dimanche 10 décembre 2017

Thèse de Guy 9


II. La Réforme – Eduquer les enfants dans la Vérité

Puis la Réforme est arrivée au début du seizième siècle, et l’éducation a pris un nouvel essor. Les enfants sont devenus stratégiques pour la réforme de l’Eglise et la transformation de la société. Luther, Calvin, Zwingli et leurs disciples ont donné une très grande importance à l’éducation des enfants, en créant des écoles et des catéchismes. Melanchthon, un ami de Luther particulièrement intéressé par l’éducation, a écrit:

Nous devons restaurer et créer des églises, et créer des écoles. En vérité, il n’y a jamais eu de véritable église sans un type d’école à ses côtés. Et nous ne pouvons pas conserver une doctrine très longtemps si des enseignants ne sont pas ajoutés aux églises.[1]

Ils ont aussi encouragé le culte familial en soulignant le rôle crucial des parents. Luther a écrit:

Le père et la mère sont très certainement les apôtres, les évêques et les prêtres de leurs enfants, car ce sont eux qui les mettent en contact avec l’Evangile. En bref, il n’y a pas de plus grande ou de plus noble autorité sur terre que celle des parents sur leurs enfants, car cette autorité est aussi bien spirituelle que temporelle.[2]

Luther
Une des manières principales par laquelle les théologiens luthériens ont accentué l’importance de l’éducation familiale est de la décrire comme un appel ou une vocation divine. Martin Luther a réfléchi profondément aux tâches et aux responsabilités si importantes de l’éducation parentale, et il l’a intégrée dans sa vision globale de l’appel ou de la vocation. Bien qu’il sache que l’éducation était une tâche difficile, souvent considérée comme insignifiante et déplaisante, il croyait que l’éducation constituait un appel divin très sérieux. L’éducation des enfants est une de ces vocations particulières qui permet de servir son prochain et de contribuer au bien commun. Pour Luther, l’éducation est un appel qui est «paré de l’approbation divine comme l’or et les pierres les plus précieuses.»[3]

Dans un passage souvent cité, il déclare:

Maintenant, dites-moi, quand un père sert sa famille et lave des couches ou accomplit quelque autre tâche ingrate pour son enfant, et que quelqu’un le ridiculise en le traitant de fou efféminé – bien que le père agisse dans l’esprit juste décrit et dans la foi chrétienne – dites-moi, mes chers amis, lequel des deux ridiculise le plus l’autre? Dieu, avec tous ses anges et ses créatures, sourit – non parce que le père lave des couches, mais parce qu’il le fait dans la foi chrétienne.[4]

Le ministère envers les enfants est devenu une des pierres de construction principales du mouvement de la Réforme. Méditons les citations suivantes de Luther:

Au sein de l’affliction Il nous conseille, nous fortifie, nous confirme, nous nourrit et nous accorde sa faveur… Plus encore, lorsque nous nous sommes repentis, il remet instantanément les péchés aussi bien que les châtiments. De la même manière, les parents devraient traiter leurs enfants.[5]

On en apprend plus sur Christ en étant marié et en éduquant des enfants que si nous passions plusieurs vies à étudier dans un monastère.[6]

Ceux qui n’ont pas d’amour pour les enfants sont … indignes d’être appelés hommes ou femmes; car ils méprisent la bénédiction de Dieu, le créateur et l’auteur du mariage.[7]

A quoi cela nous servirait-il de posséder et d’accomplir tout le reste et d’être comme de purs saints, si dans le même temps nous négligions notre principal objectif dans la vie, c’est-à-dire l’accompagnement des jeunes? Je pense aussi qu’aux yeux de Dieu, nul parmi les péchés extérieurs ne charge le monde aussi lourdement et ne mérite une punition aussi sévère que ce péché-même que nous commettons contre les enfants en ne les éduquant pas.[8]

Il ne vous a pas donné des enfants et les moyens de les soutenir seulement pour que vous fassiez avec eux ce qu’il vous plaît; ou que vous les formiez pour la gloire mondaine. Il vous avez été fortement recommandé par Dieu de les éduquer pour son service, sans quoi vous seriez complètement déraciné, avec vos enfants et tout le reste; alors tout ce que vous auriez dépensé pour eux serait perdu.[9]

Si Dieu vous a donné un enfant qui a la capacité et le talent pour cet office (l’étude pour devenir pasteur), et que vous ne le formez pas pour cela, mais que vous ne regardez qu’à son estomac et à sa source de revenu temporelle, alors prenez la liste de choses mentionnées ci-dessus et parcourez les bonnes œuvres et les miracles notés ici, et voyez quel pieux hypocrite et quelle mauvaise herbe improductive vous êtes. Car pour autant qu’il soit à vous de décider, vous privez Dieu d’un ange, d’un serviteur, d’un roi et d’un prince dans son royaume; d’un sauveur et d’un consolateur des hommes dans les questions ayant trait au corps et à l’âme, à la propriété et à l’honneur; d’un capitaine et d’un chevalier pour combattre contre le diable. Ainsi vous laissez le champ libre au diable et faites avancer son royaume[10]

Les catéchismes de Calvin, Knox and Luther mettaient tous l’accent sur les enfants, et sur notre responsabilité envers eux. Luther, par exemple, a dit: «Si le royaume de Dieu doit venir avec puissance, nous devons commencer avec les enfants et nous devons les enseigner depuis le berceau.»
Martin Luther a également déclaré: «Je suis profondément ému quand je vois que de jeunes garçons et filles peuvent prier, croire et parler davantage de Dieu et de Christ qu’ils ne l’ont jamais pu auparavant.» En 1530, il a prêché un sermon dans lequel il a dit: «Nous devons avoir des pasteurs ordinaires qui vont enseigner l’Evangile et le catéchisme aux jeunes et aux ignorants.»[11]


[1]. Luc Bussière, Richesses enfouies (Guebwiller, France: Collège Daniel, 1994), p. 13.
[2]. Luther’s Works, éds. Jaroslav Pelikan et Helmut Lehmann (St. Louis, MO: Concordia Publishing House, 1955-1986), pp. 45:46.
[3]. Luther’s Works, 45:39.
[4]. Ibid., 45:40-41.
[5]. Citations, Martin Luther, Goodreads, consulté le 14 novembre 2014, https://www.goodreads.com/ author/quotes/29874.Martin_Luther.
[6]. Citations, Martin Luther.
[7]. Ibid.
[8]. Martin Luther, «To the Councilmen of all Cities in Germany that they Establish and Maintain Schools,» dans Children and Childhood in World Religion: Primary Sources and Text, éd. Don S. Browning et Marcia J. Bunge (Piscataway, NJ: Rutgers University Press, 2009), p. 121.
[9]. Martin Luther, «A Sermon on Keeping Children in School,» dans Works of Martin Luther, Vol. 4 (Philadelphia, PA: Muhlenberg Press, 1943), pp. 144, 145.
[10]. Ibid., p. 213.
[11]. Sam Doherty, Why Evangelize Children? (Lisburn, Northern Ireland, UK: Child Evangelism Fellowship, 1999), p. 15.

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