John Wesley
Passons ensuite
à l’Angleterre. John Wesley (1703-1791) était le quinzième enfant sur dix-neuf
(huit d’entre eux sont morts dans leur petite enfance) de Samuel et Susanna
Wesley. Depuis l’âge de cinq ans, les enfants Wesley ont été scolarisés à la maison
et on attendait d’eux qu’ils parlent le grec et le latin couramment et qu’ils
mémorisent des portions importantes des Écritures. Susanna Wesley interviewait
chacun de ses enfants séparément, une fois par semaine, pour évaluer leurs
progrès spirituels.
Un incendie désastreux a détruit leur
maison en 1709, laissant une impression indélébile sur le jeune John Wesley. Vers
onze heures du soir, le toit de la maison a pris feu, et les Wesley ont pu
faire sortir tous leurs enfants de la maison, à l’exception du petit John, cinq
ans à l’époque, qui était resté coincé au deuxième étage. Avec les escaliers
enflammés et le toit sur le point de s’effondrer, un paroissien est parvenu à
grimper sur les épaules d’un autre homme pour saisir le petit John par la fenêtre
du deuxième étage. Pendant toute sa vie, John s’est considéré comme «une brindille
arrachée au feu».
Charles Wesley, le plus jeune de la famille, a été le
premier à être sauvé des flammes. Sa vie avait presque été volée après sa
naissance prématurée: Après avoir été laissé pour mort, il s’est réveillé. Les
deux frères ont été rendus très conscients par leur mère d’avoir été épargnés
pour un dessein particulier.
John et Charles ont tous deux fréquenté l’Université d’Oxford, où ils ont
refusé de participer aux fêtes des étudiants et où ils ont créé le Holy Club avec
quelques autres étudiants pour prier et étudier la Bible. Après cela, John a
été ordonné prêtre dans l’église Anglicane. Influencé par les Moraves, il a
passé par une profonde expérience de conversion en 1735 et est devenu un prédicateur
puissant et un réformateur social. Il a sillonné le pays – préparant ses sermons,
lisant et écrivant sur son cheval – pour rencontrer ses paroissiens.
Prédicateur infatigable, il a couvert plus de 400'000 km, la plupart du temps à
dos de son cheval, et a prêché plus de 40'000 sermons. «Le monde est ma
paroisse, » a-t-il déclaré. En 1784, il a quitté l’église Anglicane et a
fondé le mouvement Méthodiste. Il a contribué à créer de nombreuses écoles et
organismes sociaux pour combattre l’ignorance et la pauvreté.[1]
Dès sa conversion, Wesley a été impressionné par la foi des enfants. Alors
qu’il voyageait vers l’Amérique, pendant une période de grande détresse et de
mer agitée lors de la traversée de l’Atlantique, Wesley et les autres passagers
à bord étaient très impressionnés, tandis que quelques missionnaires moraves et
leur famille semblaient rester paisibles.[2]
Au milieu du Psaume par lequel
nous commencions le culte, une vague balaya le pont, déchira la grand-voile en
pièces, recouvrit le navire et l’eau s’écoula entre les ponts, comme si le
grand abîme nous avait déjà avalé. Un cri effroyable monta parmi les Anglais.
Les Allemands, de leur côté, continuaient de chanter calmement. J’ai demandé à
l’un d’entre eux après coup: «N’étiez-vous pas effrayés?» Il me répondit: «Dieu
merci, non.» Je demandai: «Mais vos femmes et vos enfants, n’étaient-ils pas
effrayés?» Il répondit doucement: «Non, nos femmes et nos enfants n’ont pas
peur de mourir.»
D’eux je me rendis vers leurs
voisins tremblant et pleurant, et leur soulignai la différence à l’heure de
l’épreuve, entre celui qui craint Dieu et celui qui ne le craint pas. A midi,
le vent tomba. Ce fut le jour le plus glorieux que j’eus vu jusqu’à ce jour.»[3]
Il y a peu de doutes que Wesley ait été
impressionné par ce qu’il a vu dans le comportement des Moraves, y compris de
leurs enfants. Ses interactions suivantes avec les frères, en particulier avec
un de leurs membres, Peter Bohler, ont encouragé Wesley à en apprendre
davantage à leur sujet et sur la profondeur de la foi en Christ qu’il avait vu
chez eux.
Wesley voyagera à Halle et à Herrnhut, où
il rencontrera le comte Zinzendorf pour en apprendre davantage sur la foi des
Moraves.[4]
Robert Southey, un des biographes de Wesley, nous donne un aperçu de son amour
pour les enfants.
J’étais dans une maison à Bristol où se trouvait Wesley.
