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lundi 22 août 2011

Incarnation: Chapitre 8 - Être l'Eglise dans ses loisirs (6ème partie)

Le festin de Babette
Ce film du danois Gabriel Axel, avec Stéphane Audran, Oscar du meilleur film étranger en 1988, en est une excellente illustration. Babette, cuisinière renommée dans un grand restaurant parisien, «Le Café Anglais», fuit la répression de la Commune de Paris en 1871. Elle trouve refuge au Danemark, dans un petit village luthérien, au service de deux vieilles filles.
Dans ce petit village puritain, ces deux sœurs dévotes mènent une vie très austère. Elles ne mangent qu’une nourriture fort simple, qu’elles partagent généreusement, certes, mais qui ne leur procure aucun plaisir. Or Babette est un génie culinaire. Lorsqu’elle remporte une somme rondelette à la loterie, elle consacre tout son gain à préparer un somptueux festin qu’elle offre à la communauté. Chacun des convives en sortira transformé.
C'est l’invité de marque du festin, le général Löwenhielm, qui reconnaît les «cailles en sarcophage» du «Café Anglais» et qui rappelle qu’un grand repas peut être une histoire d'amour, en levant son verre à celle des deux vieilles filles qu’il a toujours aimée mais qu’il n’a pas pu épouser. Ce n’est pas un film tendre mais un film bouleversant, grâce à la nouvelle de Karen Blixen dont Gabriel Axel a réalisé la mise en scène admirable de précision et de sobriété jusque dans les détails et dans ce stupéfiant contraste entre la vie triste et misérable de ce sinistre village luthérien et ce dîner fantastique, véritable exubérance de mets succulents et de vins prodigieux, comme le Clos Vougeot 1845, si parfaitement inattendue dans ce paysage nordique austère, glacial et battu par les vents. Le prodige du film - indiqué par le petit discours du général qui conclut le dîner - est que c’est le festin qui accomplit la communion de tous les convives et des amants séparés que le pasteur n’avait jamais réalisée - il les avait séparés pour sa propre satisfaction.
Illustration ô combien parlante que la communion avec Dieu et les uns avec les autres peut se vivre dans des contextes bien différents de ceux que nous avons l’habitude en tant qu’église. La générosité de Babette qui offre tout ce qu’elle a nous rappelle celle de Marie versant le parfum de grand prix sur les pieds de Jésus. Gaspillage? Ce n’était en tout cas pas la vision du Seigneur. Ni celle des invités dans le film (en tous cas pas après le repas!)

Les loisirs pour nous conduire à Dieu
Dieu est parfait. Il est l’expression absolue de la perfection. Il est l’Artiste, le Peintre, le Musicien. Il est le Créateur. Lorsqu’une personne, même non-chrétienne, exprime son art avec excellence et approche cette perfection, cela nous conduit vers Dieu.
John Coltrane, le saxophoniste qui jouait pour Dizzie Gillespie et Miles Davis, a exprimé quelque chose dans ce sens. Au début des années 1950, «Trane» a failli mourir d’une overdose à San Francisco, et lorsqu’il est revenu à lui, il a décidé de cesser de se droguer et de boire. Il a mis sa foi en Dieu. Son meilleur jazz a suivi cet événement, y compris «A Love Supreme», un déversement ardent de trente-deux minutes pour remercier Dieu pour sa bénédiction et lui offrir son âme.
Après une interprétation vraiment extraordinaire de «A Love Supreme», Coltrane est descendu de la scène, a posé son saxophone et a simplement dit: Nunc dimittis (ce sont les premiers mots en latin de l’ancienne prière de Siméon: «Seigneur, tu peux reprendre ton serviteur, car mes yeux ont vu ton salut»). Coltrane a senti qu’il ne pourrait jamais jouer ce morceau plus parfaitement. Si toute sa vie avait été vécue en préparation de cette prière musicale passionnée de trente-deux minutes, elle en aurait valu la peine. Il était prêt à partir.60
Ainsi la présence de Dieu nous accompagne en tout. Les loisirs ne consistent pas à prendre congé du Seigneur pour enfin se défouler en faisant quelque chose qui nous fait vraiment plaisir, qui nous renouvelle vraiment… Comme Eric Liddle qui sentait le plaisir de Dieu en courant, comme John Coltrane qui exprimait son âme par la musique, intégrons Dieu dans tout ce que nous faisons et touchons à une partie de notre destinée! 

60 Os Guinness, The call, 1998, Word Publishing, p. 4512 Août 2008

Incarnation: Chapitre 8 - Être l'Eglise dans ses loisirs (5ème partie)

Le but des loisirs
Les loisirs ont de nombreuses fonctions personnelles (rafraichissement, réflexion, évasion, divertissement…) et sociales (développement du couple et de la famille, des amitiés, éducation, pratique de l’hospitalité, entretien de sa santé et de son corps…).
Sur le plan spirituel, le sabbat est un commandement pour un type de loisir spécifique, principalement orienté vers l’adoration. En fait, toutes nos activités de loisirs devraient être dans une certaine mesure orientées vers l’adoration. Ce faisant, nous ne devrions pas uniquement chercher à glorifier Dieu au travers d’elles, mais aussi à être rafraichis par lui. Même les activités de loisir les plus «séculières» peuvent devenir des expériences spirituelles si nous prenons conscience de la façon dont Dieu est connecté à ce que nous faisons.
J’ai été profondément marqué par l’histoire d’Eric Liddle telle qu’elle est racontée dans le film «Les chariots de feu». Eric a réellement reçu un don pour la course à pied, mais sa sœur trouve qu’il y consacre trop de temps, au détriment de la mission et du travail de leur église. Eric, consacré à donner sa vie pour la mission en Chine par la suite, serre alors les épaules de sa sœur et lui dit: «Tu sais, quand je cours, je sens le plaisir de Dieu.» Pour Eric, la course à pieds est devenue un acte d’adoration. Et il a été créé autant pour courir que pour travailler ou exercer un ministère.
En fait, dans les loisirs nous apprenons à gérer des dons de Dieu: notre temps, notre corps, la création, la beauté, nos émotions, notre imagination…
Comment déterminer ce que nous faisons dans nos temps de loisir? Les Puritains nous aident à définir quelques lignes directrices très utiles:
·         L’activité de loisir doit être de bonne réputation.
·         Elle doit être profitable pour nous-mêmes et pour les autres.
·         Elle doit tendre à la gloire de Dieu.
·         Elle doit nous rafraîchir dans notre âme et dans notre corps.
·         Ils doivent être pratiqués avec modération et sans excès.
L’objectif des loisirs n’est pas de jouir des plaisirs du monde. C’est de jouir de Dieu au travers de sa création et des dons qu’il nous a donnés. Les loisirs doivent être orientés vers Dieu en tant que chrétien. Ils consistent à se détendre en Dieu, à chercher notre joie en lui au-delà de ce qui est strictement nécessaire pour notre bien-être spirituel ou pour la promotion de son règne.

