lundi 22 août 2011

Incarnation: Chapitre 8 - Être l'Eglise dans ses loisirs (2ème partie)

Le sabbat a été fait pour l’homme…
Ce temps de repos était si important pour Dieu qu’il l’a même inscrit dans les dix commandements. Exode 20:8-11 nous le rappelle: «Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l’Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour: c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié». C’est le commandement qui est le plus détaillé. Peut-être parce que c’est celui que l’homme a le plus de peine à comprendre et à mettre en pratique…
Dieu a inscrit un rythme saint dans sa création. Non seulement un jour par semaine était-il mis à part, mais on avait aussi des sabbats d’années, amenant l’année du jubilé, pendant laquelle même la terre était appelée à se reposer. C’est d’ailleurs en partie pour ne pas avoir respecté ces années sabbatiques qu’Israël a été emmené en déportation (Lévitique 26:34-35). Soixante-dix années du Jubilé non respectées ont entraîné soixante-dix années de captivité.
Cela constitue un enseignement pour nous. Pour ma part, pendant des années, j’ai servi Dieu jour après jour, et mes week-ends comme mes vacances passaient en grande partie dans le ministère. Pendant des années, tout s’est bien passé. Mais vers trente-cinq ans, je me suis retrouvé en burn-out, au bout de mes ressources, complètement épuisé… Autre type de captivité du monde d’aujourd’hui, bien loin du pays de la promesse... J’ai du redécouvrir le sens du sabbat et combien j’en avais désespérément besoin. Jésus lui-même devait encourager ses disciples: «Venez à l’écart dans un lieu désert, et reposez-vous un peu. Car il y avait beaucoup d’allants et de venants, et ils n’avaient même pas le temps de manger» (Marc 6:31).
J’ai donc du apprendre à rythmer mon année de temps de sabbats, et ceci à différents niveaux. Comme je me ressource quand je suis seul, j’ai besoin de temps où je pars trois ou quatre fois pendant l’année pendant deux jours pour prier, méditer, me promener, écrire, lire. Le mot hébreu shabbath vient d’un mot qui veut dire «cesser». Il s’agit réellement d’une coupure, d’un arrêt. Dans l’Ancienne Alliance, il s’agissait d’un jour mis à part, le samedi en l’occurrence. Dans la Nouvelle Alliance, nous touchons davantage au style de vie, et savoir faire sabbat consiste plus à prévoir des temps où nous nous retirons du rythme effréné de nos vies pour nous centrer sur Dieu. On peut même apprendre à vivre de mini-temps de sabbats pendant nos journées. C’est une question de discipline et de savoir s’arrêter.

Adrénaline et stress
Dans notre société occidentale, nous avons tendance à vivre dans un état de stress constant. Quand ce n’est pas la pression du travail, c’est celle de la famille, de l’administration, des finances… Physiologiquement, notre corps sécrète de l’adrénaline afin de nous maintenir dans un état alerte et concentré. Le problème, c’est que fonctionner sous adrénaline est épuisant, et que notre corps a besoin de temps d’arrêts pour se recharger. Les lui accordons-nous?
Il y a quelques années, lors d’une retraite du personnel de Jeunesse en Mission Suisse romande, notre orateur était un psychologue qui nous a enseigné sur le fonctionnement de l’adrénaline. Il nous encourageait à prendre chaque année un bloc de trois semaines de vacances. La première semaine, nous disait-il, vous êtes encore sous adrénaline et courez à gauche et à droite faire plein d’activités. La deuxième semaine, l’adrénaline redescend et vous être complètement apathiques. Vous n’arrivez pas à vous bouger. La troisième semaine, vous recommencez à rêver, à faire des projets. Vous êtes ressourcés. Nous avons essayé de mettre cela en pratique et avons pu en vérifier le bien fondé à plusieurs reprises.
Nous avons aujourd’hui une catégorie de gens qui sont accros à l’adrénaline et qui fuient tout temps de calme, de silence et de solitude. L’adrénaline a quelque chose de grisant. On sécrète de l’adrénaline lorsqu’on a peur, lorsqu’on est anxieux, pressé, stressé, accablé. Cette hormone agit un peu comme le café et le sucre; elle nous procure un boost artificiel qui nous permet de continuer nos activités même lorsque notre taux d’énergie est faible. Telle une bouée de sauvetage, elle nous aide à «survivre», à rester à la surface. Mais bien qu’elle soit indispensable dans des situations d’urgence, elle devient tout à fait nocive lorsqu’on en fait notre source d’énergie première.
Faire en sorte d’être constamment débordé et vivre «sous adrénaline» constitue souvent un moyen de fuir. C’est l’excuse parfaite pour nier certains changements qu’il est temps de faire dans notre vie, pour remettre les grandes décisions à plus tard, pour survoler les aspects de notre quotidien qui nous déplaisent ou qui nous inspirent de la crainte. C’est un excellent moyen, aussi, de se fuir soi-même. Vous reconnaissez-vous en ceci? Si c’est le cas, le moment est peut-être venu pour vous de poser pied et de faire face aux raisons pour lesquelles vous vous êtes créé une vie aussi chargée.
23 Juin 2008

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