Martin
de Tour: Apôtre de la Gaule
Martin nait en Pannonie
(Hongrie actuelle) de parents païens en 316 et meurt en Gaule en 397. Son père,
de simple soldat, est devenu tribun, c’est-à-dire général. A l'âge de 10 ans,
Martin entre dans une église, s'intéresse à la foi et commence une formation
religieuse. Il songe même à aller vivre au désert. Le général, son père, ne
l'entend pas de cette oreille. Irrité par l’attrait de Martin pour cette foi
nouvelle, il force son fils de 15 ans à entrer dans l’armée (alors que l’âge
légal de l’enrôlement est de 19 ans). Martin fait donc son service dans la
cavalerie, puis passe à la garde de l'empereur. Il ne dépassera pas le grade de
sous-officier.
Sous son bel uniforme, Martin demeura fidèle à ses sentiments religieux et
à sa vocation première. Il fit donc l'apprentissage de la patience, qualité ô
combien nécessaire à un moine! Il vivait en compagnie d'un serviteur, d'une
ordonnance, ainsi qu'il convenait à sa qualité d'officier. Mais Martin
renversait les rôles: c'était lui, le maître, l'officier, qui servait son
serviteur. Il brossait les chaussures de ce dernier après l'avoir lui-même
déchaussé. C'est lui aussi qui faisait le service de la table. Sans avoir reçu le baptême, Martin vivait déjà selon l'Evangile par ses
bonnes œuvres, assistant les malades, secourant les malheureux, donnant de la
nourriture et des vêtements aux indigents. Sur sa solde, il ne réservait que de
quoi manger chaque jour.
Affecté en Gaule, peut-être
pour sa connaissance du gaulois, c’est lors d’une de
ces rondes de nuit qu’un soir d’hiver 338 à Amiens il partage son manteau avec un déshérité transi de froid
car il n’a déjà plus de solde après avoir généreusement distribué son argent.
Il tranche son manteau ou tout du moins la doublure de sa pelisse et la nuit
suivante le Christ lui apparaît en songe vêtu de ce même pan de
manteau. Il a alors 18 ans. Il va ensuite décider de se faire baptiser.
C’est aussi le temps où les grandes invasions germaniques se
préparent; les Barbares sont aux portes de
l’empire ; depuis longtemps déjà les milices auxiliaires des légions sont
composées de mercenaires d’origine germanique. En mars 354, Martin participe à la
campagne sur le Rhin contre les Alamans à Civitas Vangionum en Rhénanie; ses convictions religieuses lui interdisent
de verser le sang et il refuse de se battre. Pour prouver qu’il n’est pas un
lâche et qu’il croit à la providence et à la protection
divine, il propose de servir de bouclier humain. Il est enchaîné et exposé à
l’ennemi mais, pour une raison inexpliquée, les Barbares demandent la paix.
En 356, Martin obtient de quitter l'armée (il y servait depuis 25 ans), il
vient à Poitiers auprès du fameux Hilaire qui lutte contre l'arianisme. Martin
s'installe comme ermite à Ligugé, à quelques kilomètres de Poitiers. Il reçoit
le ministère d'exorciste. Après quelques temps,
Martin eut une vision dans son sommeil et il reçut l'ordre de rendre visite à
sa famille encore païenne. Il s'en ouvrit à Hilaire qui lui accorda son
consentement, tout en lui faisant prendre l'engagement de revenir à Poitiers. Au cours de son voyage, il fut un jour attaqué par des brigands. L'un des
voleurs lui demanda s'il avait peur. Martin lui répondit qu'il n'avait jamais
eu autant de courage et qu'il plaignait les brigands. Il se mit à leur
expliquer l'évangile. Les voleurs le délivrèrent et l'un d'eux demanda à Martin
de prier pour lui. Il va ensuite retrouver ses parents en Pannonie
natale, et sa mère se convertit. Fidèle défenseur de la foi, Martin est
persécuté et expulsé par les Ariens. Il subit à nouveau des persécutions dans
les environs de Milan où il a établi son ermitage. Il va alors s'installer dans
l'île déserte de Gallinaria, sur la côte Ligure. Il se nourrit de racines et
d’herbes sauvages. Martin s’empoisonne avec de l’hellébore et il s’en faut de peu
qu’il ne meure. Enfin, à la nouvelle du retour d'exil de saint Hilaire, il
rentre en Poitou à l’âge de 44 ans.
Autour de lui, à Ligugé, Martin voit se rassembler de nombreux disciples
qui forment une communauté à la fois de prière monacale et d'évangélisation.
Avec eux Martin visite les pauvres et les malades. Homme de prière, il exerce
la compassion et guérit les malades, tantôt par de simples remèdes, tantôt par
l'huile des malades, et, parfois, par des guérisons extraordinaires. Martin
ressuscite même les morts. En 371 à Tours, l’évêque
en place Lidoire vient de mourir; les habitants veulent choisir Martin
mais celui-ci s’est choisi une autre voie et n’aspire pas à l'épiscopat. Les
habitants l’enlèvent donc et le proclament évêque le 4 juillet 371 sans son consentement;
Martin se soumet en pensant qu’il s’agit là sans aucun doute de la volonté
divine.
Évêque, Martin n'en demeure pas moins moine: il s'installe une cellule de
l'autre côté de la Loire, entre le fleuve et le coteau de Marmoutiers. Peu à
peu, quatre vingt moines le rejoignent en ce lieu. C'est de là qu'à nouveau,
Martin évangélise les campagnes, s'attaquant en particulier aux hauts lieux du
paganisme rural. Avec son équipe de mission, ils défient la puissance des dieux
païens et s'attaquent à leurs temples. Rien de fâcheux ne leur arrivant les
païens émerveillés en concluent que le vrai Dieu est celui des chrétiens.
Saint Martin a fondé, à l'époque, une «communauté nouvelle» centrée sur la
prière certes, mais, tournée vers la compassion et l'évangélisation. Les
villages et les campagnes sont évangélisés par ces missionnaires. Quand les
conversions se produisent, on fonde sur place une église ou un ermitage et on
laisse une petite «succursale» de la communauté nouvelle constituée de moines et
de convertis. Avec le temps, elle se transformera en «paroisse».
Un jour, voyant des oiseaux pêcheurs se disputer des
poissons, il explique à ses disciples que les démons se disputent de la même
manière les âmes des chrétiens. Et les oiseaux prirent ainsi le nom de
l'évêque; ce sont les martins-pêcheurs.
Au soir de sa vie, sa présence est requise pour réconcilier des clercs à Candes sur Loire, à l'ouest de Tours;
l'urgence de l'unité de l'Église fait que malgré sa vieillesse, il décide de
s'y rendre. Son intervention est couronnée de succès, mais le lendemain, épuisé
par cette vie de soldat du Christ, Martin meurt à Candes, à la fin de
l’automne, le 8 novembre 397 sur un lit de cendre
comme mouraient les saints hommes
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