William Booth et l’Armée du Salut
William Booth est devenu chrétien dans une église
méthodiste. Il a rapidement été attiré par les pauvres et les nécessiteux, tant
pour les amener au salut que pour s’occuper de leur bien-être. Il a épousé
Catherine Mumford et ils ont fondé l’Armée du Salut en 1878. Parents de huit
enfants, ils pratiquaient dans leur maison les principes de formation de
disciples avec leurs propres enfants qui, au fil des années, se sont tous
impliqués dans des responsabilités et des projets pionniers dans le mouvement
salutiste.
«Ce qui est
remarquable, c’est que les Booth ont non seulement confronté les réalités
sociales et économiques, mais qu’ils ont aussi rejoint les cœurs des individus,
en les changeant de l’intérieur,» écrit Corinne Gossauer-Perroz, ex-officière
de l’Arme du Salut, dans son livre.[1]
Ils ont été des pionniers et des révolutionnaires dans de nombreux aspects
sociaux, mais leur contribution à l’évangélisation et à la formation des
enfants ainsi que la modélisation et la formation des familles sont moins
connues.
William et
Catherine ont été sensibles à la souffrance des enfants à une époque où
beaucoup ne les considéraient pas comme importants. Ils les ont vus non
seulement comme un objet de mission (nous devons en prendre soin et agir en
leur faveur), mais aussi comme des agents de mission (ils ont du potentiel et
peuvent être utilisés par Dieu). Certains des officiers de Booth sont en fait
devenus chrétiens à un très jeune âge par le travail de l’Armée du Salut, comme
le montrent les quelques exemples suivants:
Dieu a
accompli des merveilles parmi les enfants dans chaque pays, de telle sorte que
nous avons maintenant des milliers d’officiers qui ont été gagnés pendant leur
enfance grâce à cette œuvre parmi les plus jeunes…[2]
Beaucoup de
nos officiers principaux aujourd’hui se sont convertis avant l’âge de dix ans
et ainsi, à trente ans, ils étaient déjà des vétérans dans le Combat.[3]
L’autre
jour, j’ai entendu un capitaine expliquer comment il a été «enrôlé» dans
l’Armée à l’âge de dix ans […] Quel qu’ait pu être le mépris que sa décision a
pu engendrer chez les plus âgés ce soir-là, Dieu l’a entendu et l’a sauvé, et
il combat aujourd’hui sous notre drapeau dans les Indes Occidentales.[4]
Et d’autres,
qui sont venus à Christ pendant leur enfance, occupent maintenant des positions
d’influence tout autour du monde. L’un d’entre eux se souvient, quand il avait
quinze ans, avoir entendu le général […] Et nous n’avons aucun moyen de
calculer combien de jeunes disciples tels que lui ont été également aidés par
le général à entrer dans une vie conquérante.[5]
Ces exemples
nous montrent que William Booth considérait que pour éradiquer la pauvreté et
changer la société, vous devez commencer quand les gens sont jeunes. En fait,
plus ils sont jeunes, mieux c’est. Et pour changer la société, vous devez
impliquer les gens de manière active dans le processus de transformation, et là
aussi vous n’avez pas besoin d’attendre qu’ils deviennent adultes. Ils peuvent
commencer à servir comme «petits soldats» dans l’armée transformatrice de Dieu
dès leur enfance.
Le cœur de William était très sensible aux enfants. Il a
dit une fois: «Partout où des petits enfants gémissent, l’Armée du Salut doit y
être.»[6]
Sur son lit de mort, il a appelé son successeur, son fils Bramwell, et lui a
dit: «Oh! les enfants, Bramwell, veille sur eux…
Promets-le-moi!» Après avoir reçu la réponse attendue, le vieillard de
poursuivre en souriant: «Souviens-toi: si tu oublies ta promesse, je reviendrai
te hanter.»[7]
William a même écrit un ouvrage magistral, The Training of Children: How to Make the
Children Saints and Soldiers of Jesus Christ, qui nous donne une
perspective sur la largeur de sa vision: habillement, éducation, lecture,
boissons fortes, tabac, industrie, santé, hygiène alimentaire, construction de
leur caractère, discipline autant que le salut des enfants et leur enrôlement
dans l’Armée.[8]
William avait vraiment un profond respect pour
la foi des enfants et des adolescents, et il croyait que Dieu pouvait les utiliser
dès leur plus jeune âge. Dans The
Training of Children, en réponse à la question: «Mais que peuvent bien
faire des enfants?», il répond:
Ils peuvent faire pour le petit monde dans
lequel ils vivent autant que des adultes peuvent en faire pour leur grand
monde. Ils peuvent vivre des vies saintes. Ils peuvent témoigner de la
puissance de Dieu pour sauver. Ils peuvent chanter les chants du salut si
mélodieusement que souvent, même des adultes fiers et endurcis seront poussés à
écouter, seront touchés et se mettront à pleurer. Ils peuvent prier – peut-être
pas avec le même talent oratoire, ou la même aptitude à transmettre de grandes
quantités d’informations au Tout-Puissant; mais néanmoins ils peuvent
intercéder pour les âmes et prier la prière fervente et efficace, qui a autant
de résultat avec un petit enfant qu’avec un homme adulte, quand la prière est
inspirée par le Saint-Esprit. Je connais une femme qui a été impliquée dans de
grandes batailles de prière pour Dieu. Je l’ai entendue dire comment elle avait
l’habitude de ressentir les fardeaux des âmes fréquemment, avant l’âge de douze
ans, avec tant de force qu’elle pouvait s’agenouiller dans la rue pour prier
pour eux. Et sans aucun doute elle l’aurait fait s’il y avait eu une Armée du
Salut pour lui en donner l’opportunité.
Les enfants peuvent aussi avertir d’autres
enfants – oui, et des adultes aussi; non d’une manière très forte et
terrifiante, peut-être, mais qui ne les empêcherait pas d’être entendus malgré
tout. Et ils peuvent exhorter les autres à en faire de même. De la bouche des
enfants et de ceux qui sont à la mamelle, le grand Maître a été, et sera
toujours suffisamment sage pour provoquer des résultats qui démontreront sa
louange.[9]
Pour les Booth, la
famille et le ministère n’étaient pas séparés. Leur foyer était aussi utilisé
comme quartier général pour l’Armée, pour la planification stratégique et les
réunions de prière, et leurs enfants étaient pleinement impliqués dans les
projets de l’Armée du Salut dès leur plus jeune âge. En fait, quand le Seigneur
a déposé un tel fardeau pour les pauvres sur son cœur après avoir prêché sous
une tente d’évangélisation, William est rentré chez lui et a annoncé à sa
femme: «Oh, Kate, j’ai trouvé ma destinée! … Et là dans mon âme, je me suis
offert, ainsi que toi et les enfants pour cette grande tâche.» Cette nuit-là,
l’Armée du Salut est née![10]
Ses enfants ont été impliqués très jeunes et naturellement aux côtés de leurs
parents, pour donner des témoignages dans les réunions.[11] Il les emmenait
avec lui sur le champ et partageait son cœur et ses fardeaux avec eux, semant
une vision dans leur cœur («Regarde là,» dit le général à son fils aîné, alors
âgé de treize ans, en le conduisant tard un dimanche soir dans un bar
surpeuplé. «Ce sont les gens pour lesquels j’aimerais que tu vives et
travailles.»[12]). Hélène Naville ajoute:
William et
Catherine attachaient toujours une grande importance à la vie de famille, et
ils étaient principalement préoccupés d’amener tous leurs enfants à la foi en
Christ et de les former pour le servir. L’histoire de l’Armée du Salut est en
fait l’histoire plus large de la famille Booth. C’est la démonstration
quasiment unique d’une grande organisation religieuse ayant commencé dans une
famille avant d’envahir la sphère publique. Elevés dès le début dans
l’obéissance, les enfants Booth ont
constitué un noyau autour de leurs parents, un noyau qui est devenu le
fondement de l’Armée du Salut.[13]
Ainsi, pour les Booth,
les parents avaient clairement la responsabilité première pour la formation
spirituelle de leurs enfants. William Booth a écrit son livre The Training of Children comme un manuel
avec des questions et des réponses. Au chapitre cinq, sous la question:
«Pourquoi les parents sont-ils tenus responsables de leur formation plus que
n’importe qui d’autre?», il répond:
Parce que
les enfants leur sont confiés exactement dans ce but – c’est le devoir
particulier des parents. Ils sont des gérants devant Dieu, responsables envers
lui pour la décharge de cette responsabilité. Chaque père et chaque mère
devrait considérer son enfant comme une confiance sacrée accordée par Dieu,
autant que s’il avait été envoyé dans leurs bras directement du ciel par un
ange, avec le même commandement que la fille de Pharaon a donné pour l’enfant Moïse quand elle l’a
placé sous la responsabilité de sa mère: «Emporte cet enfant et allaite-le pour moi; je te
donnerai ton salaire.» (Exode 2:9).[14]
Pour les Booth, leurs
enfants faisaient partie de l’équipe. Ils étaient inclus dans le ministère,
dans les discussions. Ils étaient discipulés et formés en étant impliqués dans,
pas en étant protégés du ministère.