Dangers des loisirs
Dans notre société actuelle, les loisirs sont devenus une véritable industrie. On cherche à travailler de moins en moins afin de pouvoir vivre davantage de loisirs. En fait, pour beaucoup de gens, le travail n’est qu’une source de revenus pour financer leurs loisirs. Il n’y a rien de nouveau. Chez les Grecs déjà, Aristote écrivait: «Nous travaillons afin de pouvoir avoir des loisirs.»
Dans notre société, les loisirs sont là en bonne partie pour fuir l’ennui et la solitude, qui sont de véritables maladies de société. Certains loisirs deviennent ainsi une occupation fébrile et maladive masquant le manque de sens et de communication dans nos familles et le vide de nos vies. Prenons un peu de distance et considérons notre façon de vivre les loisirs. Si nous nous sentons coupables ou mal à l’aise quand nous ne faisons rien et que nous choisissons toujours des activités qui nous permettent de «jouer dur» tout comme nous travaillons dur, nous risquons d’emmener dans nos loisirs la même compulsivité qui caractérise notre travail. On peut ainsi remplir notre temps libre de loisirs et ne pas se reposer, passant à côté du sens et du potentiel régénérateur de ce temps libre.
Les loisirs peuvent également, tout comme le travail, devenir une idole à laquelle nous consacrons sans compter nos finances, notre temps et notre énergie. Le sabbat biblique nous permet ainsi non seulement de replacer Dieu avant notre travail, mais aussi avant nos loisirs.
Ceci dit, la Bible nous met clairement en garde contre «la convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l’orgueil de la vie» (1 Jean 2:16). La passion des voyages, le fait de pouvoir voir tel ou tel monument, tel ou tel endroit, tel ou tel film, cela peut aussi être la convoitise des yeux. Il y a une telle soif d’expérience, d’essayer ceci ou de vivre cela qu’il y a un réel danger que ces expériences prennent la place de Dieu. Un accent déséquilibré sur les loisirs peut réellement nous séparer de Dieu. La frontière entre la gloutonnerie, les excès de table et un bon repas est subtile. Le glouton vit pour manger et, par conséquent, n’en a jamais assez et finit par s’ennuyer même à satiété. Le chrétien vit pour Dieu et, par conséquent, jouit d’un bon repas comme un acte d’adoration et le prend avec reconnaissance (Romains 14:6). La Bible nous encourage à la tempérance et à la mesure. Dans ce cadre, les loisirs sont un ministère envers nous-mêmes qui plait à Dieu.
Dans certaines églises, les loisirs sont parfois mal perçus parce qu’ils peuvent être synonymes de paresse et d’oisiveté, mais aussi parce qu’on a une vision faussée de la mort à soi-même, une vision quelque peu ascétique de la foi où tout plaisir est perçu comme charnel, voire diabolique. Nous devons développer une saine théologie, équilibrée, du plaisir et des loisirs. Notre Dieu n’a pas inventé la sexualité uniquement pour la procréation. Pourquoi a-t-il mis autant de diversité et de créativité dans sa Création? Le fait de jouir d’un bon repas et d’un bon vin doit nous amener à un sens profond de gratitude envers Dieu et d’exubérance dans notre vie quotidienne. Il a prévu que nos sens, stimulés, puissent nous conduire à l’adoration, à la communion les uns avec les autres et nous connecter à l’éternité.
21 Juillet 2008

Incarnation: Chapitre 8 - Être l'Eglise dans ses loisirs (4ème partie)

Re-création
Stephen Covey, dans son livre «Les 7 habitudes de ceux qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent[1]» raconte l’histoire suivante:
«Imaginez que vous vous promenez dans une forêt. Vous rencontrez quelqu’un qui s’affaire autour d’un arbre:
-          Que faites-vous? lui demandez-vous.
-          Vous ne voyez pas que je scie un arbre!
-          Mais, vous avez l’air épuisé. Depuis combien d’heures travaillez-vous?
-          Plus de cinq heures et je n’en peux plus. Ce n’est pas un travail de tout repos
-       Pourquoi ne prendriez-vous pas une petite pause. Vous pourriez aiguiser votre scie. Je suis sûr que vous iriez plus vite ensuite.
-          Je n’ai pas le temps de m’arrêter. Je suis bien trop occupé à scier.»
Nous avons trop souvent peur de perdre notre temps lorsque nous ne faisons rien. Mais c’est bien de récréation, ou de re-création, que nous parlons. Quand nous nous reposons, Dieu nous re-crée.
Nous avons besoin de renouvellement sur plusieurs plans, que ce soit social (se retrouver seul quelques jours), psychologique (sortir de la pression), physique (après une activité intense ou une période de courtes nuits) ou intellectuel. Ces temps de repos sont certes nécessaires pour «aiguiser notre scie» et nous rendre plus efficaces dans nos tâches, mais ils sont en fait bien plus que cela.
Dans le projet de Dieu, est-ce que les loisirs ne servent qu’à améliorer notre productivité? Est-ce que le repos et la détente sont des valets au service du travail? Réfléchissons quelques instants au rôle de ces deux dimensions:
L’objectif du travail est de promouvoir le royaume de Dieu. L’objectif des loisirs est de jouir de la présence du royaume de Dieu. L’équilibre se trouve lorsque notre travail profite à nos loisirs et nos loisirs profitent à notre travail.
Nous devons apprendre la connexion en travail et repos. Dieu n’est pas un esclavagiste. Dans Matthieu 11:28-30, Jésus dit: «Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger.»
Ainsi les loisirs ne sont pas uniquement utilitaires (dans le sens où ils servent à récupérer notre énergie pour pouvoir à nouveau travailler correctement), mais ils ont du sens en eux-mêmes. Dans notre culture occidentale axée sur la performance, notre éthique de travail protestante basée sur l’excellence, ainsi que dans notre vision d’un Dieu sérieux et austère, nous avons perdu le sens biblique du repos et des loisirs.

