II. La
Réforme – Eduquer les enfants dans la Vérité
Puis la Réforme est arrivée au début du seizième siècle, et l’éducation
a pris un nouvel essor. Les enfants sont devenus stratégiques pour la réforme
de l’Eglise et la transformation de la société. Luther, Calvin, Zwingli et
leurs disciples ont donné une très grande importance à l’éducation des enfants,
en créant des écoles et des catéchismes. Melanchthon, un ami de Luther
particulièrement intéressé par l’éducation, a écrit:
Nous devons restaurer et créer des églises, et créer des écoles. En
vérité, il n’y a jamais eu de véritable église sans un type d’école à ses
côtés. Et nous ne pouvons pas conserver une doctrine très longtemps si des
enseignants ne sont pas ajoutés aux églises.[1]
Ils ont aussi encouragé le culte familial en soulignant le rôle crucial
des parents. Luther a écrit:
Le père et la mère sont très certainement les apôtres, les évêques et
les prêtres de leurs enfants, car ce sont eux qui les mettent en contact avec
l’Evangile. En bref, il n’y a pas de plus grande ou de plus noble autorité sur
terre que celle des parents sur leurs enfants, car cette autorité est aussi
bien spirituelle que temporelle.[2]
Luther
Une des manières
principales par laquelle les théologiens luthériens ont accentué l’importance
de l’éducation familiale est de la décrire comme un appel ou une vocation
divine. Martin Luther a réfléchi profondément aux tâches et aux responsabilités
si importantes de l’éducation parentale, et il l’a intégrée dans sa vision
globale de l’appel ou de la vocation. Bien qu’il sache que l’éducation était
une tâche difficile, souvent considérée comme insignifiante et déplaisante, il
croyait que l’éducation constituait un appel divin très sérieux. L’éducation
des enfants est une de ces vocations particulières qui permet de servir son
prochain et de contribuer au bien commun. Pour Luther, l’éducation est un appel
qui est «paré de l’approbation divine comme l’or et les pierres les plus
précieuses.»[3]
Dans un passage souvent
cité, il déclare:
Maintenant, dites-moi,
quand un père sert sa famille et lave des couches ou accomplit quelque autre
tâche ingrate pour son enfant, et que quelqu’un le ridiculise en le traitant de
fou efféminé – bien que le père agisse dans l’esprit juste décrit et dans la
foi chrétienne – dites-moi, mes chers amis, lequel des deux ridiculise le plus
l’autre? Dieu, avec tous ses anges et ses créatures, sourit – non parce que le
père lave des couches, mais parce qu’il le fait dans la foi chrétienne.[4]
Le ministère envers les enfants est devenu une des pierres de
construction principales du mouvement de la Réforme. Méditons les citations
suivantes de Luther:
Au sein de l’affliction Il nous conseille, nous fortifie, nous
confirme, nous nourrit et nous accorde sa faveur… Plus encore, lorsque nous
nous sommes repentis, il remet instantanément les péchés aussi bien que les
châtiments. De la même manière, les parents devraient traiter leurs enfants.[5]
On en apprend plus sur Christ en étant marié et en éduquant des enfants
que si nous passions plusieurs vies à étudier dans un monastère.[6]
Ceux qui n’ont pas d’amour pour les enfants sont … indignes d’être
appelés hommes ou femmes; car ils méprisent la bénédiction de Dieu, le créateur
et l’auteur du mariage.[7]
A quoi cela nous servirait-il de posséder et d’accomplir tout le reste
et d’être comme de purs saints, si dans le même temps nous négligions notre
principal objectif dans la vie, c’est-à-dire l’accompagnement des jeunes? Je
pense aussi qu’aux yeux de Dieu, nul parmi les péchés extérieurs ne charge le
monde aussi lourdement et ne mérite une punition aussi sévère que ce péché-même
que nous commettons contre les enfants en ne les éduquant pas.[8]
Il ne vous a pas donné des enfants et les moyens de les
soutenir seulement pour que vous fassiez avec eux ce qu’il vous plaît; ou que
vous les formiez pour la gloire mondaine. Il vous avez été fortement recommandé
par Dieu de les éduquer pour son service, sans quoi vous seriez complètement
déraciné, avec vos enfants et tout le reste; alors tout ce que vous auriez
dépensé pour eux serait perdu.[9]
Si Dieu vous a donné un enfant qui a la capacité et le talent pour cet
office (l’étude pour devenir pasteur), et que vous ne le formez pas pour cela,
mais que vous ne regardez qu’à son estomac et à sa source de revenu temporelle,
alors prenez la liste de choses mentionnées ci-dessus et parcourez les bonnes
œuvres et les miracles notés ici, et voyez quel pieux hypocrite et quelle
mauvaise herbe improductive vous êtes. Car pour autant qu’il soit à vous de décider,
vous privez Dieu d’un ange, d’un serviteur, d’un roi et d’un prince dans son
royaume; d’un sauveur et d’un consolateur des hommes dans les questions ayant
trait au corps et à l’âme, à la propriété et à l’honneur; d’un capitaine et
d’un chevalier pour combattre contre le diable. Ainsi vous laissez le champ
libre au diable et faites avancer son royaume …[10]
Les catéchismes de Calvin, Knox and Luther mettaient tous
l’accent sur les enfants, et sur notre responsabilité envers eux. Luther, par
exemple, a dit: «Si le royaume de Dieu doit venir avec puissance, nous devons
commencer avec les enfants et nous devons les enseigner depuis le berceau.»
Martin Luther a également déclaré: «Je suis profondément
ému quand je vois que de jeunes garçons et filles peuvent prier, croire et
parler davantage de Dieu et de Christ qu’ils ne l’ont jamais pu auparavant.» En
1530, il a prêché un sermon dans lequel il a dit: «Nous devons avoir des
pasteurs ordinaires qui vont enseigner l’Evangile et le catéchisme aux jeunes
et aux ignorants.»[11]
[1]. Luc Bussière, Richesses
enfouies (Guebwiller, France: Collège Daniel, 1994), p. 13.
[2]. Luther’s Works, éds. Jaroslav
Pelikan et Helmut Lehmann (St. Louis, MO: Concordia Publishing House,
1955-1986), pp. 45:46.
[3]. Luther’s Works, 45:39.
[4]. Ibid., 45:40-41.
[5]. Citations, Martin Luther, Goodreads, consulté le 14 novembre 2014,
https://www.goodreads.com/ author/quotes/29874.Martin_Luther.
[6]. Citations, Martin Luther.
[7]. Ibid.
[8]. Martin Luther, «To the Councilmen of all Cities in Germany that they Establish
and Maintain Schools,» dans Children and
Childhood in World Religion: Primary Sources and Text, éd. Don S. Browning et
Marcia J. Bunge (Piscataway, NJ: Rutgers University Press, 2009), p. 121.
[9]. Martin Luther, «A Sermon on Keeping Children in School,» dans Works of Martin Luther, Vol. 4
(Philadelphia, PA: Muhlenberg Press, 1943), pp. 144, 145.
[10]. Ibid., p. 213.
[11]. Sam Doherty, Why
Evangelize Children? (Lisburn, Northern Ireland, UK: Child Evangelism
Fellowship, 1999), p. 15.
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