Quand je n’étais encore qu’un simple enfant, alors que je descendais l’escalier
en courant avec ma magnifique petite sœur, ses boucles flottant par-dessus ses
épaules, il nous attrapa à notre arrivée, saisit ma sœur dans ses bras et
l’embrassa. En la reposant sur ses pieds, il plaça alors sa main sur ma tête et
me bénit, et je sens comme si j’ai reçu la bénédiction de cet homme bon sur moi
jusqu’à ce jour.[5]
Wesley a mentionné à plusieurs reprises dans son journal
la façon dont les enfants, même en âge préscolaire, recevaient non seulement
une révélation de la grâce de Dieu, mais commençaient à prier avec ferveur pour
les autres. Wesley a souvent prêché aux enfants et il avait un profond désir
qu’ils puissent expérimenter l’amour de Dieu et que la connaissance de Christ
descende dans leurs cœurs. Lisons les exemples suivants:
16/09/1770. École de Kingswood. … J’ai été réveillé entre
quatre et cinq heures du matin par les enfants qui criaient à Dieu avec
véhémence. Les servantes sont allées vers eux à cinq heures. Et d’abord un des
garçons, puis un autre; puis deux des servantes ont commencé à répandre leur âme
vivement devant Dieu, tant pour eux-mêmes que pour les autres. Ils ont continué
à pleurer et à prier jusqu’à neuf heures, ne pensant pas à manger ou à boire,
non. Richard Piercy n’avala aucune nourriture de toute la journée, mais resta à
crier à Dieu par des paroles et des gémissements.
Vers environ une heure, toutes les servantes et trois des
garçons sont montés à l’étage et ont recommencé à prier; et là ils ont réalisé
que la main du Seigneur n’était pas trop courte; entre deux et trois heures,
beaucoup se sont réjouis avec une joie indescriptible. Ils ont tous continué
ensemble jusqu’après quatre heures, louant le Dieu de leur salut; en vérité,
ils semblaient avoir oublié toutes les choses ici-bas, et ne penser à rien
d’autre qu’à Dieu et au Ciel…[6]
27/01/1771. J’ai enterré les restes de Joan Turner qui a
passé toutes ses dernières heures à se réjouir et à louer Dieu, et qui est
morte pleine de foi et du Saint-Esprit à l’âge de trois ans et demi.[7]
17/01/1772. (Hertford) J’ai trouvé que le nombre de
pauvres enfants que Mr. A. gardait à l’école s’élevait à près de trente garçons
et trente filles. Dès que j’ai commencé à parler, certains d’entre eux ont
éclaté en sanglot, et leur émotion se manifesta de plus en plus. Mais elle est
restée sous contrôle jusqu’à ce que je commence à prier. Un cri s’est alors
levé, qui s’est répandu de l’un à l’autre, jusqu’à ce que pratiquement tous
pleurent à grands bruits pour obtenir miséricorde, sans pouvoir être consolés. Mais
combien la scène changea quand je me rendis vers les garçons! Ils semblaient
morts comme des pierres, et ne semblaient prêter que peu d’attention à ce qui
était dit, non, certains d’entre eux pouvaient à peine se retenir de rire.
Pourtant, je continuai à prêcher et plaçai devant eux les terreurs du Seigneur.
A ce moment-là, l’un d’eux fut touché profondément, puis un autre, et encore un
autre. En dix minutes, la plus grande partie d’entre eux fut aussi percutée que
les filles l’avaient été. A l’exception de Kingswood, je n’ai jamais vu une
telle œuvre de Dieu parmi des enfants en plus de trente ans.[8]
05/06/1772. Tiré d’un récit de John Fenwick. Sur les 165 membres
de leur société: «Quarante-trois d’entre eux sont des enfants, dont trente se
réjouissent dans l’amour de Dieu. Le principal instrument que Dieu a utilisé
parmi eux est Jane Salkeld, une maîtresse d’école; une jeune femme qui est un
modèle pour tous les croyants. Quelques-uns de ses enfants sont: Phebe
Teatherston, neuf ans, une enfant avec une compréhension peu courante. Hannah
Watson, dix ans, pleine d’amour et de foi; Aaron Ridson, même pas onze ans,
mais sage et guindé comme un homme. Sarah Smith, huit ans et demi, mais aussi
sérieuse qu’une femme de cinquante ans. Sarah Morris, quatorze ans, est une
mère parmi eux, toujours sérieuse, toujours à veiller sur le reste d’entre eux
et à les édifier dans l’amour.