Une vision biblique des loisirs
Il y a trois grands axes bibliques qui vont nous aider à développer une théologie et une spiritualité des loisirs. Ces grandes lignes nous aideront à réaliser que les loisirs ne nous détournent pas de notre vocation, mais qu’ils y participent pleinement.
·    Le mandat de jouir de la création divine. Nous nous sommes malheureusement parfois trop concentrés sur la dimension «règne» du mandat créationnel (Genèse 1:28) et avons négligé les implications du Seigneur jouissant de sa création (Genèse 1:31). La volonté de Dieu est que la race humaine se développe, mais il faudra plus que du travail pour cela; apprendre à jouir de la création, du fruit de son travail, à célébrer sont aussi des aspects que nous devons apprendre. En fait, le jeu peut nous connecter avec Dieu autant que le travail. Proverbes 8:30-31 nous parle de la Sagesse, qui représente Jésus: «Je faisais tous les jours ses délices, jouant sans cesse en sa présence, jouant sur le globe de sa terre, et trouvant mon bonheur parmi les fils de l’homme.» Et si, lorsque nous jouons, nous apprenions à intégrer le Seigneur dans ces temps de jeux et, comme Jésus, à jouer en sa présence!
·       La théologie de la grâce. Les gens qui ne se confient pas dans la grâce de Dieu vont tenter de trouver leur salut et leur identité par leurs propres efforts. Sans cette compréhension, ils vont sans cesse devoir travailler pour mériter l’amour de Dieu. Le fait de ne rien faire les laisse coupables et mal à l’aise. Une mauvaise compréhension de la grâce peut aussi conduire à une vie complètement tournée vers les loisirs, et il y a certainement un danger. Tant les loisirs que le sabbat sont destinés à nous reposer, à nous restaurer. Mais le sabbat est plutôt tourné vers Dieu alors que les loisirs sont tournés vers nous-mêmes. Le sabbat est un commandement divin alors que les loisirs sont une autorisation divine. Le sabbat restaure notre esprit et tout notre être alors que les loisirs tendent à ne toucher que notre corps et notre âme.
·       La théologie du temps. Dans notre monde occidental, le temps est souvent une commodité qui doit être gérée plutôt qu’un don de Dieu. Les gens pensent souvent qu’ils peuvent organiser des temps de qualité avec leur conjoint ou leurs enfants, leurs amis ou même pour eux-mêmes en les réservant dans leur agenda. Les personnalités compulsives emmènent même depuis leur travail leur tendance à tout planifier dans l’organisation de leurs vacances. Mais le temps de qualité avec Dieu, avec soi-même ou avec d’autres ne peut pas être organisé. Nous devons ré-accueillir les surprises et l’inattendu. La surprise nous relie avec un Dieu surprenant, qui seul a le loisir de faire «tout ce qu’il veut» (Psaume 115:3). Ainsi une théologie du temps nous aide à gaspiller du temps de manière sainte et à accueillir l’inattendu. Les loisirs sont un des éléments qui font de la vie une sainte aventure. Cette aventure n’est cependant pas sans tentation (comme c’est le cas pour le travail). Les loisirs nous testent.


[1] Stephen Covey, Les 7 habitudes de ceux qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent, Editions First, p. 273

09 Juillet 2008

Incarnation: Chapitre 8 - Être l'Eglise dans ses loisirs (3ème partie)

Comment est votre sommeil?
Le sommeil représente plus d’un tiers de notre vie! Nous ne pouvons pas parler du repos et des loisirs sans parler du sommeil. Il est déterminant pour la croissance, la maturation cérébrale, le développement et la préservation de nos capacités cognitives. Il est essentiel pour l’ajustement de nombreuses sécrétions hormonales et l’on sait aujourd’hui que sa réduction en quantité ou l’altération de sa qualité favorisent probablement la prise de poids et l’obésité. Enfin, la mise au repos de notre système cardiovasculaire au cours du sommeil est certainement l’un des enjeux de prévention des années à venir.
Les personnes qui dorment mal ou pas assez expérimentent les symptômes suivants:
·           Baisse de la vigilance. Une concentration affaiblie entraîne une baisse d’attention.
·           Diminution de la performance: On éprouve de la difficulté à réfléchir de façon logique, à assimiler de nouvelles choses et à s’exprimer clairement. On commet plus d’erreurs.
·           Microsommeils: Parfois, on «cogne des clous»: on s’endort pendant quelques secondes sans s’en rendre compte. Pas très poli, et au volant, impardonnable!
·           Sautes d’humeur: On devient irritable, impatient, intolérant et imprévisible. Dur pour l’entourage!
La somnolence diurne excessive atteint 8% de la population, 20 à 30 % de la population souffre d’insomnie peu sévère, 5 à 15 % de la population souffre d’insomnie sévère, 15 à 20 % des adultes utilisent occasionnellement des somnifères, 10 % en ont un usage régulier. Les conséquences professionnelles des insomnies sont une augmentation des arrêts de travail (31% contre 19% chez les bons dormeurs) et des accidents de travail (8 % contre 1 %). Au moins 8 % des insomnies sont d’origine professionnelle. 20% des accidents de la route dans les pays industrialisés sont attribuables à des endormissements au volant: par privation de sommeil, par somnolence diurne excessive ou par médicaments.
Il est important que nous ayons une vision biblique du sommeil. Le Seigneur nous dit dans Lévitique 26:6: «Je mettrai la paix dans le pays, et personne ne troublera votre sommeil.» Proverbes 3:24 ajoute: «Si tu te couches, tu seras sans crainte; et quand tu seras couché, ton sommeil sera doux.» Jésus était même capable de dormir au milieu de la tempête. Le sommeil est un don de Dieu, et c’est quand nous commençons à avoir de la difficulté à dormir que nous nous en rendons compte. Le Psaume 102:7 nous dit: «Je n’ai plus de sommeil, et je suis comme l’oiseau solitaire sur un toit.»
Comment est votre sommeil? Expérimentez-vous la paix promise par Dieu? Vos nuits constituent-elles les temps de ressourcements qu’il a prévu pour vous? Si ce n’est pas le cas, il est important de prendre cela au sérieux et d’en chercher la cause.

L’art du détachement
Une autre vertu du sabbat consiste à apprendre l’art du détachement. Que veux-je dire par là? Je ne parle pas d’une attitude distante et froide où on ne se laisse pas toucher par les situations et les personnes, où l’on est inaccessible. Le détachement, c’est l’art de rester au-dessus des circonstances et des problèmes, de voir les choses en perspectives. Nous sommes parfois tellement enfoncés dans nos situations que nous n’avons plus de recul et nous laissons voler notre confiance, notre paix et notre joie.
Pour vivre cela, nous sommes appelés à garder continuellement les yeux fixés sur Jésus. Cela s’apprend, comme Pierre lorsqu’il est sorti de la barque pour marcher sur l’eau à la rencontre de son maître. Tant qu’il gardait les yeux fixés sur Jésus, il avançait. Lorsqu’il a commencé à regarder davantage les vagues, il s’est enfoncé.
Le célèbre missionnaire Hudson Taylor a vécu un temps de révolution dans son ministère un jour où il étudiait le verset: «Ayez foi en Dieu» (Marc 11:22). Cette traduction met l’accent sur l’effort que l’homme doit fournir. Etudiant le passage dans le grec original, Hudson Taylor a réalisé qu’on pouvait le traduire par: «Reposez-vous sur la fidélité de Dieu.» Cette fois, tout l’accent est mis sur Dieu, et la conséquence pour l’homme est le repos. Le repos se reçoit donc aussi par la foi, comme le salut et tout don de Dieu. Lorsque nos yeux sont fixés sur sa fidélité, son amour et ses promesses, nous pouvons vivre chaque situation dans le repos.
N’est-ce pas ce que l’auteur de l’épître aux Hébreux évoque: «Pour nous qui avons cru, nous entrons dans le repos» (Hébreux 4:3), liant le fait que les Israélites de l’époque de Josué ne sont pas entrés dans le repos à cause de leur incrédulité? Ce repos vient pour plusieurs raisons: nous gardons les yeux fixés sur Jésus et ses promesses et cela met tout le reste en perspective, mais aussi «nous nous reposons de nos œuvres» (Hébreux 4:10). La Nouvelle Alliance, c’est l’Esprit en nous qui agit, ce n’est pas une religion accomplie à force de volonté et d’autodiscipline. Ainsi, en dehors des temps de repos essentiels à notre récupération et à notre prise de distance, il y a un style de vie de repos, de sabbat, lorsque nous gardons les yeux fixés sur le Seigneur dans tout ce que nous faisons.
03 Juillet 2008

