dimanche 28 juillet 2019

Agressions sexuelles et secrets douloureux (3)

Agressions sexuelles et secrets douloureux

3 - Secrets et silence sont facteurs de séquelles 


Quelques exemples : 
- La pression psychologique exercée par une personne ou par un groupe, ajoutée à la peur de la violence, amène parfois une victime à ne pas résister aux exigences de ses agresseurs et à se soumettre à leurs ordres. Cette absence de résistance de sa part peut engendrer un intense sentiment de culpabilité, qui s’avère aussi dommageable que le viol lui-même et entraîne de graves séquelles psychologiques et affectives. Cette perception que la victime est complice est fausse bien sûr. Le silence fait des ravages dans les pensées et les émotions.

- Les menaces, le chantage et la loyauté bloquent la parole des victimes. En France, si les victimes d'agressions sexuelles parlent en moyenne après 16 ans de silence, ce n'est pas par choix. Il peut arriver qu'elles parlent plus tôt quand il y a la volonté de protéger l'entourage et particulièrement les plus jeunes de la fratrie. Certaines victimes ne disent rien pendant un temps, car elles ignorent qu'il s'agit d'un crime. Dans tous les cas, rien ne pèse tant qu’un secret douloureux.

- Il est impossible de ne pas communiquer. Quand les mots ne sortent pas, c'est le corps qui s'exprime. Pour les ados, il parle avec force par des conduites à risques, des scarifications (incisions de la peau), fugues, alcoolisation précoce, toxicomanie, anorexie, boulimie. L'agression sexuelle enferme les victimes dans le silence, la honte, la peur et diminue l'estime de soi. Elle favorise la victimisation à l’âge adulte, un sentiment de rejet, d'abandon, des troubles du sommeil, l'échec dans la scolarité et les études.

- Confusion et sentiment d’abandon. L’enfant victime d’agression sexuelle vit dans une très grande confusion, sans aucune confiance envers ses parents, les adultes qui l’entourent, la société. En effet, au quotidien, le père transgresse la loi dans le cercle familial, tout en continuant de vivre avec son entourage comme si de rien n’était. Quant à la mère, elle choisit de ne pas choisir entre son mari et son enfant.

- Troubles de la sexualité. Pour les jeunes enfants qui ont été agressés, ils réalisent parfois des actes de voyeurisme ou d’exhibition. Ils tentent des agressions sexuelles sur des enfants plus petits et peuvent avoir des comportements sexuels inappropriés. Ces gestes peuvent se traduire surtout par l’introduction d’objets dans leur anus ou leur vagin, la masturbation excessive ou en public.

- Pour les femmes et les hommes prostitués, 75% d’entre eux ont des antécédents d’agressions sexuelles pendant leur enfance, le plus souvent de nature incestueuse.

- Dans la relation aux autres, les victimes grandissent en pensant que :
1. on ne peut pas faire confiance aux personnes qui sont censées nous aimer ;
2. des marques d’attention et d’affection s’accompagnent toujours de demandes d’ordre sexuel 
3. on ne peut être maître de son propre corps ;
4. les besoins des autres passent avant nos propres besoins ;

- Les violences faites aux enfants favorisent tout au long de sa vie des risques de dépression, d’avoir une grossesse précoce, de se retrouver en situation de précarité, également le risque de prostitution. Les violences subies enfant, sont la 1ère cause de violences que l'on subira ou fera subir à l'âge adulte. La liste n'est pas close.

- Pour le Dr Murielle Salmona présidente de "Mémoire traumatique et victimologie" "avoir subi ces crimes dans l’enfance est la première cause de mort précoce, de suicide, de conduites addictives, de grande précarité, de marginalité, et de nombreuses pathologies somatiques. 97% des victimes de viols ont des conséquences sur leur santé mentale et 43% ont des conséquences importantes ou très importantes sur leur santé physique."

- Les enfants sont également victimes quand ils sont témoins de violences conjugales. Leur présence n'empêche pas ces violences. Ils sont toujours très traumatisés par ce dont ils sont témoins. En 2016, 123 femmes ont été tuées par leur partenaire, ex-partenaire, ou "petits-amis". 34 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire. 25 enfants mineurs sont décédés, dans un contexte de violences au sein du couple. Pourtant, seuls un tiers des conjoints ont été condamnés pour homicide. Source: « Etude nationale sur les morts violentes au sein du couple. Année 2016 », ministère de l’Intérieur, délégation aux victimes.

S'il est difficile d'avoir un chiffre précis, nous savons que tous les ans en France, un très grand nombre de décès d'enfants sont imputables aux mauvais traitements se déroulant au sein même de la famille.

Et toujours cette question à poser à chaque enfant ou adulte qui semblent traverser une grande épreuve : "Est-ce que tu es victime d'agressions sexuelles ?"

Jean-Louis Lafont  jlouislafont@wanadoo.fr - www.jeanlouislafont.com

 

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