lundi 17 novembre 2014

Héros de la foi francophones (ou en Francophonie) - 2 - Martin de Tours


Martin de Tour: Apôtre de la Gaule
Martin nait en Pannonie (Hongrie actuelle) de parents païens en 316 et meurt en Gaule en 397. Son père, de simple soldat, est devenu tribun, c’est-à-dire général. A l'âge de 10 ans, Martin entre dans une église, s'intéresse à la foi et commence une formation religieuse. Il songe même à aller vivre au désert. Le général, son père, ne l'entend pas de cette oreille. Irrité par l’attrait de Martin pour cette foi nouvelle, il force son fils de 15 ans à entrer dans l’armée (alors que l’âge légal de l’enrôlement est de 19 ans). Martin fait donc son service dans la cavalerie, puis passe à la garde de l'empereur. Il ne dépassera pas le grade de sous-officier.
Sous son bel uniforme, Martin demeura fidèle à ses sentiments religieux et à sa vocation première. Il fit donc l'apprentissage de la patience, qualité ô combien nécessaire à un moine! Il vivait en compagnie d'un serviteur, d'une ordonnance, ainsi qu'il convenait à sa qualité d'officier. Mais Martin renversait les rôles: c'était lui, le maître, l'officier, qui servait son serviteur. Il brossait les chaussures de ce dernier après l'avoir lui-même déchaussé. C'est lui aussi qui faisait le service de la table. Sans avoir reçu le baptême, Martin vivait déjà selon l'Evangile par ses bonnes œuvres, assistant les malades, secourant les malheureux, donnant de la nourriture et des vêtements aux indigents. Sur sa solde, il ne réservait que de quoi manger chaque jour.

Affecté en Gaule, peut-être pour sa connaissance du gaulois, c’est lors d’une de ces rondes de nuit qu’un soir d’hiver 338 à Amiens il partage son manteau avec un déshérité transi de froid car il n’a déjà plus de solde après avoir généreusement distribué son argent. Il tranche son manteau ou tout du moins la doublure de sa pelisse et la nuit suivante le Christ lui apparaît en songe vêtu de ce même pan de manteau. Il a alors 18 ans. Il va ensuite décider de se faire baptiser.

C’est aussi le temps où les grandes invasions germaniques se préparent; les Barbares sont aux portes de l’empire ; depuis longtemps déjà les milices auxiliaires des légions sont composées de mercenaires d’origine germanique. En mars 354, Martin participe à la campagne sur le Rhin contre les Alamans à Civitas Vangionum en Rhénanie; ses convictions religieuses lui interdisent de verser le sang et il refuse de se battre. Pour prouver qu’il n’est pas un lâche et qu’il croit à la providence et à la protection divine, il propose de servir de bouclier humain. Il est enchaîné et exposé à l’ennemi mais, pour une raison inexpliquée, les Barbares demandent la paix.

En 356, Martin obtient de quitter l'armée (il y servait depuis 25 ans), il vient à Poitiers auprès du fameux Hilaire qui lutte contre l'arianisme. Martin s'installe comme ermite à Ligugé, à quelques kilomètres de Poitiers. Il reçoit le ministère d'exorciste. Après quelques temps, Martin eut une vision dans son sommeil et il reçut l'ordre de rendre visite à sa famille encore païenne. Il s'en ouvrit à Hilaire qui lui accorda son consentement, tout en lui faisant prendre l'engagement de revenir à Poitiers. Au cours de son voyage, il fut un jour attaqué par des brigands. L'un des voleurs lui demanda s'il avait peur. Martin lui répondit qu'il n'avait jamais eu autant de courage et qu'il plaignait les brigands. Il se mit à leur expliquer l'évangile. Les voleurs le délivrèrent et l'un d'eux demanda à Martin de prier pour lui. Il va ensuite retrouver ses parents en Pannonie natale, et sa mère se convertit. Fidèle défenseur de la foi, Martin est persécuté et expulsé par les Ariens. Il subit à nouveau des persécutions dans les environs de Milan où il a établi son ermitage. Il va alors s'installer dans l'île déserte de Gallinaria, sur la côte Ligure. Il se nourrit de racines et d’herbes sauvages. Martin s’empoisonne avec de l’hellébore et il s’en faut de peu qu’il ne meure. Enfin, à la nouvelle du retour d'exil de saint Hilaire, il rentre en Poitou à l’âge de 44 ans.

Autour de lui, à Ligugé, Martin voit se rassembler de nombreux disciples qui forment une communauté à la fois de prière monacale et d'évangélisation. Avec eux Martin visite les pauvres et les malades. Homme de prière, il exerce la compassion et guérit les malades, tantôt par de simples remèdes, tantôt par l'huile des malades, et, parfois, par des guérisons extraordinaires. Martin ressuscite même les morts. En 371 à Tours, l’évêque en place Lidoire vient de mourir; les habitants veulent choisir Martin mais celui-ci s’est choisi une autre voie et n’aspire pas à l'épiscopat. Les habitants l’enlèvent donc et le proclament évêque le 4 juillet 371 sans son consentement; Martin se soumet en pensant qu’il s’agit là sans aucun doute de la volonté divine.

Évêque, Martin n'en demeure pas moins moine: il s'installe une cellule de l'autre côté de la Loire, entre le fleuve et le coteau de Marmoutiers. Peu à peu, quatre vingt moines le rejoignent en ce lieu. C'est de là qu'à nouveau, Martin évangélise les campagnes, s'attaquant en particulier aux hauts lieux du paganisme rural. Avec son équipe de mission, ils défient la puissance des dieux païens et s'attaquent à leurs temples. Rien de fâcheux ne leur arrivant les païens émerveillés en concluent que le vrai Dieu est celui des chrétiens.

Saint Martin a fondé, à l'époque, une «communauté nouvelle» centrée sur la prière certes, mais, tournée vers la compassion et l'évangélisation. Les villages et les campagnes sont évangélisés par ces missionnaires. Quand les conversions se produisent, on fonde sur place une église ou un ermitage et on laisse une petite «succursale» de la communauté nouvelle constituée de moines et de convertis. Avec le temps, elle se transformera en «paroisse».

Un jour, voyant des oiseaux pêcheurs se disputer des poissons, il explique à ses disciples que les démons se disputent de la même manière les âmes des chrétiens. Et les oiseaux prirent ainsi le nom de l'évêque; ce sont les martins-pêcheurs.

Au soir de sa vie, sa présence est requise pour réconcilier des clercs à Candes sur Loire, à l'ouest de Tours; l'urgence de l'unité de l'Église fait que malgré sa vieillesse, il décide de s'y rendre. Son intervention est couronnée de succès, mais le lendemain, épuisé par cette vie de soldat du Christ, Martin meurt à Candes, à la fin de l’automne, le 8 novembre 397 sur un lit de cendre comme mouraient les saints hommes 

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