(Wesley le compare ensuite à Everton) Oui, de nombreux
enfants ici ont eu une expérience beaucoup plus profonde, et une communion avec
Dieu bien plus constante que l’homme ou la femme les plus âgés d’Everton que
j’aie rencontré ou dont j’aie entendu parler; ainsi, globalement, nous pouvons
l’affirmer: «Une telle œuvre de Dieu n’a jamais été vue auparavant dans les
trois royaumes.»[9]
05/09/1774 (Dimanche)
Kingswood. J’en ai examiné seize d’entre eux, qui désiraient partager le repas
du Seigneur. Neuf ou dix avaient un clair sens du pardon et de l’amour de Dieu.
Les autres étaient pleinement déterminés à ne jamais se reposer jusqu’à ce
qu’ils puissent témoigner de la même confession. … Ils étaient remarquables
dans leur amour les uns pour les autres, ainsi que dans leur sérieux et leur
stabilité. Ils se réunissaient chaque jour; en plus, tous les enfants se
réunissaient par classe. Ces enfants qui avaient trouvé la paix étaient: James
Whitestone, Alexander Mather, Matthew Lowes, William Snowdon, John Keil,
Charles Farr, John Hamilton, Benjamin Harris et Edward Keil.[10]
Nous voyons donc que Wesley prêchait
également aux enfants: il prenait leur foi au sérieux et les considérait
pleinement capables d’entrer dans le royaume de Dieu. Lisons un dernier exemple
parmi de nombreux autres.
08/06/1774. «Je suis arrivé à Stockton-on-Tees. J’y ai
découvert un mouvement de Dieu inhabituel parmi les enfants. Beaucoup d’entre
eux, âgés de six à quatorze ans, se trouvaient sous une sérieuse conviction de
péché et désiraient ardemment le salut de leur âme. J’en ai compté jusqu’à
soixante qui venaient constamment pour des entretiens et qui paraissaient
grandement réveillés. À midi, j’ai prêché sur le thème «Le royaume des cieux
est proche» … N’est-ce pas une chose nouvelle sur la terre? Dieu commence son
œuvre parmi les enfants. Cela a aussi été le cas dans les Cornouailles, à
Manchester et à Epworth. Ainsi la flamme se répand sur ceux d’âge plus mûr;
jusqu’à ce qu’en fin de compte tous le connaissent et le louent, du plus petit
jusqu’au plus grand.[11]
Les frères Wesley ont même écrit quarante-deux hymnes
juste pour les enfants.[12]
Et même si les enfants étaient l’objet de sa prédication, John Wesley
considérait les parents comme ayant la responsabilité première. Il a écrit que:
La personne dans votre maison qui
réclame votre première et plus proche attention est, sans aucun doute, votre
épouse; vous devez l’aimer comme Christ a aimé
l’Eglise. … Après votre femme il y a vos enfants; esprits immortels que Dieu a,
pour un temps, confié à vos soins, afin que vous puissiez les former dans toute
la sainteté, et les préparer à jouir de Dieu dans l’éternité. C’est une
confiance glorieuse et importante; voir une âme a plus de valeur que tout le
monde à côté. Vous devez, par conséquent, veiller sur chaque enfant avec le
plus grand soin, afin que quand vous serez appelé à rendre compte pour chacun
d’eux devant le Père des esprits, vous puissiez le faire avec joie et non avec
regret.[13]
[1]. «John and Charles Wesley: Evangelists Extraordinary,» Reformationsa.org, consulté
le 18 novembre 2014, http://www.reformationsa.org/index.php/history/270-john-and-charles-wesley-evangelists-extraordinary#sthash.4Qnn6p79.dpuf.
[2]. Dan Harris, «Wesley and the Children,» Church of the
Nazarene, consulté le 17 décembre 2014,
http://amc.nazarene.org/index.php/discipleship-place/13-discipleship/443-discipleship-children.
[3]. John Wesley, The
Works of John Wesley, Vol. 1, (Grand Rapids, MI: Baker Book House Company,
2002), 1:22.
[4]. Harris, «Wesley and the Children.»
[5]. John Wesley, Journal
(Grand Rapids, MI: Christian Classics Ethereal Library), p. 14.
[6]. Cité dans David Walters, Children Aflame (Macon, GA: Good News Fellowship Ministries, 1995),
pp. 21-22.
[7]. Ibid., p. 24.
[8]. Cité dans David Walters, Children Aflame, p. 24.
[9]. Ibid., pp. 26-27.
[10]. Ibid., p. 29.
[11]. Cité dans David Walters, Children Aflame, p. 31.
[12]. Ishmael, Reclaiming
a Generation (Eastbourne, UK: Kingsway Publication, 2001), p. 139.
[13]. John Wesley, «On Family Religion,»
Sermon 94, Global Ministries, United Methodist Church, consulté le 17 décembre
2014,
http://www.umcmission.org/Find-Resources/John-Wesley-Sermons/Sermon-94-On-Family-Religion.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire