Pierre Valdo: Les pauvres de
Lyon
Vaudès, généralement connu sous
le nom de Pierre Valdo ou Valdès, est un riche marchand de Lyon né vers 1140 et
mort vers 1217. En ce début de XIIe siècle, le peuple était illettré, même les
nobles et les chevaliers ne savaient ni lire ni écrire. Seuls le clergé et les
marchands faisaient exception, ces derniers parce que leur commerce exigeait
certaines connaissances. Valdo était donc lettré, intelligent, pieux,
bienfaisant et de bonnes mœurs, honoré de tous. Il avait lu les écrits de pères
de l’Eglise et constaté combien l’Eglise romaine s’était éloignée du
christianisme, notamment au travers du dogme de la transsubstantiation et de
l’adoration de l’hostie. Il fut alors pris d’un grand désir de connaître les
Ecritures. Mais sa conscience fut vraiment réveillée un soir de 1170 alors
qu’il était à table avec quelques amis et que l’un d’eux tomba subitement mort.
Cet événement lui fit se poser une question: était-il prêt à rencontrer Dieu,
s’il mourait maintenant? il décida alors de renoncer au monde, abandonnant
femme et enfants (il vendit tous ses biens et partagea sa fortune en quatre
quarts: une partie pour sa femme, une pour ses filles, une pour ceux qu'il
pensait avoir lésé et une pour les pauvres) et de travailler désormais
uniquement à son salut, se conformant ainsi à la «parabole du jeune homme
riche» (Matthieu 19.16-30).
Mais cela ne donna pas à Valdo
la paix dans son âme. Il ne se satisfaisait pas de la doctrine du salut par les
œuvres. Il avait soif de connaître la Bible qui, à cette époque, n’existait
qu’en version latine. Aidé de deux prêtres, il entreprit donc de la traduire en
langage courant et, ce faisant, il comprit où se trouvait le salut: dans la foi
au Seigneur Jésus, mort pour nos fautes, et par sa seule grâce. Il se sentit
alors poussé à annoncer la Bonne Nouvelle. Sa maison devint une florissante
école et comme un hôpital public, pour héberger et nourrir les pauvres qui
venaient de dehors pour être instruits. Petit à petit, il forma des disciples
qui allaient deux par deux prêcher l’Evangile dans les rues et sur les places
publiques, écoutés et gagnant des âmes.
Comme Valdo et les siens
condamnaient les erreurs de Rome, rejetaient le purgatoire, les indulgences et
le culte des saints notamment, et les pratiques de ses prêtres, le clergé leur
enjoignit de cesser leur enseignement sous peine d’être excommuniés, jugés et
brûlés comme hérétiques. L’archevêque de Lyon voulut même faire saisir Valdo,
mais celui-ci avait tant d’amis dans cette ville qu’il put rester caché durant
trois ans, enseignant, encourageant et fortifiant les fidèles.
Le pape Alexandre III excommunia
Valdo et ordonna à l’archevêque de procéder avec la dernière rigueur contre lui
et ses disciples. Valdo fut ainsi contraint de fuir, avec un certain nombre
d’entre eux, et ils se réfugièrent dans de petites communautés chrétiennes en
désaccord avec Rome. Elles étaient nombreuses, du sud de l’Italie au nord de
l’Allemagne, et unies entre elles. Dans la main de Dieu, ces fugitifs, que l’on
appelait «les pauvres de Lyon», furent un moyen qui permit à l’Evangile de se
répandre dans toutes les contrées où ils passaient. Au Piémont, ils
rejoignirent d’autres exilés que l’on appelait les Vaudois, par analogie au
prédicateur lyonnais, et leur apportèrent leur Bible qui avait été
soigneusement recopiée. Les persécutions exercées avec persévérance et cruauté
par l’inquisition et le clergé eurent finalement raison de ces petits groupes de
chrétiens disséminés et qui refusaient de se soumettre à Rome. Ces communautés
désiraient pourtant rester au sein de l’Eglise romaine, mais annoncer leur foi
nouvelle, ce que Rome ne pouvait bien sûr tolérer. Elles ne subsistèrent que
dans les vallées du Piémont, où elles subirent les plus terribles persécutions
de la part de leurs ennemis.
Quant à Pierre Valdo, il se rendit d’abord avec nombre de ses disciples dans le sud de la France, puis il dut fuir de nouveau et se rendit en Picardie, en Allemagne et enfin en Bohême, travaillant toujours à l’œuvre du Seigneur. C’est dans cette région qu’il termina paisiblement ses jours.
Quant à Pierre Valdo, il se rendit d’abord avec nombre de ses disciples dans le sud de la France, puis il dut fuir de nouveau et se rendit en Picardie, en Allemagne et enfin en Bohême, travaillant toujours à l’œuvre du Seigneur. C’est dans cette région qu’il termina paisiblement ses jours.
C'est sous son impulsion, payant
de sa poche la traduction de plusieurs livres de la Bible en francoprovençal vers
1180, que naîtra un engouement populaire pour la lecture et la propagation de
la Bible en langue populaire et non plus en latin. En cela Vaudès est un
précurseur de la Réforme. De même, il est précurseur de la réforme en proposant
que les laïcs soient prédicateurs de l'évangile, tout croyant seul face à Dieu
pouvant porter le message.
Il est intéressant de signaler
l’existence encore à présent en Italie (avec une diaspora en Amérique Latine)
d’une Chiesa Valdese, dont Vaudès serait l’inspirateur. Les vaudois piémontais
réfugiés dans les villages abrités des pentes alpines orientales avaient
maintenu les principes des Pauvres de Lyon.
Mis en contact au début du XVIe siècle
avec la Réforme genevoise de Jean Calvin et Guillaume Farel, ils s'y rallièrent
lors du synode de Chanforan en 1532. Les vaudois deviennent protestants et leur
francophonie les pousse à financer la première traduction de la Bible en
français à partir de l'hébreu et du grec: c'est la Bible dite d’Olivétan (1535),
étape importante dans la promotion de la langue française.
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