, exploitation sexuelle et économique. Enfin, les enfants ont le droit à la justice, ils ont le droit d’être traités et écoutés de façon juste et équitable.
Quant aux responsabilités que l’enfant doit assumer afin de bien s’intégrer à la société et de prendre plus tard une place de citoyen modèle, rappelons que l’article 29 de la Convention prévoit que l’éducation doit favoriser chez l’enfant l’adoption du sens des responsabilités. Tout cela, dans le respect de valeurs comme la compréhension, la paix, la tolérance, l’égalité entre les sexes et l’amitié entre les peuples.
12 Octobre 2010

Responsabiliser son enfant - 26

Eviter les étiquettes
Quand on réprimande un enfant ou qu’on lui montre la conséquence de ses actes, il faut éviter les mots blessants et les jugements négatifs qui donnent une étiquette à l’enfant. Une telle attitude du parent annule l’effet bénéfique d’une prise de conscience des conséquences des gestes posés. L’enfant retient davantage les propos négatifs et l’émotion qui les accompagne. Nous savons que l’éducation reçue par la majorité des parents d’aujourd’hui se caractérise, notamment, par la recherche des lacunes et des fautes. Elle a été largement conditionnée par des messages négatifs qui empêchaient souvent les parents de voir le bon côté des choses et de souligner les gestes positifs de leurs enfants. Cette éducation a donné maux parents des réflexes qui se sont ancrés et qui se manifeste par des étiquettes ou des remarques comme « il ne marche toujours pas à un an, il est passif », ou « elle ne connait pas son alphabet après des mois de pratique, elle est sûrement dyslexique » ou « il s’oppose à tout, il est têtu » ou « elle ne range jamais sa chambre, elle est paresseuse ». Les « toujours » et les « jamais » rendent les enfants impuissants, enfermés dans des catégories, ce qui nuit à leur évolution. De tels messages négatifs, quand ils sont fréquents, contraignent les enfants à se définir par ce qu’ils ne sont pas et par ce qui leur manque au lieu de se connaître pour ce qu’ils sont.
En quoi consiste une étiquette ? C’est une forme de classification qui limite un enfant dans une catégorie déterminée. Par exemple,  nous retrouvons souvent l’étiquette « hyperactivité » pour désigner un enfant qui bouge plus que la moyenne. Cet enfant est-il réellement hyperactif ? Permettez-nous d’en douter… Si on se fiait à ces étiquettes, souvent gratuites, la moitié de la population serait susceptible d’être diagnostiquée comme étant hyperactive. Un tel diagnostic doit être posé par un médecin et non par monsieur et madame Tout-le-monde.
Malheureusement, les étiquettes ne se limitent pas au problème de l’hyperactivité, car plusieurs autres sont répandues dans le monde de l’éducation.
Certaines de ces étiquettes ne manquent pas d’originalité par leurs appellations. Pensons d’abord à « l’enfant-téflon », qui résiste à tout. Serait-il possible que cet enfant ne soit tout simplement pas motivé par ce qu’on lui propose de faire ou que la relation avec ses parents soit conflictuelle ? Autre étiquette, celle de « l’enfant-roi » qui, en réalité, est un enfant mal éduqué, à qui on a donné trop de pouvoir. Cet enfant ne se ferait-il pas donner cette étiquette parce que ces parents ne lui imposent aucune limite ?
A quoi servent ces étiquettes ? Certains parents qui se sentent impuissants désirent avoir des réponses à leurs questions et voient l’étiquette comme une réponse commode. Les enseignants et les éducateurs ont aussi trop tendance à utiliser ces étiquettes pour catégoriser des enfants en difficulté. Souvent, ces enseignants et éducateurs pressent les parents à entreprendre des démarches pour diagnostiquer l’enfant. Peu importe si ce dernier reçoit ou non un diagnostic, il est surtout un enfant ayant des besoins que les parents doivent combler.