Incarnation: Chapitre 8 - Être l'Eglise dans ses loisirs (2ème partie)

Le sabbat a été fait pour l’homme…
Ce temps de repos était si important pour Dieu qu’il l’a même inscrit dans les dix commandements. Exode 20:8-11 nous le rappelle: «Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l’Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour: c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié». C’est le commandement qui est le plus détaillé. Peut-être parce que c’est celui que l’homme a le plus de peine à comprendre et à mettre en pratique…
Dieu a inscrit un rythme saint dans sa création. Non seulement un jour par semaine était-il mis à part, mais on avait aussi des sabbats d’années, amenant l’année du jubilé, pendant laquelle même la terre était appelée à se reposer. C’est d’ailleurs en partie pour ne pas avoir respecté ces années sabbatiques qu’Israël a été emmené en déportation (Lévitique 26:34-35). Soixante-dix années du Jubilé non respectées ont entraîné soixante-dix années de captivité.
Cela constitue un enseignement pour nous. Pour ma part, pendant des années, j’ai servi Dieu jour après jour, et mes week-ends comme mes vacances passaient en grande partie dans le ministère. Pendant des années, tout s’est bien passé. Mais vers trente-cinq ans, je me suis retrouvé en burn-out, au bout de mes ressources, complètement épuisé… Autre type de captivité du monde d’aujourd’hui, bien loin du pays de la promesse... J’ai du redécouvrir le sens du sabbat et combien j’en avais désespérément besoin. Jésus lui-même devait encourager ses disciples: «Venez à l’écart dans un lieu désert, et reposez-vous un peu. Car il y avait beaucoup d’allants et de venants, et ils n’avaient même pas le temps de manger» (Marc 6:31).
J’ai donc du apprendre à rythmer mon année de temps de sabbats, et ceci à différents niveaux. Comme je me ressource quand je suis seul, j’ai besoin de temps où je pars trois ou quatre fois pendant l’année pendant deux jours pour prier, méditer, me promener, écrire, lire. Le mot hébreu shabbath vient d’un mot qui veut dire «cesser». Il s’agit réellement d’une coupure, d’un arrêt. Dans l’Ancienne Alliance, il s’agissait d’un jour mis à part, le samedi en l’occurrence. Dans la Nouvelle Alliance, nous touchons davantage au style de vie, et savoir faire sabbat consiste plus à prévoir des temps où nous nous retirons du rythme effréné de nos vies pour nous centrer sur Dieu. On peut même apprendre à vivre de mini-temps de sabbats pendant nos journées. C’est une question de discipline et de savoir s’arrêter.

Adrénaline et stress
Dans notre société occidentale, nous avons tendance à vivre dans un état de stress constant. Quand ce n’est pas la pression du travail, c’est celle de la famille, de l’administration, des finances… Physiologiquement, notre corps sécrète de l’adrénaline afin de nous maintenir dans un état alerte et concentré. Le problème, c’est que fonctionner sous adrénaline est épuisant, et que notre corps a besoin de temps d’arrêts pour se recharger. Les lui accordons-nous?
Il y a quelques années, lors d’une retraite du personnel de Jeunesse en Mission Suisse romande, notre orateur était un psychologue qui nous a enseigné sur le fonctionnement de l’adrénaline. Il nous encourageait à prendre chaque année un bloc de trois semaines de vacances. La première semaine, nous disait-il, vous êtes encore sous adrénaline et courez à gauche et à droite faire plein d’activités. La deuxième semaine, l’adrénaline redescend et vous être complètement apathiques. Vous n’arrivez pas à vous bouger. La troisième semaine, vous recommencez à rêver, à faire des projets. Vous êtes ressourcés. Nous avons essayé de mettre cela en pratique et avons pu en vérifier le bien fondé à plusieurs reprises.
Nous avons aujourd’hui une catégorie de gens qui sont accros à l’adrénaline et qui fuient tout temps de calme, de silence et de solitude. L’adrénaline a quelque chose de grisant. On sécrète de l’adrénaline lorsqu’on a peur, lorsqu’on est anxieux, pressé, stressé, accablé. Cette hormone agit un peu comme le café et le sucre; elle nous procure un boost artificiel qui nous permet de continuer nos activités même lorsque notre taux d’énergie est faible. Telle une bouée de sauvetage, elle nous aide à «survivre», à rester à la surface. Mais bien qu’elle soit indispensable dans des situations d’urgence, elle devient tout à fait nocive lorsqu’on en fait notre source d’énergie première.
Faire en sorte d’être constamment débordé et vivre «sous adrénaline» constitue souvent un moyen de fuir. C’est l’excuse parfaite pour nier certains changements qu’il est temps de faire dans notre vie, pour remettre les grandes décisions à plus tard, pour survoler les aspects de notre quotidien qui nous déplaisent ou qui nous inspirent de la crainte. C’est un excellent moyen, aussi, de se fuir soi-même. Vous reconnaissez-vous en ceci? Si c’est le cas, le moment est peut-être venu pour vous de poser pied et de faire face aux raisons pour lesquelles vous vous êtes créé une vie aussi chargée.
23 Juin 2008

Incarnation: Chapitre 8 - Être l'Eglise dans ses loisirs (1ère partie)

Quelqu’un a dit un jour: «Ne vous reposez pas de Dieu, reposez-vous en Dieu!» Le repos a lui aussi été créé par Dieu, et il n’a pas prévu que ce soit un temps où il est laissé à la porte.
Après les six premiers jours de la création, le Seigneur a lui-même pris un jour de repos. Dieu était-il fatigué? Certainement pas. Si Elie pouvait se moquer des prophètes de Baal sur le mont Carmel, disant: «Criez à haute voix, puisqu’il est dieu; il pense à quelque chose, ou il est occupé, ou il est en voyage; peut-être qu’il dort, et il se réveillera» (1 Rois 18:27), notre Dieu est celui qui «ne sommeille ni ne dort» (Psaume 121:4).
Si ce n’était pas pour se reposer, pourquoi alors le Seigneur a-t-il instauré ce jour de repos? C’est totalement inattendu. Personne ne l’aurait inventé. Que Dieu prenne un jour de congé, qu’il cesse le travail! Quelle idée incroyable! Nous sommes tellement habitués à cela que nous ne sommes pas surpris, mais c’est étonnant! Il passe un jour entier à ne rien faire! Pourquoi?
·  C’était un jour de satisfaction. La création était achevée, Dieu pouvait comme s’asseoir et la contempler. Il avait achevé son œuvre, Il était satisfait. Il n’y avait pas d’erreur, pas de catastrophe, tout ce que Dieu avait planifié s’était passé. Ce qui était un chaos est devenu un cosmos. Ce n’était plus informe, mais ça avait une forme. Ce n’était plus vide, mais rempli de vie.
·    Il s’est reposé. Ça ne veut pas dire qu’il était fatigué, mais ça veut dire que Dieu ne trouve pas sa seule raison d’être dans son travail. C’est très important pour nous, parce que si nous sommes faits à son image, alors nous ne devons pas trouver notre seul raison de vivre dans notre travail. Il y a des gens qui n’arrivent pas s’arrêter de travailler. Ils ne reflètent pas pleinement l’image de Dieu, qui dit: «Je peux très bien être heureux sans travailler, je n’ai pas besoin de travailler constamment.»
·     C’est le rythme de la semaine. Les plantes et les animaux n’en ont pas besoin, mais le chiffre sept a été comme imprimé en l’homme. Le chiffre parfait de Dieu est inscrit dans la nature humaine. Notre corps se renouvelle tous les sept ans. Notre pouls, le battement de notre cœur bat en rythme en proportion du chiffre sept. Nous vivons le mieux quand nous respectons les semaines. Et nous recevons ce rythme directement du Créateur. La révolution française, comme révolution athée, a aboli la semaine de sept jours. Ils ont décidé d’avoir une semaine de dix jours. Mais ils sont vite revenus en arrière, car ils ont découvert que la nature humaine ne colle pas avec un rythme de dix jours, mais marche le mieux avec un rythme de sept jours. Pendant la seconde guerre mondiale, les usines ont commencé à travailler sept jours sur sept, et la production était inférieure que lorsqu’on ne travaillait que six jours.
16 Juin 2008

Incarnation: Chapitre 7 - Être l'Eglise dans son travail (6ème partie)

Quatre types de chrétiens
Ed Silvoso, dans son livre «Oint pour agir dans la société»[1] (Anointed for business), recense quatre types de chrétiens sur leur lieu de travail:
1.      Le chrétien qui tente simplement de survivre: cette personne n’a pas d’objectifs ni de zèle pour son travail. Elle n’y expérimente pas la présence ou la puissance de Dieu. Elle est décrite par Salomon dans Ecclésiaste 2:20-23: «Et j’en suis venu à livrer mon cœur au désespoir, à cause de tout le travail que j’ai fait sous le soleil. Car tel homme a travaillé avec sagesse et science et avec succès, et il laisse le produit de son travail à un homme qui ne s’en est point occupé. C’est encore là une vanité et un grand mal. Que revient-il, en effet, à l’homme de tout son travail et de la préoccupation de son cœur, objet de ses fatigues sous le soleil? Tous ses jours ne sont que douleur, et son partage n’est que chagrin; même la nuit son cœur ne repose pas. C’est encore là une vanité.» Ce chrétien a probablement une vie segmentée. La foi est dans un compartiment différent du travail. Il manque de sens de destinée. Il se rend au travail pour obtenir son salaire à la fin du mois. Dans un sondage effectué par l’organisation Gallup en 1983 aux Etats-Unis, les habitudes de travail des personnes se rendant régulièrement dans une église ont été comparées avec celles de ceux qui ne se rendent jamais ou rarement à l’église. Ils ont découvert qu’il n’y a pas de différence majeure entre ces deux catégories de personnes, les chrétiens étant tout aussi prompts à se servir dans le matériel de la compagnie, à tricher dans leur déclaration d’impôt et à se déclarer malades pour obtenir un congé que les non-chrétiens. La catégorie 1 représente un large segment de la population chrétienne.
2.      Le chrétien vivant selon des principes chrétiens: Ces personnes tendent à avoir une certaine éthique. L’éthique est importante pour poser des fondements, mais elle ne conduit pas à expérimenter la puissance de Dieu. Cependant, si nous ne passons pas le test de l’éthique, nous serons disqualifiés pour expérimenter la puissance de Dieu et être un témoin sur notre place de travail. Les chrétiens de niveau 2 sont souvent les meilleurs membres de nos églises car ils aiment effectuer des tâches clairement définies. Cependant, ils doivent aller au-delà du «petit lait» du christianisme programmé pour entrer dans une relation intime avec Jésus. C’est alors qu’ils pourront expérimenter la puissance de Dieu.
3.      Le chrétien vivant dans la puissance du Saint-Esprit: La caractéristique d’un chrétien de niveau 3 est qu’il a un cœur tourné vers le Seigneur et qu’il entend sa voix dans tous les aspects de sa vie. Il a dépassé le système grec segmenté pour agir dans un modèle hébraïque holistique. Il a compris l’importance de nourrir sa foi par la prière, l’étude de la Parole et l’obéissance, réalisant que ces trois ingrédients sont cruciaux pour expérimenter la puissance de Dieu dans sa vie. Silvoso partage l’histoire d’un de ses amis du nom d’Emeka, habitant à l’époque au Nigéria. Avocat, il défendait un client devant la Cour Suprême. Son cas comportait cinq points sur lesquels argumenter. Le jour de la plaidoirie, il s’est réuni avec son équipe et son épouse. Emeka prie toujours avant d’entrer dans la salle du tribunal et, ce jour-là, le Seigneur lui a parlé: «Ne défend pas les points un à quatre, mais uniquement le point cinq!» Vous pouvez imaginer l’impact potentiel d’une telle stratégie si vous n’avez pas reçu cela du Seigneur. Emeka a obéi aux instructions qu’il pensait avoir reçu de Dieu. Commençant à plaider, il s’est avancé vers le juge pour lui dire: «Votre Honneur, je souhaite changer ma plaidoirie aujourd’hui et ne défendre que le point numéro cinq.» «Êtes-vous certain de vouloir faire cela, Maître?» «Oui, votre Honneur, c’est ce que je veux faire.» Emeka a donc défendu le point cinq puis est retourné s’asseoir. L’avocat de l’autre partie se leva devant la cour et, pendant plus de dix minutes, fut incapable d’exprimer un mot. Il essaya de commencer dans une direction, puis dans une autre. Finalement, il s’est approché du juge pour lui dire: «Votre Honneur, il est regrettable que Maître Emeka n’ait pas choisi de défendre les points un à quatre. Je me déclare battu.» Voyez-vous, l’autre avocat s’était préparé pour les points un à quatre, mais pas pour le point cinq. Emeka a gagné son procès. Il a eu du succès dans son métier parce qu’il s’est non seulement préparé professionnellement, mais dans la prière
4.      Le chrétien qui transforme sa place de travail pour Christ: Ce chrétien est un aboutissement du chrétien de niveau 3. Il n’est pas possible de transformer sa place de travail pour Christ si on ne vit pas dans la puissance du Saint-Esprit. Jésus a parlé d’amener le royaume de Dieu sur terre. Quand nous parlons de transformation, nous parlons d’établissement du Royaume.  

