David
Miche: Pionnier de l’Armée du Salut au Brésil
Au
début du 20ème siècle, l’Amérique du Sud était, après l’Inde, le deuxième
terrain missionnaire de l’Armée du Salut Suisse. Tôt déjà, soit en 1903 et
1904, la Suisse avait envoyé trois officiers en Argentine. Cependant, après
avoir envoyé quelques lettres durant les premières années, les missionnaires ne
donnèrent presque plus de nouvelles.
Dans les années
1920, de nombreux officiers quittèrent la Suisse pour se rendre dans les pays
d’Amérique du Sud. Si en Asie et en Afrique, les missionnaires suisses
offraient leur aide à une œuvre qui fonctionnait déjà, en Amérique du Sud, ils
faisaient du travail de mise sur pied. C’est David Miche qui en tenait le rôle
principal, ayant commencé l’Armée du Salut au Brésil. Depuis,
des missionnaires suisses y ont travaillé sans interruption.
A 54 ans, David
Miche, officier salutiste, fut mandaté pour commencer l’œuvre de l’Armée du
Salut au Brésil. Le colonel Miche, un homme aux cheveux blancs et à la
moustache touffue inspirant le respect, avait déjà un âge avancé pour cette
grande tâche. Le Général recherchait cependant un officier ayant de
l’expérience dans les contacts avec des pays catholiques. Miche disposait de
cette expérience, ayant surtout été actif en France, en Belgique et en Italie.
Quelque peu surpris et avec un sentiment mitigé, sa famille et lui acceptèrent
cette mission et entreprirent le voyage vers ce pays étranger.
Avant de partir,
l’officier se rendit à Londres, où le Général Bramwell Booth le forma. «Avant
notre départ, le Général nous a encore reçus et nous a donné le drapeau pour le
Brésil», écrivit-il.
Les débuts au
Brésil furent pénibles. David Miche avait des problèmes avec la langue.
Contrairement à son épouse Stella, il ne parvint jamais à apprendre le
portugais. Quelques mois après son arrivée à Rio de Janeiro, il écrivait: «Nous
avons une tâche importante à entreprendre et ne pouvons pas encore dire comment
nous pourrons au mieux communiquer notre message. Cependant, les rencontres en
plein air, qui ont toujours été un outil de travail efficace, nous aideront ici
aussi. Dans les rues, notre uniforme nous donne une certaine visibilité.
Quelquefois, des soldats nous saluent, pensant avoir devant eux des officiers
étrangers. Le drapeau que nous a donné le Général est aussi observé avec intérêt
par nos amis brésiliens.»
Peu de temps
après avoir écrit ces lignes et après de longues recherches, Miche trouva une
grande salle pour 150 personnes à louer. Infatigable, il continuait à
travailler. Grâce à ses bonnes relations avec le maire et le chef de la police
de Rio de Janeiro, il parvint à obtenir un stand pour l’Armée du Salut à
l’exposition nationale pour faire ainsi mieux connaître l’organisation. Des
bienfaiteurs influents et riches, sensibles à l’approche chrétienne de l’Armée
du Salut, la prirent sous leur aile. Des officiers continuaient à arriver
d’Argentine, où l’Armée du Salut était présente depuis 1890, pour soutenir le
travail de l’organisation.
Au Brésil, David
Miche devait aussi trouver des personnes afin de mettre en route le travail de
l’Armée du Salut. Parmi les adresses de contact qu’il avait emportées d’Europe,
il y avait celle de Christian Balmer. Cet homme, originaire de l’Oberland
bernois, travaillait pour une entreprise d’exportation de café à Santos.
Lorsqu’il apprit l’arrivée de l’Armée du Salut au Brésil, il décida de devenir
officier. Cet homme d’affaires expérimenté et doué en langues fut le premier
officier consacré au Brésil, où il resta jusqu’à sa mort, à l’âge de 100 ans.
Le colonel Miche
supportait mal le climat tropical du Brésil. A son arrivée, sa santé n’était
déjà pas au beau fixe et il se battait constamment contre les maladies. Sa
femme et lui rentrèrent en Suisse au début de l’année 1928. Il prit sa retraite
une année plus tard et mourut en 1938. Stella Miche retourna ensuite au Brésil
où elle vécut chez l’un de leurs fils.
Pour Miche le pionnier, le Brésil ne fut qu’une brève
aventure. Après la pose de la première pierre, d’autres personnes poursuivirent
son travail, dont de nombreux Suisses qui œuvrent aujourd’hui encore au Brésil.
Ensemble, les plus de 30 Suissesses et Suisses qui ont travaillé pour l’Armée
du Salut au Brésil y ont servi durant quelque 400 années.
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