Les étiquettes qu’on appose trop facilement sur les enfants proviennent souvent de l’effet Pygmalion, dont la plupart des parents et des enseignants ne sont pas conscients. Il s’agit d’une légende à propos d’un sculpteur grec qui devint amoureux d’une de ses propres statues représentant une femme d’une grande beauté. Pour soulager Pygmalion, la déesse Aphrodite donna vie à sa statue. Dans cette légende, il est question d’attentes et de désir de la part du sculpteur.
Les chercheurs Rosenthal et Jacobson mirent au jour ce que nous appelons « l’effet Pygmalion », selon lequel les attentes d’un éducateur envers ses élèves peuvent être telles que celui-ci finit par exercer une influence considérable sur ceux dont il a la charge. En ce sens, la nature et l’intensité de l’investissement varient chez l’éducateur selon ses préjugés, favorables ou défavorables. C’est un phénomène où la prévision de l’adulte modifie le comportement de celui-ci, de sorte qu’elle augmente la probabilité que l’événement se produise. C’est en fait une espèce de prophétie qui se concrétise simplement parce qu’elle a été faite.
Les éducateurs, les enseignants et les parents mettent des étiquettes aux enfants et tendent inconsciemment à ce que ces étiquettes se concrétisent dans leurs comportements. Lorsque les attentes envers nous sont positives, nous avons tendance à être plus sympathiques et nous adoptons des comportements plus amicaux, tandis que nous manifestons des comportements opposés lorsque les attentes envers nous sont négatives.
Il s’agit toutefois de tendances et non de règles absolues. Beaucoup d’enfants souffrent d’étiquettes souvent générées par l’effet Pygmalion. Prenons l’exemple de cet enfant de 6 ans qui n’assume pas les responsabilités qu’on lui confie à la maison. Si ces parents communiquent cette information à l’enseignante, celle-ci pourrait être contaminée à son tour par l’effet Pygmalion et avoir de faibles attentes envers le jeune garçon. En réalité, l’effet Pygmalion peut s’apparenter à une forme persistante de préjugé et d’étiquetage. Chaque enfant a droit d’être lui-même.
Il est beaucoup plus constructif et profitable de parler des besoins de développement de leurs enfants plutôt que de les décourager avec des jugements négatifs ou des étiquettes. Celles-ci créent une forme de déterminisme et sapent l’espoir des parents. Ces derniers sont plus réconfortés en satisfaisant les besoins de développement de leurs enfants qu’en subissant des étiquettes. Par exemple, au lieu de poser l’étiquette « enfant violent », il est plus avantageux pour les parents qu’on leur dise que leur enfant « a besoin d’appendre à résoudre des conflits ».
Il nous semble important de préciser que chaque difficulté de comportement chez un enfant peut être reliée à plusieurs besoins non comblés. L’empathie du parent doit se manifester pour décoder le besoin qui sous-tend la difficulté de l’enfant. Selon notre expérience, quand le parent discerne un besoin de limites chez son enfant qu’on a étiqueté « indiscipliné » et qu’il satisfait ce besoin par ses attitudes et ses moyens, l’indiscipline de l’enfant fond comme neige au soleil. Le parent a de l’espoir quand on lui parle de besoins, plutôt que de lui émettre un jugement négatif ou de donner une étiquette à son enfant. Satisfaire les besoins de développement chez un enfant est une responsabilité parentale.
05 Octobre 2010