Ne pas faire du travail une idole
Comment réparer le désastre de la distorsion matérialiste? Au moins deux choses sont requises: le déboulonnement de la notion d’appel sans un Appeleur et la restauration de la primauté de l’appel premier.
Dans ce sens, Oswald Chambers a écrit: «Gardons-nous de tout ce qui entre en compétition avec notre loyauté envers Jésus-Christ. Le plus grand rival de notre dévotion envers Jésus est notre service pour Lui… L’objectif premier de l’appel de Dieu est le plaisir de Dieu, pas un appel à faire quelque chose pour Lui.»
Jouissons-nous de notre travail, aimons-nous notre travail, adorons-nous virtuellement notre travail à un point que notre dévotion à Jésus devient périphérique? Mettons-nous notre accent sur le service, ou l’utilité, ou le fait d’être productif en travaillant pour Dieu – à ses dépens? Nous efforçons-nous de prouver notre propre importance? De faire une différence dans ce monde? De graver nos noms dans le marbre du monument du temps?[1]

[1] Ed Silvoso, Oint pour agir dans la société, Editions Lumière de la Vie,

[1] Os Guinness, The call, 1998, Word Publishing, pp. 37-43
10 Juin 2008

Incarnation: Chapitre 7 - Être l'Eglise dans son travail (5ème partie)

L’appel du chrétien dans son travail
Il y a plus dans notre travail que ce qui frappe les yeux. Voyons ensemble quelques aspects de l’appel du chrétien dans son travail.
1.    Notre place de travail est un outil pour grandir dans notre caractère. Comme Paul l’a souligné dans Ephésiens 2:10, «car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus Christ pour de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions.» Si nous avons demandé à Dieu de faire de nous l’homme ou la femme qu’il désire que nous soyons, les situations au travail et dans la famille constituent la principale «salle de classe» du Seigneur pour nous. Si nous désirons voir le fruit de l’Esprit croître dans notre vie, notre place de travail est un des moyens les plus efficaces pour stimuler la croissance dans notre caractère.
2.   Notre place de travail est appelée à devenir un lieu d’adoration. Le mot hébreu avodah signifie autant travail qu’adoration. Nous pouvons faire notre travail pour Dieu, pour sa gloire, pour son plaisir. Qui aurait imaginé se rendre au travail pour adorer? Ou dans la même ligne, adorer Dieu par ce que nous faisons à la maison? Une femme de ma connaissance a bien compris ce principe. Elle a scotché un panneau au-dessus de sa cuisinière sur lequel il est écrit: «Ici, le service divin est conduit trois fois par jour.» Lorsque notre adoration est notre style de vie du lundi au vendredi, et pas uniquement quelque chose que nous faisons le dimanche, la réunion du dimanche matin devient elle aussi différente!
3.      Notre place de travail est un moyen important pour faire la volonté de Dieu. Il y a de grands débats autour du thème de la volonté de Dieu. Certains disent: «Si je connaissais la volonté de Dieu, je la ferais!», attendant de recevoir une révélation du Ciel ou un message en lettres de feu sur le mur. Mais nous connaissons déjà la volonté de Dieu. Le Nouveau Testament est rempli d’instructions spécifiques et détaillées qui nous indiquent la volonté de Dieu pour chacun de nous. Marc Twain a dit: «Ce ne sont pas les parties de la Bible que je ne comprends pas qui me troublent, mais ce sont celles que je comprends!» la volonté de Dieu n’est pas d’abord un changement de métier ou de lieu dans l’avenir, c’est un changement d’état d’esprit dans le présent. Le dualisme nous pousse, en tant que chrétiens à imaginer que faire la volonté de Dieu, c’est rejoindre les rangs de ceux qui sont payés par l’église. Mais notre place de travail est le meilleur endroit pour faire la volonté de Dieu.
4.      Notre place de travail est un lieu où nous pouvons chercher la justice. «Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice» (Matthieu 6:33). Les évangéliques des dix-huitièmes et dix-neuvièmes siècles étaient réputés pour leur implication constante et coûteuse dans la lutte pour la justice et la réforme, en particulier dans le monde du travail. Wilberforce, Shaftesbury et de nombreux autres ont combattu pour l’abolition de l’esclavage, l’amélioration des conditions de travail dans les mines et dans les usines, la réduction des heures de travail pour les ouvriers surexploités, la création de syndicats et de représentants réels des ouvriers. Le socialisme, dans de nombreux pays, a commencé dans les églises.
Bien que les conditions de travail modernes ne soient plus infestées par les nombreux problèmes du passé, les chrétiens actuels ont encore à être attentifs à la situation de leurs collègues. Des formes de harcèlement et de discrimination, des employés pressés à agir contrairement à leurs convictions, des compagnies exigeant de leurs ouvriers de travailler de nombreuses heures supplémentaires aux dépens de leurs couples et de leurs familles… La justice doit encore être recherchée, et des encouragements prodigués à ceux qui sont trop craintifs, intimidés, mal informés pour la chercher eux-mêmes.
5.      Notre place de travail est un lieu de témoignage. Vous y témoignez premièrement par la façon dont vous travaillez, puis par ce que vous dites. Les chrétiens ont un sens à leur travail que les autres n’ont pas. Une femme convertie pendant une semaine d’évangélisation s’est levée dans la réunion le dimanche suivant en disant: «Mercredi dernier, je suis devenue chrétienne. Jeudi matin, j’avais une toute nouvelle raison de sortir mon aspirateur!» Ainsi, les chrétiens ont une motivation pour bien travailler. Pas parce que le patron les observe, mais parce que Dieu les observe.
Sont également importantes dans notre témoignage non verbal: nos compétences, notre caractère et notre préoccupation du bien-être de nos collègues ou employés. Un électricien témoigne: «Le fait que j’aiguise mes compétences, que je continue de me former, fait partie de mon témoignage sur ma place de travail. Je suis ici pour accomplir un travail. Mon employeur et mon client désirent un travail bien fait. Si c’est le cas, ils me redemanderont et j’aurais des clients fidèles. Et ce faisant, j’en viens à bien les connaître. C’est très important, parce que cela accroît grandement mes occasions de partager ma foi avec eux.» Le caractère – honnêteté, constance, valeurs, attitudes, priorités, relations, état d’esprit positif, contentement – tous ces aspects parlent énormément à nos employeurs, nos employés, nos clients et nos collègues. Permettons à nos vies d’être une bonne nouvelle autant qu’à nos paroles! Des choses que nous pouvons considérer comme normales peuvent interpeller les gens. Par exemple, si vous êtes mariés depuis vingt-et-un an, c’est trois fois plus que la moyenne nationale! C’est un réel message d’encouragement envoyé à vos collègues concernant leur propre mariage. La préoccupation pour le bien-être de vos collègues et vos clients est aussi un aspect important de votre témoignage au travail. Soyez intéressés à eux, à leur famille, à leurs espoirs, à leurs luttes et à leurs besoins. Cherchez à les aider pratiquement là où c’est possible, proposez-leur de prier pour leurs besoins. Très peu de gens refuseront la proposition d’un chrétien de prier pour eux. En fait, beaucoup de non-chrétiens prient! Pas publiquement. Pas devant leur famille. Mais de nombreux hommes et femmes prient avec ferveur derrière le volant de leur voiture, derrière la porte fermée de leur bureau, sur leur tracteur alors qu’ils labourent, dans leur cuisine en préparant le repas, en faisant la lessive, le repassage, pendant leur veille à l’hôpital et lorsqu’ils abordent leur pile de factures. De nombreux non-chrétiens ont de bonnes raisons de prier vu les difficultés et les défis, le stress et l’insécurité de leurs vies quotidiennes!
Lorsque notre compétence, notre caractère et notre intérêt pour les gens sont manifestés, cela soulève des questions et un intérêt dans la vie des gens. Nous lisons dans 1 Pierre 3:15: «Mais sanctifiez dans vos cœurs Christ le Seigneur (mettez-le en premier), étant toujours prêts à vous défendre, avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous.» Même lorsque certains vous critiquent, vous agressent, vous confrontent et vous mènent la vie dure à cause de votre foi, c’est leur façon de vous évaluer, de vérifier la validité de ce que vous croyez. Comme l’a dit D.L. Moody, «nous devons gagner les gens à nous-mêmes avant de les gagner à Christ.» Dans notre témoignage sur notre lieu de travail, nous sommes des collaborateurs du Seigneur. Dieu lui-même est le grand évangéliste par excellence. Quand nous partageons notre foi avec une autre personne, Dieu a déjà commencé à lui parler depuis longtemps. Il était là avant nous! Dieu a une multitude d’idées pour atteindre les gens. Des chrétiens se sont convertis en écoutant le «Top 50», en consultant une voyante et même en écoutant l’Ayatollah Khomeini! Ne forcez pas, Dieu est à l’œuvre. Priez, aimez, servez.
L’évangélisation sur la place de travail a traditionnellement été comprise comme le fait de gagner des convertis à Christ sur notre lieu de travail. Le travail en lui-même est perçu comme moins important que le travail de proclamation de l’Evangile. Mais le fait de diviser le travail entre ce qui est important (la proclamation de l’Evangile) et ce qui est moins important (le travail lui-même) vient saborder notre témoignage, parce qu’il démontre un manque d’intégrité et rabaisse le mandat créationnel. Au lieu de cela, adoptons une approche trinitaire de notre témoignage sur notre lieu de travail: Soyons pleinement présents pour notre travail, proclamons pleinement l’Evangile en actes et en paroles, et pleinement cohérents dans la pratique de notre foi au travail. En étant présents pour notre travail, nous accomplissons le mandat créationnel donné à Adam, reflétant la gloire de Dieu en administrant avec sagesse sa création (Genèse 1:26, Esaïe 43:7). En proclamant l’Evangile en actes et en paroles dans notre travail (1 Pierre 3:15, Colossiens 4:6), nous donnons gloire à Jésus-Christ, le Fils de Dieu, qui est mort et ressuscité afin de nous donner la possibilité de vivre l’humanité d’une nouvelle manière, libres du pouvoir du péché et de la mort (Matthieu 5:13a, 2 Corinthiens 2:15-16, Romains 12:1-2). Par la pratique cohérente et honnête de notre foi au travail, nous rendons gloire à l’Esprit de Dieu (Actes 1:8) qui nous donne vie (Romains 8:11) à notre effort pour travailler différemment (Tite 2:9-10 et vivre une vie digne de l’appel de Dieu (Ephésiens 4:1). La présence, la proclamation et la pratique sont les moyens de faire face aux défis du pluralisme et de la persécution sur la place de travail. Dans un monde pluraliste, nous devons gagner le droit d’être entendu par la manière dont nous travaillons (1 Pierre 2:11-12, 1 Corinthiens 9:19-22, Jean 17:14-15). Pendant des temps de persécution, notre fidélité à Jésus sera testée (Jean 15:18-20, 2 Timothée 3:12). La foi qui résiste à l’opposition et aux épreuves peut être un témoignage puissant pour ceux qui peuvent avoir entendu l’Evangile mais ne l’ont jamais vu démontré pratiquement (1 Pierre 1:6-7).
04 Juin 2008

