mercredi 3 décembre 2014

Héros de la foi francophones (ou en Francophonie) - 4 - Bernard de Clairvaux


Bernard de Clairvaux : Le dernier des pères de l’Eglise 
Bernard de Fontaine est né en 1090 et mort en 1153, à l’âge de 63 ans. Né dans une grande famille de Bourgogne, Bernard est le 3ème de 7 enfants. A l’âge de 9 ans, on l’envoie à l’école de Châtillon-sur-Seine, où il montre un goût particulier pour la littérature. Il est doué d'une grande intelligence et d'une forte volonté, mais il est extrêmement timide, méditatif, rêveur. En 1112, il entre à l'abbaye de Cîteaux, près de Dijon, fondée en 1098, et dont Étienne Harding vient juste d'être élu abbé. Déjà là, sa force de persuasion est telle que c’est accompagné d’une trentaine de jeunes qu’il entre à Cîteaux, qu’il choisit en raison de la rigueur avec laquelle y est observée la règle de Saint-Benoît, contrastant avec le relâchement qui s’était introduit dans toutes les autres branches de l’Ordre bénédictin.
Novice à 21 ans, il se montre un écolier docile. La rude ascèse de la nouvelle observance lui plait d’emblée: nourriture frugale (fèves, raves et soupes de feuilles de hêtre), mobilier rustique et branlant, paillasses et couvertures juste nécessaires. Dans cette école de Charité, il apprend à aimer ses frères, et à aimer Dieu. Il s’investit dans une vie ascétique. Il prie sans cesse, lit les Ecritures, les Pères de l’Eglise, s’imprégnant des textes. Il met en pratique sur lui-même ce qu’il enseignera aux autres plus tard.
En 1115, Étienne Harding envoie le jeune homme à la tête d'un groupe de 12 moines pour fonder une nouvelle maison cistercienne dans la vallée de Langres. La fondation est appelée «claire vallée», qui devient ensuite «Clairvaux». Bernard est élu abbé de cette nouvelle abbaye, qui se construit avec les mêmes difficultés matérielles que Citeaux: défrichage de la forêt, mise en culture, cabanes sommaires tenant lieu de bâtiments, nourriture frugale. Les villageois environnants aident au début, mais se retirent rapidement. Tout fait défaut, mais la confiance en Dieu de Bernard est là.
Etre abbé nécessite, pour lui, la pureté de cœur, l’intention toujours droite, une charité forte, une volonté de donner l’exemple. D’une extrême sensibilité mais aussi d’une très grande exigence, il parle avec véhémence, avec une telle foi, un tel désir d’arracher à l’inertie que les moines qui le comprennent, le suivent avec ardeur et l’aiment. L'abbé, selon la règle de saint Benoît, est maître spirituel et responsable de l'enseignement doctrinal de sa communauté. Bernard va pouvoir communiquer l'objet de ses méditations. Il ne sera jamais un théoricien, un homme d'école. Ses écrits sont des écrits de circonstance, s'adressant toujours à des hommes qu'il faut aider à se convertir. Les débuts de Clairvaux sont difficiles: la discipline imposée par Bernard est très sévère. Epuisé et malade, doit se reposer durant un an; vivant à l'écart, dans une cabane, il peut se livrer à loisir à l'étude et à des entretiens avec des amis. Bernard poursuit ses études sur l'Écriture Sainte et sur les Pères de l'Église.
Bernard jouit d'une personnalité attirante, fascinante même. Il attire à Clairvaux une multitude de moines, qu'il recrute dans toutes les classes de la société: clercs, chevaliers, étudiants et manants. Son biographe parle de plusieurs grands «coups de filet» opérés au cours de ses voyages. Le premier a lieu à Châlons-sur-Marne, en 1116, d'où il ramène à Clairvaux une trentaine de jeunes gens, nobles et lettrés. À Reims, l'abbé obtient le même succès. D'un voyage en Flandre, en 1131, Bernard ramène encore une trentaine de jeunes gens, dont, parmi eux, Robert de Bruges, qui lui succédera comme abbé de Clairvaux. En 1140, l'évêque de Paris l'invite à parler aux étudiants. Son sermon, qui nous est parvenu, fait plus de vingt-cinq recrues. Les mères, disait-on, cachaient leurs fils lors de son passage et, «il devint, dit son biographe, la terreur des mères et des épouses; les amis redoutaient de le voir aborder leurs amis». Les gens affluent dans la nouvelle abbaye, et Bernard convertit même toute sa famille: son père, Tescelin, et ses cinq frères entrent à Clairvaux en tant que moines. Sa sœur, Humbeline, prend également l'habit au prieuré de Jully-les-Nonnains. Dès 1118, de nouvelles maisons doivent être fondées pour éviter l'engorgement de Clairvaux.
C'est à cette époque que Bernard rédige ses premières œuvres. Bernard est sans pitié pour la corruption morale ou vénale des clercs. Personne n'a été plus loin que lui dans la satire ou l'invective. Le ministère de l'Église est établi pour servir et non pour dominer. En devenant moine, Bernard souhaitait mener une vie recluse. De rencontre en rencontre, il se trouve en relation avec les hommes les plus en vue de l’époque et devient un personnage influent. Sa vie monastique va être longuement et fréquemment interrompue. On vient de plus en plus le consulter pour les affaires de l’Eglise. Mystique et contemplatif, Bernard est tout au long de sa vie arraché à la solitude de Clairvaux pour arbitrer des affaires royales, épiscopales, papales et internationales, à caractère religieux ou non...  Devenu une personnalité importante et écoutée dans la chrétienté, il intervient dans les affaires publiques, il défend les droits de l'Église contre les princes temporels, et conseille les papes.
Au cours de tous ses voyages, des témoins oculaires  rapportèrent de nombreuses guérisons miraculeuses, qui étaient pour la foule comme des signes tangibles de sa mission. Mais lui-même en parlait peu, attribuant sans doute à ces miracles une importance secondaire, les considérant seulement comme un signe de la miséricorde divine, palliant la faiblesse de la foi chez la plupart des hommes, conformément à la parole du Christ: «Heureux ceux qui croiront sans avoir vu.»
Bernard fonde jusqu'à 72 monastères, répandus dans toutes les parties de l'Europe: 35 en France, 14 en Espagne, 10 en Angleterre et en Irlande, 6 en Flandre, 4 en Italie, 4 au Danemark, 2 en Suède, 1 en Hongrie. En 1151, deux ans avant sa mort, il y a 500 abbayes cisterciennes. Clairvaux compte 700 moines.
Une fondation signifiait chaque fois le départ de douze moines avec, à leur tête, un abbé. L'abbé père avait à visiter ses abbayes filles. Quoi d'étonnant si Bernard fut un mois sur trois absent de son abbaye! Son influence spirituelle, celle de ses écrits, s'étendaient à tous ces moines. Il y en avait jusqu'à cinq cents dans certains monastères. Plusieurs accédèrent à des charges importantes dans l'Église: un pape, cinq cardinaux, onze évêques. Une dizaine ont laissé un nom dans l'histoire littéraire.
Moine à Cîteaux à l’âge de 22 ans, père abbé à 25, Bernard de Clairvaux fonde cinq abbayes avant d’avoir atteint sa trentième année. Réformateur des cisterciens, conseiller des rois et des papes, le saint, né en 1090 dans la décennie qui voit la première croisade, est également connu pour ses prédications lors de la deuxième croisade. Le rayonnement de ce docteur de l’Eglise est tel qu’on rédige sa biographie de son vivant. Certains le surnomment «le dernier des Pères de l’Eglise».

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