Responsabiliser son enfant - 25

Il est très important de comprendre qu’une conséquence imposée à l’enfant après une transgression doit s’accompagner chez le parent d’un effort pour comprendre la raison qui sous-tend l’action répréhensible. Cela suppose que le parent a de l’empathie, ce mode de connaissance fondé sur l’intuition et sur une attitude de compréhension, de respect et d’acceptation de l’autre. Grâce à sa capacité d’empathie, ainsi qu’à une connaissance profonde de son enfant jusque dans ses comportements non verbaux, le parent est capable de décoder le sentiment ou le besoin derrière le comportement répréhensible et l’exprime à sa place : « Ça te fâche quand je te dis de te dépêcher et c’est pour cela que tu étais lent. » ou « Tu deviens nerveux quand il y a quelque chose de nouveau, c’est pour cela que tu étais agité. » Ainsi, l’enfant prend conscience de ce qui se passe vraiment et il apprend à manifester adéquatement son besoin ou son sentiment. Le parent doit reconnaître que tous les besoins et sentiments sont légitimes et rassurer l’enfant sur le fait qu’il est normal de les ressentir, mais qu’il faut également les exprimer de façon adaptée, plutôt que de transgresser les règles.Ainsi, il est important de ne pas se limiter aux conséquences. Par exemple, une mère nous racontait que chaque fois que son fils de 9 ans revenait à la maison après l’école, il franchissait la porter en criant et en lançant son sac dans la pièce. Ce comportement se répéta plusieurs jours de suite. Chaque fois, la mère était en colère et l’envoyait dans sa chambre en lui disant de réfléchir (conséquence logique par soustraction). Or, rares sont les enfants qui réfléchissent dans leur chambre après une bêtise. Quelques minutes plus tard, sa mère lui permettait de ressortir, mais sans reparler de la situation. Un jour, elle entendit son fils pleurer dans sa chambre. La mère fut troublée et se demanda enfin pourquoi son fils criait et lançait son sac d’école quand il arrivait à la maison. Elle rejoignit son fils, le consola et, en conversant avec lui, elle sentit qu’il cherchait à attirer son attention et qu’il avait besoin de dépenser son trop-plein d’énergie. Elle lui communiqua son intuition et la garçon approuva d’un signe de tête. Par la suite, dès que son fils franchissait le seuil de la porte, elle s’informait de sa journée et lui offrait une collation suivie d’une période de défoulement physique à l’extérieur. Son comportement répréhensible cessa immédiatement, ce qui n’aurait pas été le cas si sa mère avait continué à se limiter à la conséquence.
A partir de l’âge de 7 ou 8 ans, quand il a acquis la pensée logique, l’enfant tire encore plus de profit de l’aide que l’on lui apporte pour prendre conscience des sentiments ou des besoins qui le poussent à faire des gestes répréhensibles. C’est ainsi qu’il finit par agir de façon responsable et adaptée, tout en exprimant ses sentiments et ses besoins. Le parent doit faire suffisamment confiance à son intuition pour aider l’enfant à comprendre ce qui sous-tend ses gestes, que cela soit agréable ou non. Peu à peu, l’enfant en arrive à établir des liens de cause à effet entre ses comportements et ses besoins ou sentiments. Plus un enfant est conscient de cela, plus il s’exprime adéquatement, moins il transgresse des règles établies et plus il devient responsable.
26 Septembre 2010

Responsabiliser son enfant - 24

Quelques conseils pratiques
Nous avons constaté que beaucoup de comportements inadéquats découlent du fait que les parents n’imposent pas une saine discipline à leurs enfants. Il y a trois types de conséquences : naturelle, par réparation, par soustraction.
·           Conséquence logique naturelle : c’est la plus simple et la plus facile à comprendre. Elle est reliée logiquement au comportement inadéquat. Par exemple, un enfant salit le plancher avec ses chaussures boueuses. Comme conséquence logique et naturelle de son geste, il devra essuyer ou laver la partie du plancher qu’il a salie.
·           Conséquence logique par réparation : la réparation permet de compenser le tort fait à la victime d’’une agression. Elle vise aussi à rétablir chez l’agresseur une image positive de lui-même. Par exemple un enfant humilie un camarade en le traitant de « stupide ». Un geste réparateur consisterait à obliger l’enfant coupable à désigner une qualité de sa victime et à s’excuser auprès d’elle.
      Diane Chelsom-Gossen a décrit les caractéristiques d’une réparation. Les voici, reprises de façon succincte :
-          A un lien avec l’erreur commise.
-          Est reliée à une valeur importante, familiale ou sociale.
-          Vise à compenser un tort.
-          Impose un effort raisonnable de la part du fautif.
-          Vise l’apprentissage de comportements positifs.
-          Cherche à éliminer la répétition des erreurs.
-          Vise l’apprentissage de l’autodiscipline et du sens des responsabilités.
·           Conséquence logique par soustraction : elle est pertinente quand un enfant perturbe un groupe ou une activité et que, malgré les interventions et le soutien de l’adulte, l’enfant continue à déranger. On le retire alors du groupe ou de l’activité.
Cette forme de conséquence est assez populaire, car après les écarts de conduite des enfants, la majorité des parents ont tendance à leur enlever un privilège ou à restreindre leur liberté. Cette frome de conséquence est bénéfique si on aide l’enfant à s’apercevoir que le retrait d’une activité ou d’un privilège survient parce qu’il n’a pas assumé ses responsabilités envers les autres, et qu’il peut racheter un privilège ou réintégrer une activité s’il se montre responsable.
La conséquence par soustraction est parfois inévitable pour stopper un comportement perturbateur d’un enfant, pour le protéger et réintroduire l’harmonie dans un groupe. On l’utilise pour permettre à l’enfant de prendre une distance par rapport à une situation conflictuelle, de s’arrêter pour se détendre et d’être prêt à réfléchir à sa responsabilité. Ainsi, elle fournit à l’enfant l’occasion de prendre conscience de ses actes et de mieux juger son comportement. On doit utiliser cette forme de conséquence de façon très sélective, après avoir échoué dans les autres interventions. Utilisée trop fréquemment, elle risque d’étiqueter l’enfant ou d’alimenter une image négative de lui-même.
Voici quelques exemples de comportements répréhensibles et leurs conséquences :
Comportement
Valeur en cause
Conséquence logique et naturelle
Conséquence logique par réparation
Conséquence logique par soustraction
Courir dans la maison
Sécurité
Arrêter l’enfant et lui faire exercer la marche