Incarnation: Chapitre 7 - Être l'Eglise dans son travail (4ème partie)

Un mouvement actuel
De nombreux chrétiens tentent aujourd’hui de redonner du sens au monde du travail, et ce dans une perspective missionnaire et une vision du royaume de Dieu. Voici quelques-uns des mouvements qui se répandent cette dernière décennie dans le monde:
·         Le mouvement pour une mission holistique s’adresse à toute la personne dans tout le monde créé.
·     Le mouvement pour un ministère sur la place de travail (marketplace ministry) tente de poser certains fondements théologiques pour que les gens puissent vivre leur travail pour et avec Dieu et que celui-ci contribue à faire grandir son Royaume.
·      Le mouvement des faiseurs de tentes reprend le modèle de Paul et des missionnaires classiques (Carey, les Moraves…) consistant à utiliser ses aptitudes professionnelles pour accéder à des pays fermés.
·        Le mouvement des entreprises en tant que mission (business as mission) voit les entreprises comme une forme de mission, et pas simplement comme un moyen pour la mission.
Je pourrais en citer d’autres, et dans chaque mouvement existent de multiples variétés, expériences et conviction. Mais le consensus est là. Nous sommes dans un temps où travail et vie de foi sont appelés à se rapprocher, ce qui représente un réel défi dans notre société européenne largement sécularisée, humaniste et laïque… George Barna a cité ce mouvement comme le prochain accent de l’église locale: «Le ministère sur la place de travail constituera l’une des innovations futures principales dans le ministère de l’église.»
Billy Graham lui-même a dit: «Je crois qu’un des prochains grands mouvements de Dieu se produira au travers des chrétiens sur leur place de travail.» La place de travail est l’endroit où la plupart des chrétiens passent la moitié de leur journée, et le travail est un appel divin. Les chrétiens peuvent rendre gloire à Dieu par leurs paroles, par leur honnêteté, leur diligence, leur réflexion et par leur préoccupation pour la justice sur la place de travail.
Voyons quelques chiffres pour réaliser l’ampleur et la croissance de ce mouvement:
·       «Il y a cinq ans – une seule conférence sur la spiritualité et la place de travail; maintenant, il y en a des centaines.» - Magazine Business Week, 1999.
·         «Il existe dix mille groupes de prière et d’étude biblique qui se réunissent régulièrement dans leur place de travail. » - magazine Business Week, 1999.
·       «En 2000, il y a eu soixante-dix-neuf ouvrages publiés sur la foi et le travail. Douze mois plus tard, on en était à douze par mois.» - Pete Hammond, InterVarsity Press
·    «…Une masse de croyants plutôt diverse – une contre-culture bourgeonnant dans toutes les entreprises américaines – désirant bâtir des ponts entre la spiritualité et le travail. Historiquement, de telles personnes agissaient de façon discrète, seules ou dans de petits groupes où ils priaient et étudient la Bible. Mais maintenant, ils s’organisent et militent publiquement pour des changements.» - Fortune Magazine, 16 juillet 2001.
·    «Il y a dix ans, nous ne pouvions identifier que vingt-cinq ministère liés au monde du travail nationaux ou internationaux. Aujourd’hui, nous en identifions plus de neuf cent.» - Mike McLoughlin, Marketplace Ministries, JEM.
26 Mai 2008

