Le but des loisirs
Les loisirs ont de nombreuses fonctions personnelles (rafraichissement, réflexion, évasion, divertissement…) et sociales (développement du couple et de la famille, des amitiés, éducation, pratique de l’hospitalité, entretien de sa santé et de son corps…).
Sur le plan spirituel, le sabbat est un commandement pour un type de loisir spécifique, principalement orienté vers l’adoration. En fait, toutes nos activités de loisirs devraient être dans une certaine mesure orientées vers l’adoration. Ce faisant, nous ne devrions pas uniquement chercher à glorifier Dieu au travers d’elles, mais aussi à être rafraichis par lui. Même les activités de loisir les plus «séculières» peuvent devenir des expériences spirituelles si nous prenons conscience de la façon dont Dieu est connecté à ce que nous faisons.
J’ai été profondément marqué par l’histoire d’Eric Liddle telle qu’elle est racontée dans le film «Les chariots de feu». Eric a réellement reçu un don pour la course à pied, mais sa sœur trouve qu’il y consacre trop de temps, au détriment de la mission et du travail de leur église. Eric, consacré à donner sa vie pour la mission en Chine par la suite, serre alors les épaules de sa sœur et lui dit: «Tu sais, quand je cours, je sens le plaisir de Dieu.» Pour Eric, la course à pieds est devenue un acte d’adoration. Et il a été créé autant pour courir que pour travailler ou exercer un ministère.
En fait, dans les loisirs nous apprenons à gérer des dons de Dieu: notre temps, notre corps, la création, la beauté, nos émotions, notre imagination…
Comment déterminer ce que nous faisons dans nos temps de loisir? Les Puritains nous aident à définir quelques lignes directrices très utiles:
· L’activité de loisir doit être de bonne réputation.
· Elle doit être profitable pour nous-mêmes et pour les autres.
· Elle doit tendre à la gloire de Dieu.
· Elle doit nous rafraîchir dans notre âme et dans notre corps.
· Ils doivent être pratiqués avec modération et sans excès.
L’objectif des loisirs n’est pas de jouir des plaisirs du monde. C’est de jouir de Dieu au travers de sa création et des dons qu’il nous a donnés. Les loisirs doivent être orientés vers Dieu en tant que chrétien. Ils consistent à se détendre en Dieu, à chercher notre joie en lui au-delà de ce qui est strictement nécessaire pour notre bien-être spirituel ou pour la promotion de son règne.
Dangers des loisirs
Dans notre société actuelle, les loisirs sont devenus une véritable industrie. On cherche à travailler de moins en moins afin de pouvoir vivre davantage de loisirs. En fait, pour beaucoup de gens, le travail n’est qu’une source de revenus pour financer leurs loisirs. Il n’y a rien de nouveau. Chez les Grecs déjà, Aristote écrivait: «Nous travaillons afin de pouvoir avoir des loisirs.»
Dans notre société, les loisirs sont là en bonne partie pour fuir l’ennui et la solitude, qui sont de véritables maladies de société. Certains loisirs deviennent ainsi une occupation fébrile et maladive masquant le manque de sens et de communication dans nos familles et le vide de nos vies. Prenons un peu de distance et considérons notre façon de vivre les loisirs. Si nous nous sentons coupables ou mal à l’aise quand nous ne faisons rien et que nous choisissons toujours des activités qui nous permettent de «jouer dur» tout comme nous travaillons dur, nous risquons d’emmener dans nos loisirs la même compulsivité qui caractérise notre travail. On peut ainsi remplir notre temps libre de loisirs et ne pas se reposer, passant à côté du sens et du potentiel régénérateur de ce temps libre.
Les loisirs peuvent également, tout comme le travail, devenir une idole à laquelle nous consacrons sans compter nos finances, notre temps et notre énergie. Le sabbat biblique nous permet ainsi non seulement de replacer Dieu avant notre travail, mais aussi avant nos loisirs.
Ceci dit, la Bible nous met clairement en garde contre «la convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l’orgueil de la vie» (1 Jean 2:16). La passion des voyages, le fait de pouvoir voir tel ou tel monument, tel ou tel endroit, tel ou tel film, cela peut aussi être la convoitise des yeux. Il y a une telle soif d’expérience, d’essayer ceci ou de vivre cela qu’il y a un réel danger que ces expériences prennent la place de Dieu. Un accent déséquilibré sur les loisirs peut réellement nous séparer de Dieu. La frontière entre la gloutonnerie, les excès de table et un bon repas est subtile. Le glouton vit pour manger et, par conséquent, n’en a jamais assez et finit par s’ennuyer même à satiété. Le chrétien vit pour Dieu et, par conséquent, jouit d’un bon repas comme un acte d’adoration et le prend avec reconnaissance (Romains 14:6). La Bible nous encourage à la tempérance et à la mesure. Dans ce cadre, les loisirs sont un ministère envers nous-mêmes qui plait à Dieu.
Dans certaines églises, les loisirs sont parfois mal perçus parce qu’ils peuvent être synonymes de paresse et d’oisiveté, mais aussi parce qu’on a une vision faussée de la mort à soi-même, une vision quelque peu ascétique de la foi où tout plaisir est perçu comme charnel, voire diabolique. Nous devons développer une saine théologie, équilibrée, du plaisir et des loisirs. Notre Dieu n’a pas inventé la sexualité uniquement pour la procréation. Pourquoi a-t-il mis autant de diversité et de créativité dans sa Création? Le fait de jouir d’un bon repas et d’un bon vin doit nous amener à un sens profond de gratitude envers Dieu et d’exubérance dans notre vie quotidienne. Il a prévu que nos sens, stimulés, puissent nous conduire à l’adoration, à la communion les uns avec les autres et nous connecter à l’éternité.
21 Juillet 2008
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