Crier sans raison dans la maison
Respect des autres


Retirer l’enfant dans une pièce où les cris n’importunent personnes
Crier dans un endroit public
Respect des autres


Quitter les lieux
Dire des mots blessants à une personne
Respect des autres

Faire un geste positif ou dire quelque chose de gentil à la personne.
S’excuser.

Laisser des objets éparpillés sur le plancher
Sécurité
Ranger les objets avant d’entreprendre toute autre activité


Sortir de la cour sans permission
Sécurité


Jouer à l’intérieur de la maison pendant un certain temps
Refus de manger au repas
    21 Septembre 2010

Responsabiliser son enfant - 23

La responsabilité en action

Il n’est pas nécessaire qu’une discipline soit contraignante et douloureuse pour être efficace. Ce qui importe, c’est qu’elle incite l’enfant à apprendre. Une discipline rigide et autoritaire tend plutôt à le rendre dépendant et conformiste, car il n’a pas l’occasion de développer son sens des responsabilités. A l’opposé, une discipline trop permissive insécurise l’enfant parce qu’elle le prive de points de repère et l’empêche d’intégrer certaines valeurs. Il faut donc tendre vers un équilibre entre ces deux attitudes opposées en adoptant une discipline incitative qui aide l’enfant à prendre des décisions éclairées sur son comportement.
Un enfant peut comprendre et assumer sa responsabilité personnelle si, au préalable, il a saisi les liens logiques qui unissent ses actions et ses paroles, ainsi que leurs conséquences sur les autres et sur leur environnement. Nous avons vu au chapitre 1 que cette conscience des relations de cause à effet se développe depuis la petite enfance. Même si l’enfant est parvenu à une capacité de jugement logique et causal, le parent doit l’aider à prendre conscience de sa responsabilité dans la production d’un effet, particulièrement à la suite d’une situation conflictuelle.
Les conséquences
L’enfant transgresse parfois des règles ou des interdits, et cela est normal puisqu’il apprend le principe de la réalité durant son développement. Un enfant devient plus responsable quand il comprend et assume les conséquences de ses gestes et de ses paroles. Le dictionnaire définit le mot « conséquence » comme « la suite qu’une action ou un fait entraîne ». Il y a un lien logique de cause à effet entre une action et son résultat. Si ce dernier est inacceptable, l’enfant doit en assumer la responsabilité. Ces attitudes parentales sont importantes pour permettre à l’enfant d’intégrer le sens de sa responsabilité par les conséquences :
·           Discuter fréquemment avec l’enfant des diverses conséquences d’un comportement et non pas uniquement à la suite de ses écarts de conduite.
·           Informer l’enfant des conséquences logiques qu’il devra assumer à la suite de chaque comportement inacceptable ou de la transgression d’une règle. Cette connaissance des conséquences permettra à l’enfant de faire des choix.
·           Eviter d’utiliser les conséquences prévues comme des menaces, mais plutôt comme des suites logiques aux comportements.
·           Il est souhaitable que le parent soit calme lorsqu’il montre à l’enfant la conséquence d’un comportement répréhensible. Si le parent est envahi par la colère quand il prescrit une conséquence, l’enfant aura tendance à ressentir l’émotion du parent plutôt qu’à comprendre la logique de son raisonnement.
·           Le parent doit être constant quand il impose des conséquences. Cette constance permet à l’enfant de prévoir ce qui va lui arriver, sans surprise.
·           Quand le parent impose une conséquence à son enfant, il doit ignorer ses protestations. Cela est beaucoup plus facile pour un parent convaincu du bien-fondé de la valeur qu’il veut transmettre et de la logique de la conséquence qu’il impose.
·           Autant que possible, une conséquence doit être immédiate, ne pas durer longtemps et avoir un lien logique avec le comportement inadéquat.
·           Si un enfant refuse d’assumer une conséquence, le parent doit le retirer temporairement pour protéger la relation ou lui imposer la perte d’un privilège que l’enfant pourra récupérer quand il se montrera responsable.
·           Quand un enfant a subi la conséquence de ses gestes, il est inutile de le sermonner. Il est plus profitable de l’aider à comprendre la relation logique entre son écart de conduite et la conséquence subie.
·           Quand l’enfant a subi la conséquence de ses actes, , le parent doit souligner de façon positive son premier bon comportement, afin qu’il retrouve une image positive de lui-même.
·           Nous recommandons vivement que le parent encourage son enfant à choisir lui-même une conséquence à son écart de conduite, du moins dès que l’enfant se montre capable de raisonnement logique, soit vers l’âge de 7 ou 8 ans. Quand l’enfant fait lui-même un choix, il montre qu’il a réellement compris sa responsabilité. Toutefois, il faut s’assurer que la conséquence qu’il s’impose n’est ni trop légère ni trop sévère. Les enfants ont souvent tendance à s’imposer des conséquences trop lourdes.
·           Il va sans dire que toute conséquence doit être réaliste et adaptée à la capacité de l’enfant de l’exécuter.

