III. L’époque moderne – Amener les enfants à expérimenter Dieu
Les petits prophètes des Cévennes
En France, après la révocation de
l’Edit de Nantes (1685), le protestantisme a été interdit et persécuté. Quelques
années plus tôt, en 1673, Isabeau Vincent est née dans une famille protestante
du Dauphiné. Son père était un chrétien nominal et sa mère une forte croyante,
mais elle est décédée quand Isabeau avait huit ans. Son père s’est alors converti
au catholicisme pour de l’argent et la sécurité; il battait souvent sa fille,
la forçant à aller à la messe et il a fini par la vendre à un homme qui l’a
employée comme bergère. En 1688, alors qu’elle dormait une nuit, elle a commencé
à parler et à pleurer pendant son sommeil. Les gens autour d’elle ont tenté de
la réveiller, mais c’était impossible. En fait, elle s’est mise à prophétiser
et, le phénomène se répétant pendant plusieurs nuits, les gens ont commencé à
venir l’écouter. Pierre Jurieu, un théologien de l’époque, a écrit qu’«elle
prononçait des paroles divines et excellentes.» Pendant les premières semaines,
elle parlait en dialecte, car elle n’avait jamais appris le français, mais
quand ses prophéties ont commencé à être données en vrai français, les gens ont
été de plus en plus étonnés. Cet événement a déclenché le début d’un mouvement
prophétique dans le sud de la France dans lequel les enfants ont joué un rôle
majeur. L’historien Pierre Demaude explique:
Un soir, pendant
son sommeil, elle entonna un chant. Ensuite, ce fut un culte qu’elle présida
dans cet état. … Elle priait, récitait des passages entiers des Écritures dont
elle se servait pour prêcher. Elle ne le faisait pas comme les pasteurs qui
avaient leurs prédications préparées et qui suivaient de manière très stricte
les textes. Elle parlait d’abondance, ce qui ne se faisait pas à l’époque, avec
beaucoup de bon sens et d’à-propos.[1]
Isabeau était une fille simple, sans
éducation et avec des facultés intellectuelles limitées. Pourtant, ses
auditeurs ont remarqué que son intelligence s’ouvrait de plus en plus. Les
visitations de l’Esprit la transformaient, lui donnant de nouvelles capacités.
Quatre mois plus tard, elle a été arrêtée et interrogée. A la surprise générale,
elle a répondu avec patience, point après point, en vrai français. Elle n’était
ni intimidée, ni effrayée. Elle a même eu l’audace de dire que si on la faisait
taire, Dieu lèverait une armée de prophètes qui prendraient sa place. Cette
prédiction allait rapidement se révéler vraie.
Quelques jours après son arrestation,
un garçon de huit ans a commencé à prophétiser. Ses parents ont tenté de le
cacher, mais pas pour longtemps.[2]
Le mouvement des «petits prophètes» avait commencé et il s’est répandu dans le
Vivarais, au sud de la France, en 1689. Il allait durer près de vingt ans, et
serait finalement réprimé sévèrement par l’église catholique, et même
désapprouvé par de nombreux pasteurs protestants opposés à toute manifestation
charismatique. Des adolescents illettrés, des enfants, même des bébés au
berceau se sont mis à prophétiser, appelant les gens à se réunir dans des lieux
secrets où les soldats du roi Louis XIV ne les trouveraient pas, à se repentir,
à revenir aux Ecritures… Maximillien Misson,[3]
un réfugié huguenot français à Londres, a écrit ces témoignages et l’histoire
de cette époque (appelée le Désert) en 1707 dans son ouvrage étonnant Le théâtre sacré des Cévennes.
[1]. Pierre Demaude, Les origines du
réveil des Cévennes (1685-1704), 2013, consulté le 15 novembre 2014,
http://reveille-toi.net/wordpress/?p=2532.
[2]. Toute cette section est adaptée de Pierre Demaude, Les origines du réveil des Cévennes
(1685-1704).
[3]. Maximillien Misson, Le
théâtre sacré des Cévennes (Nîmes, France: Editions Alcide, 2011, première
édition 1707).
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