Il arrive
parfois que les enfants soient privés de l’amour et de la sécurité dont ils ont
besoin en raison de la lourde implication de leurs parents dans des activités
chrétiennes. Cela a certainement été observé dans certains foyers de l’Armée du
Salut, où les enfants ont parfois senti qu’ils ne venaient qu’après le service
de leurs parents pour l’Armée. Comment se fait-il que les enfants Booth n’aient
pas eu ce même sentiment, mais qu’ils se soient sentis en sécurité dans
l’attention et l’amour de leurs parents? Peut-être que la première raison est
que depuis très jeunes ils ont été rendus conscients du but du travail de leurs
parents et qu’ils n’en étaient pas exclus. Sans aucun doute, il y avait des
questions privées à discuter, mais pour la plupart il semblait que quand
l’œuvre du Royaume était discutée, les enfants y participaient, et que par
conséquent ils ne s’en sentaient pas exclus. Ils étaient ensemble en famille
dans tous les sens du terme, et les enfants n’ont jamais senti que leurs
parents étaient si préoccupés par les affaires chrétiennes qu’ils ne donnaient
à leurs enfants que la seconde place. Ils ont certainement été encouragés à se
sentir responsables du bien-être des autres et à aider autant qu’ils le
pouvaient […] Peut-être n’est-ce pas tant une activité intense, qu’elle soit
chrétienne ou non, de la part des parents qui divise la famille et rend
l’éducation efficace difficile, si non impossible, mais l’exclusion des enfants
de l’activité des parents. Là où il y a une intégrité de vie familiale, les
enfants sentent qu’ils sont une partie vitale de l’activité, écartant tout
sentiment de négligence ou de rejet, des émotions qui entraînent fréquemment un
comportement rebelle qui constitue l’expression extérieure d’un besoin
désespéré d’attention et d’amour démontré.[15]
Pour conclure avec
William Booth et son cœur pour les enfants, lisons cette dernière citation
tirée de son livre The Training of
Children:
Mais si vous réfléchissez plus loin à la
possibilité de lever une multitude d’hommes et de femmes dont les corps n’ont
jamais été empoisonnés par de vicieuses indulgences, dont les esprits ont été
éclairés et remplis des principes de la Vérité divine dès leur plus tendre
enfance, et dont les cœurs ont été inspirés dès le début par l’amour de Christ
et possédés par une ambition suprême de glorifier le Père, détrôner le diable,
détruire le péché et sauver le monde! Et qui, dans tous leurs calculs pour le
futur, ne rechignent devant aucun sacrifice à faire, aucune croix à porter ou
aucune souffrance à endurer, nécessaires au succès de leur entreprise!
Nous pouvons voir dans une telle force un pâle
reflet qui laisse présager du moment où tous le connaîtront, du plus petit
jusqu’au plus grand. Et le fait de susciter une telle force doit être digne de
tout sacrifice et de toute peine ou engagement de notre part. Dépêchons-nous de
mettre en œuvre les moyens de convertir, d’enseigner, de veiller sur, de former
et d’utiliser les enfants, et l’on pourrait bien dire non seulement d’individus
mais de nations entières: «Un petit enfant les conduira.»[16]
Pour ceux que cela intéresse, cette portion est un extrait d'une étude de trente-quatre pages que j'ai écrite sur la vision de William Booth pour les enfants et les familles, je vous l'envoie volontiers sur demande.
[1]. Corinne Gossauer-Perroz, Prier 15
jours avec William et Catherine Booth, Fondateurs de l’Armée du Salut
(Bruyères-le-Châtel: Nouvelle Cité, 2008), p. 10.
[2]. George Scott Railton, The Authoritative Life of General William
Booth (George H. Doran Company, 1912), p. 317.
[3]. Ibid., pp. 319-320.
[4]. Ibid., p. 334.
[5]. George Scott Railton, The Authoritative Life of General William
Booth, p. 335.
[6]. Ibid., p. 243.
[7]. Claire-Lise de Benoît, L’important c’est l’enfant (Lausanne:
Editions Ligue pour la Lecture de la Bible, 1993), p. 9.
[8]. William Booth, The Training of Children: How to Make the
Children into Saints and Soldiers of Jesus Christ (1882), The Gospel Truth,
consulté le 17 décembre 2014, http://www.gospeltruth.net/booth/
Boothtrainingchildren/booth_child_training_main.htm.
[9]. Booth, The Training of Children.
[10]. Railton, The Authoritative Life of General William
Booth, p. 146.
[11]. Ibid., p. 165.
[12]. Railton, The Authoritative Life of General William
Booth, p. 172.
[13]. Hélène Naville, Catherine Booth et la fondation de l’Armée
du Salut (Editions Forum, 1925), p. 78.
[14]. Booth, The Training of Children.
[15]. Essais édités par
Clifford W. Kew, Catherine Booth: Her
Continuing Relevance (London: The Salvation Army International
Headquarters, 1990), pp. 95-96.
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