Responsabiliser son enfant - 22

L’attitude des parents est très importante quand il s’agit d’inciter l’enfant à assumer ses responsabilités scolaires. Si l’activité qu’on lui propose est adaptée à ses capacités et s’il maîtrise les moyens et les stratégies pour la réaliser, ses parents doivent lui signifier clairement que sa responsabilité consiste à la mener à terme. Ils doivent l’encourager à persévérer, c’est-à-dire à terminer l’activité malgré les difficultés. Si un enfant abandonne une tâche lorsqu’il se retrouve devant une difficulté, il en retirera un sentiment d’échec.
Les difficultés ne sont pas des limites et encore moins des handicaps ; ce sont des défis à relever. En outre, elles sont nécessaires puisqu’elles permettent à l’enfant de faire le deuil de sa toute-puissance. Une fois qu’il a pris conscience de ses difficultés ou des points qu’il doit améliorer, les parents peuvent l’aider en lui suggérant des stratégies pour résoudre ses problèmes. Par ailleurs, afin qu’il sente sa responsabilité, ils doivent le féliciter lorsqu’il atteint ses objectifs, et souligner ses progrès dans ses apprentissages et son adaptation sociale.
Il est très important que les parents ne retirent pas à l’enfant ses responsabilités en excusant ses actes ou en reportant les torts sur l’école à la suite d’un échec. Certains parents veulent éviter que l’enfant se sente amoindri et justifient le manque de responsabilité de l’enfant. En entendant ces commentaires, l’enfant risque de se dire : « Je vais attendre que les autres changent. »
On voit de plus en plus cette tendance des parents de prendre le parti des enfants ou des les excuser lorsqu’ils éprouvent des difficultés avec les enseignants. Ces derniers déplorent souvent le fait qu’il est plus difficile qu’autrefois d’établir des rapports de connivence et de collaboration avec les parents pour le bien des enfants. Beaucoup de parents se mettent sur la défensive et refusent d’admettre tout tort chez leurs enfants. On peut relier cette attitude parentale à leur propre sentiment de culpabilité, à leur désir d’éviter que leur enfant vive du malaise ou se sente coupable, ou tout simplement à des conflits qu’ils ont eux-mêmes vécu à l’école et qu’ils n’ont jamais résolus. Nous avons constaté que la plupart des parents qui projettent tous les torts sur l’école ont vécu des difficultés d’adaptation ou d’apprentissage durant leur enfance.
Cette attitude parentale enlève à l’enfant le sens des responsabilités. Si les parents jugent, à tort ou à raison, que l’attitude, les gestes ou les paroles de l’enseignante sont inadéquats, qu’ils aillent en discuter avec elle au milieu de passer leurs jugements devant l’enfant. Il est plus profitable pour l’enfant que les parents lui disent : « Ton enseignante, tu ne peux pas la changer, mais toi, qu’est-ce que tu peux faire ? » Ils ont intérêt à faire réfléchir leur enfant sur ses attitudes (attention, motivation, autonomie, responsabilité) et sur ses stratégies, pour les modifier ou les améliorer, et à se rendre compte que chacun a du pouvoir sur soi, mais non sur les autres. Il est très important que les parents aident l’enfant à comprendre qu’il est le principal acteur de son apprentissage et qu’à cet effet, il a des choix personnels à faire. En parlant de la sorte, les parents signifient à l’enfant qu’il a la capacité de trouver des moyens de progresser, tout en lui redonnant sa responsabilité personnelle.
Pour qu’une expérience compte vraiment, il faut avoir l’occasion d’y réfléchir après coup afin de comprendre ce qu’elle nous a apporté. Si un enfant fait beaucoup d’essais et d’erreurs, mais que le parent ne l’aide pas à revenir sur ses expériences pour en tirer des leçons, il n’apprendra pas à faire des choix judicieux et à être responsable.
Il est inévitable et nécessaire que l’enfant fasse des erreurs quand il apprend. Ces erreurs lui permettent d’adapter ses stratégies et de trouver de nouveaux moyens de mener à bien ses travaux. Elles lui fournissent également l’occasion de s’évaluer, de corriger ses stratégies et de réfléchir sur la pertinence de ses choix.
Il est également important que l’enfant prenne conscience de ses erreurs, et ses parents peuvent l’aider à y arriver. Une telle prise de conscience lui enseigne à ne pas répéter ces erreurs. De plus, les correctifs apportés stimulent la souplesse et la mobilité de la pensée.
Souvent, par perfectionnisme ou par souci d’efficacité, les parents sont tentés de condamner les erreurs. Par conséquent, l’enfant n’ose plus faire de choix, de crainte de se tromper. Il est alors habité par la hantise de commettre une erreur et cela lui occasionne du stress, inhibe sa capacité d’autonomie, de même que sa créativité. Soulignons également qu’il est beaucoup plus facile pour un enfant d’accepter de faire des erreurs lorsqu’il constate que ses parents acceptent les leurs.
Consciemment ou non, nous sommes portés à maintenir notre enfant dans un état de dépendance, car qui dit « autonomie » dit aussi « éloignement ». Or, si nous souhaitons fournir à notre enfant les outils nécessaires pour réussir à l’école et dans la société, il faut d’abord l’aider à acquérir le sens des responsabilités. Ce n’est qu’en devenant un enfant responsable qu’il peut relever les défis qui l’attendent et, surtout, en être fier !
Voici les principales attitudes parentales que nous conseillons pour favoriser le sens des responsabilités chez l’enfant dans ses apprentissages scolaires :
·          L’encourager à s’affirmer ;
·           Être ferme sur les points importants ;
·           Faire preuve de souplesse sur des points mineurs ;
·           L’encourager, dans certaines limites, à faire des choix personnels ;
·           L’aider à assumer les conséquences de ses choix ;
·           L’encourager à trouver des moyens de s’adapter aux situations difficiles ;
·           L’aider à persévérer dans ses efforts et à terminer ce qu’il a commencé ;
·           Lui confier des responsabilités adaptées à son âge ;
·      Respecter son rythme d’apprentissage (en exerçant de la pression pour accélérer son apprentissage, on ne peut que provoquer du stress de performance et des échecs) ;
·           Proposer à l’enfant des défis à sa mesure ;
·           Souligner régulièrement à l’enfant ses forces et reconnaître les efforts qu’il déploie ;
·           L’aider à voir l’utilité des activités qu’il entreprend, tant pour le plaisir qu’il peut en retirer que pour leur utilité concrète ;
·       Encourager sa curiosité intellectuelle en répondant à ses questions et en l’amenant à faire des liens entre ce qu’il apprend en classe et ce qu’il observe dans la vie courante ;
·           Susciter sa créativité pour qu’il éprouve du plaisir et prenne des initiatives ;
·           Lui suggérer des stratégies plutôt que de lui imposer des méthodes établies ;
·           L’encourager à choisir ses propres moyens et stratégies pour arriver à ses fins ;
·        L’amener à comprendre qu’il est normal de faire des erreurs et que c’est même l’occasion de découvrir de nouveaux moyens de relever des défis ;
·           L’inciter à corriger lui-même ses erreurs ;
·           Le soutenir dans l’acquisition d’une méthode de travail.
06 Septembre 2010

