mardi 24 février 2015

Héros de la foi en Francophonie - 16 - David Miche

David Miche: Pionnier de l’Armée du Salut au Brésil
Au début du 20ème siècle, l’Amérique du Sud était, après l’Inde, le deuxième terrain missionnaire de l’Armée du Salut Suisse. Tôt déjà, soit en 1903 et 1904, la Suisse avait envoyé trois officiers en Argentine. Cependant, après avoir envoyé quelques lettres durant les premières années, les missionnaires ne donnèrent presque plus de nouvelles.
Dans les années 1920, de nombreux officiers quittèrent la Suisse pour se rendre dans les pays d’Amérique du Sud. Si en Asie et en Afrique, les missionnaires suisses offraient leur aide à une œuvre qui fonctionnait déjà, en Amérique du Sud, ils faisaient du travail de mise sur pied. C’est David Miche qui en tenait le rôle principal, ayant commencé l’Armée du Salut au Brésil. Depuis, des missionnaires suisses y ont travaillé sans interruption.
A 54 ans, David Miche, officier salutiste, fut mandaté pour commencer l’œuvre de l’Armée du Salut au Brésil. Le colonel Miche, un homme aux cheveux blancs et à la moustache touffue inspirant le respect, avait déjà un âge avancé pour cette grande tâche. Le Général recherchait cependant un officier ayant de l’expérience dans les contacts avec des pays catholiques. Miche disposait de cette expérience, ayant surtout été actif en France, en Belgique et en Italie. Quelque peu surpris et avec un sentiment mitigé, sa famille et lui acceptèrent cette mission et entreprirent le voyage vers ce pays étranger.
Avant de partir, l’officier se rendit à Londres, où le Général Bramwell Booth le forma. «Avant notre départ, le Général nous a encore reçus et nous a donné le drapeau pour le Brésil», écrivit-il.
Les débuts au Brésil furent pénibles. David Miche avait des problèmes avec la langue. Contrairement à son épouse Stella, il ne parvint jamais à apprendre le portugais. Quelques mois après son arrivée à Rio de Janeiro, il écrivait: «Nous avons une tâche importante à entreprendre et ne pouvons pas encore dire comment nous pourrons au mieux communiquer notre message. Cependant, les rencontres en plein air, qui ont toujours été un outil de travail efficace, nous aideront ici aussi. Dans les rues, notre uniforme nous donne une certaine visibilité. Quelquefois, des soldats nous saluent, pensant avoir devant eux des officiers étrangers. Le drapeau que nous a donné le Général est aussi observé avec intérêt par nos amis brésiliens.»
Peu de temps après avoir écrit ces lignes et après de longues recherches, Miche trouva une grande salle pour 150 personnes à louer. Infatigable, il continuait à travailler. Grâce à ses bonnes relations avec le maire et le chef de la police de Rio de Janeiro, il parvint à obtenir un stand pour l’Armée du Salut à l’exposition nationale pour faire ainsi mieux connaître l’organisation. Des bienfaiteurs influents et riches, sensibles à l’approche chrétienne de l’Armée du Salut, la prirent sous leur aile. Des officiers continuaient à arriver d’Argentine, où l’Armée du Salut était présente depuis 1890, pour soutenir le travail de l’organisation.
Au Brésil, David Miche devait aussi trouver des personnes afin de mettre en route le travail de l’Armée du Salut. Parmi les adresses de contact qu’il avait emportées d’Europe, il y avait celle de Christian Balmer. Cet homme, originaire de l’Oberland bernois, travaillait pour une entreprise d’exportation de café à Santos. Lorsqu’il apprit l’arrivée de l’Armée du Salut au Brésil, il décida de devenir officier. Cet homme d’affaires expérimenté et doué en langues fut le premier officier consacré au Brésil, où il resta jusqu’à sa mort, à l’âge de 100 ans.
Le colonel Miche supportait mal le climat tropical du Brésil. A son arrivée, sa santé n’était déjà pas au beau fixe et il se battait constamment contre les maladies. Sa femme et lui rentrèrent en Suisse au début de l’année 1928. Il prit sa retraite une année plus tard et mourut en 1938. Stella Miche retourna ensuite au Brésil où elle vécut chez l’un de leurs fils.
Pour Miche le pionnier, le Brésil ne fut qu’une brève aventure. Après la pose de la première pierre, d’autres personnes poursuivirent son travail, dont de nombreux Suisses qui œuvrent aujourd’hui encore au Brésil. Ensemble, les plus de 30 Suissesses et Suisses qui ont travaillé pour l’Armée du Salut au Brésil y ont servi durant quelque 400 années.

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