Incarnation: Chapitre 7 - Être l'Eglise dans son travail (3ème partie)

Appel et vocation
Le terme vocation vient du mot latin pour «appel»… Dans l’église du Moyen-Âge, avoir une vocation ou avoir «un appel» faisait uniquement référence à un emploi à plein temps dans l’église. Si une personne se sentait appelée, c’était un signe qu’il ou elle avait «une vocation», pouvant l’amener à devenir prêtre, moine ou nonne. Les occupations ordinaires de la vie – comme être paysan, servante dans une cuisine, forgeron, couturière, soldat ou même roi – étaient reconnues comme nécessaires, mais mondaines. De telles personnes pouvaient être sauvées, mais elles étaient embourbées dans le monde. Pour pouvoir pleinement servir Dieu, vivre une vie réellement spirituelle, il fallait s’engager à plein temps.[1]
La Réforme amena la notion de «sacerdoce universel des croyants», nullement pour dénigrer la fonction pastorale, comme on pourrait faussement le croire, ni pour enseigner que les pasteurs ou les ecclésiastiques professionnels n’étaient pas nécessaires, ni que  n’importe qui peut se fabriquer sa propre théologie maison. Cette doctrine enseignait plutôt que la fonction pastorale est une vocation, un appel de Dieu avec ses propres responsabilités, autorité et bénédictions. Mais elle enseignait également que les laïcs avaient également des vocations, des appels propres impliquant de saintes responsabilités, autorité et bénédictions. Tous les croyants n’étaient pas pasteurs ou employés à plein temps par l’église. Ils n’ont pas besoin de l’être pour être parfaits devant Dieu, statut offert par le seul sang de Jésus; mais tous les croyants sont prêtres. Tous les croyants, comme les prêtres de l’Ancien Testament, peuvent se présenter dans la présence de Dieu par le sang de l’Agneau. Tous les croyants peuvent gérer des choses saintes (telles que la Bible, auparavant interdite aux laïcs). Tous peuvent proclamer l’Evangile à ceux qui ont besoin de son message salvateur. «Le sacerdoce universel des croyants» signifie que chaque croyant jouit du même accès à Christ et est spirituellement égal devant lui. «Le sacerdoce universel des croyants» n’a pas transformé chacun en membre du clergé; il a plutôt transformé tous les genres de travail en appel sacré… Tout genre de travail, y compris ceux qu’on avait tendance à mépriser – comme celui de paysan ou d’artisan – est une occasion d’exercer la prêtrise, d’exercer un service saint envers Dieu et envers son prochain.[1]
D’après les réformateurs, chaque chrétien a plusieurs vocations. Nous avons un appel dans notre travail. Nous avons un appel dans notre famille. Nous avons un appel en tant que citoyen dans la société plus large. Et nous avons un appel dans l’église.[2] Certains décrivent la notion d’appel comme un gâteau de mariage à trois couches: La couche de fond est constituée du mandat créationnel donné à tous les humains (un appel à la communion, au développement de la communauté et à la co-créativité – Genèse 1:26-28, Psaume 8). La seconde couche est le grand commandement missionnaire – pour tous les chrétiens (un appel à la conversion, à la communauté chrétienne, au témoignage verbal et au caractère semblable à Christ – Ephésiens 4:1). La troisième couche est l’appel personnel, ou particulier, l’appel de l’Esprit sur les individus (dans la famille, le monde du travail et de la politique – 1 Corinthiens 7:17, 20, Romains 13).
Notre appel, ou vocation, est donc un tissage complexe. Nous devons nous souvenir de la distinction entre quelque chose de central pour notre appel et quelque chose de périphérique. L’égoïsme préfère le premier, mais la bonne gestion considère les deux. De nombreuses personnes n’utilisent le mot appel que pour le cœur de leurs dons et de leurs aptitudes. Elles parlent comme si nous devions tous être capables de spécifier nos appels comme une tâche unique exprimée dans une phrase unique. Mais tant les gens que la vie sont plus riches et complexes que cela, et l’appel est global, pas partiel. Nous devons nous souvenir que l’appel a de multiples dimensions et inclut nos relations. Martin Luther, par exemple, était entre autres un mari pour sa femme, un père pour sa fille, un pasteur pour son église, un professeur pour ses étudiants et un sujet pour son prince.
Cette distinction est importante, car il est facile de tomber dans l’égocentrisme si nous ne nous concentrons que sur le cœur de notre appel – comme si l’univers n’existait que pour que nous puissions exprimer pleinement nos talents. Nous vivons dans un monde déchu, et le cœur de nos dons peut ne pas forcément être accompli dans notre vie sur cette terre. S’il n’y avait pas eu de chute, tout notre travail aurait naturellement et pleinement exprimé qui nous sommes et exercé les dons que nous avons reçu. Mais après la chute, ce n’est pas le cas. Le travail est maintenant partiellement créatif et partiellement maudit.
Ainsi, le fait de trouver un travail qui corresponde parfaitement à notre appel n’est pas un droit, mais une bénédiction. Ceux qui, dans nos sociétés occidentales, font partie de la classe moyenne ou plus peuvent probablement trouver une telle correspondance satisfaisante entre appel et travail. Mais pour beaucoup d’autres aujourd’hui, et probablement pour la plupart des gens dans la plupart des sociétés, il n’y a pas de correspondance parfaite entre travail et appel. Le travail est une nécessité pour la survie.[3]
Luther ira jusqu’à dire que la vocation est un masque de Dieu. C’est-à-dire que Dieu se cache lui-même dans la place de travail, dans la famille, dans l’église et dans la société apparemment séculière. Parler de Dieu comme étant caché est une façon de décrire sa présence, comme lorsqu’un enfant caché dans une chambre est là, même si on ne le voit pas. Le fait de réaliser que les activités mondaines qui remplissent la plus grande partie de notre vie – aller au travail, emmener les garçons à leur entraînement de football, faire quelques courses à l’épicerie du coin, aller à l’église – sont des cachettes pour Dieu peut constituer une révélation. La plupart des gens cherchent Dieu dans des expériences mystiques, des miracles spectaculaires et des actes extraordinaires. Le fait de le trouver dans sa vocation le ramène, littéralement, terre-à-terre, nous aide à voir combien il est proche et transfigure notre vie quotidienne.[4]


[1] Gene Edward Veith, Jr., God at work, 2002, Crossway Books, p.18

[1] Gene Edward Veith, Jr., God at work, 2002, Crossway Books, pp.18-19
[2] Gene Edward Veith, Jr., God at work, 2002, Crossway Books, p.22
[3] Os Guinness, The call, 1998, Word Publishing, p. 51
[4] Gene Edward Veith, Jr., God at work, 2002, Crossway Books, p.24
18 Mai 2008