Responsabiliser son enfant - 21

La responsabilité de ses apprentissages
Il est plus facile de rendre un enfant dépendant que de le rendre autonome et responsable. Au fur et à mesure que le jeune grandit, le parent doit se montrer de moins en moins indispensable. Il doit surtout l’aider à ses prendre en main. De nos jours, trop de parents ont tendance à dorloter leurs enfants et ils sont déçus de constater leur dépendance. Ces parents oublient souvent de leur apprendre le sens des responsabilités.
Responsabiliser un enfant signifie lui donner des tâches pour qu’il prenne conscience de son rôle dans la collectivité. Aujourd’hui, nombreux sont les jeunes de 9 ou 10 ans qui ne vident jamais le lave-vaisselle, ni ne sortent les ordures. A croire qu’ils vivent dans un hôtel de luxe ! Malheureusement, il n’est pas rare de voir ces petits pachas éprouver des difficultés à l’école. Pour plusieurs, les devoirs et les leçons constituent leur toute première vraie responsabilité. Et l’apprentissage est de taille. En voyant leur enfant devant cette lourde tâche à accomplir, nombre de parents assument la responsabilité scolaire à la place du jeune, le maintenant ainsi – inconsciemment – dans un état de dépendance. Or, toute démarche éducative suppose d’abord et avant tout une certaine autonomie de la part de l’élève. C’est pourquoi l’apprentissage du sens des responsabilités doit débuter avant l’école, durant la petite enfance.
Chez tous les enfants, la capacité d’être autonome et responsable se développe graduellement, et elle est ponctuée d’évolutions subites et de régressions temporaires. Le sens des responsabilités varie selon les activités en cause.
Il va sans dire que les activités que l’on propose à l’enfant doivent être adaptées à son niveau de développement. Avant d’aller à l’école, l’enfant doit avoir appris à prendre certaines petites responsabilités, comme de s’habiller ou de ranger ses jouets. Cependant, soulignons que le sens des responsabilités n’a rien à voir avec l’obéissance servile ou avec la routine. Les parents doivent amener l’enfant à endosser leurs valeurs et à accepter le bien fondé de ses responsabilités.
Si le parent désire que l’enfant devienne responsable, il doit éviter de le surprotéger en réparant sa faute à sa place. Le petit brise une fenêtre du voisin ? Il doit s’excuser lui-même et la faire réparer en puisant dans ses économies. Cela peut paraître sévère, mais c’est très important pour qu’il apprenne à assumer ses responsabilités.
Pour devenir responsable, un enfant doit pouvoir rompre ses liens de dépendance et dire au revoir au cocon douillet dans lequel il n’obtenait que des gains et du plaisir. Les parents doivent l’y encourager, car l’état de dépendance l’empêche d’agir pour obtenir satisfaction. En outre, ils doivent l’aider à développer sa conscience de la réalité et à faire des liens de cause à effet. De plus, en confiant à l’enfant des responsabilités adaptées à ses capacités – et en les variant pour éviter la routine – on lui permet de développer sa sensibilité sociale et de sortir de son égocentrisme.
Toutefois, on ne peut pas parler du sens des responsabilités sans parler d’abord d’autonomie. Et l’autonomie aussi comporte des préalables. De 18 mois à l’âge de 3 ans, l’enfant traverse sa première période d’affirmation. Il apprend à dire « non ! ». Cette période précède l’autonomie. En effet, l’enfant ne commence à être autonome que lorsqu’il est capable de passer du non au oui, c’est-à-dire capable de faire des choix. Pour cela, il doit être en mesure de s’affirmer et de rompre certains liens de dépendance avec son environnement. Cependant, comme le fit de choisir est, en soi, un acte autonome, cela doit être encouragé aussi tôt que possible pour que l’enfant acquière le sens des responsabilités. En l’invitant à faire des choix, son âge et dans une structure donnée, les parents l’incitent à avoir une attitude autonome.
Aussi, le parent doit favoriser la persévérance chez son enfant. Un jeune qui abandonne une activité par manque de persévérance a tendance par la suite à la percevoir comme un échec personnel.
Pour développer chez l’enfant l’autonomie et le sens des responsabilités, le parent doit l’encourager à choisir certaines choses par lui-même et pour lui-même, mais aussi pour les autres. Être responsable, c’est aussi se dégager de son égocentrisme pour penser aux autres et collaborer au bien-être de la famille. Un enfant ne ressent pas du tout la même chose s’il aide ses parents parce qu’il l’a décidé lui-même ou si on l’oblige à le faire. Dans le premier cas, il est fier de lui et dans le deuxième, il vit de la frustration. Celle-ci n’est pas toujours néfaste. Elle met le jeune en contact avec le principe de réalité.
De façon générale, c’est à l’école que l’enfant assume ses premières responsabilités en dehors du milieu familial. Certains enfants sont moins préparés que d’autres pour affronter cette situation. Le fait de prendre ses responsabilités à l’école relève à la fois de la motivation et de l’autonomie. Pour y arriver, il faut un engagement personnel et la capacité de persister dans cette vois.
Il convient de reprendre ici quelques éléments concernant la motivation et l’autonomie, en précisant leur rôle dans le développement des responsabilités scolaires.
On peut définir la motivation comme la capacité d’anticiper un plaisir au cours d’une activité ou d’anticiper l’utilité de cette activité. C’est grâce à la motivation que l’enfant développe son autonomie et son engagement. Lorsqu’il est convaincu qu’une activité sera plaisante ou qu’elle lui sera utile dans la vie, il accepte volontiers d’y mettre des efforts et d prendre les moyens pour y exceller.
La motivation est directement influencée par les valeurs du milieu familial et elle apparaît bien avant de commencer l’école. Les parents qui ont peu d’activités intellectuelles trouvent difficile d’inciter leur enfant à en avoir. Cependant, lorsqu’arrive la période des travaux scolaires, ces parents doivent quand même aider leur enfant à en comprendre l’utilité et à prendre ses responsabilités. Dans le cas contraire, l’enfant rechigne à faire ses travaux, car il n’en perçoit pas le sens. Il les perçoit comme des exigences d’adulte et des sources de frustration.
La capacité de faire des choix et d’en accepter les conséquences, positives ou négatives, est à la base de l’autonomie et de la responsabilité. Ces aptitudes sont fondamentales dans le processus d’apprentissage et elles n’apparaissent pas soudainement et par magie. Faire des choix entraîne des risques et, surtout, oblige à renoncer à quelque chose. Cette contrainte est souvent source d’ambivalence, même chez les adultes. L’autonomie est essentielle pour responsabiliser l’élève ; elle suppose que celui-ci a déjà choisi de s’engager dans les activités scolaires. De plus, elle donne à l’enfant la capacité de choisir les moyens et les stratégies qu’il veut utiliser pour atteindre ses objectifs.
Un véritable apprentissage suppose que l’enfant comprend les liens logiques qui unissent la démarche et le résultat. Sur ce plan, les parents ont un grand rôle à jouer. En effet, ils doivent aider leur enfant à comprendre qu’un résultat (positif ou négatif) n’est pas magique et qu’il est plutôt la conséquence logique des stratégies utilisées et des attitudes adoptées (attention, motivation, autonomie, responsabilité).
Les parents doivent rassurer l’enfant en lui faisant comprendre qu’un résultat négatif ne remet en cause ni sa valeur personnelle, ni son intelligence. L’enfant doit savoir qu’il a le pouvoir de transformer ses attitudes et ses stratégies, et que s’il a connu un échec, c’est qu’il n’était pas assez motivé ou qu’il n’avait pas utilisé les bons moyens pour réussir. S’il veut y arriver, il peut et doit modifier sa démarche. Grâce à cette prise de conscience, l’enfant finit par comprendre que les résultats qu’il obtient dépendent de son attitude et des moyens qu’il utilise. Il retire alors, en apprenant, un sentiment d’efficacité et de fierté.
L’enfant assume des responsabilités à l’école quand il sait qu’il peut modifier ses attitudes en trouvant les moyens d’y arriver. Il peut alors se dire qu’il a atteint lui-même le résultat qu’il anticipait. La pensée magique ne favorise aucunement son sens des responsabilités. Si un jeune obtient 90% lors d’un examen, mais que celui-ci était trop facile, il n’est pas valorisé. Il l’est encore moins s’il obtient 60% à un autre examen, mais qu’il apprend que son enseignant lui a donné des notes gratuitement. Par contre, s’il obtient 75% en étant conscient que ce résultat n’est le fruit ni de la magie, ni du hasard, mais qu’il l’a mérité par ses attitudes et ses stratégies, alors il sentira sa responsabilité personnelle. Il en retirera un sentiment d’efficacité et de fierté personnelle.
Le principal signe démontrant qu’un enfant prend ses responsabilités à l’école, c’est quand il commence à planifier son travail et à choisir sa propre méthode. Devant un travail ou un examen à préparer, il montre que :
·         Il sait percevoir avec justesse l’objectif à atteindre ;
·   Il anticipe la succession des étapes à franchir pour réaliser le travail ou préparer l’examen ;
·    Il anticipe la durée ou le temps à consacrer à chacune des étapes, en fonction de l’échéance ;
·         Il anticipe des moyens ou des stratégies à utiliser au cours de chacune des étapes ;
·         Il anticipe un moyen pour évaluer l’atteinte de ses objectifs.
30 Août 2010