Robert Raikes et le mouvement de l’école du dimanche
Alors que nous arrivons au terme du 18ème
siècle, il est temps de parler de Robert Rikes et du mouvement de l’école du
dimanche. Robert Raikes était imprimeur et éditeur du Gloucester Journal en Angleterre. Pendant ses congés, il visitait
souvent les prisonniers dans les geôles de Gloucester. Il y trouvait les parias
de la société vivant dans les circonstances les plus alarmantes. La plupart
d’entre eux étaient malades, ou même mouraient de surcharges de travail. Ils
vivaient dans des espaces confinés et insalubres, surpeuplés avec pratiquement
aucune nourriture. Même des enfants se trouvaient parfois emprisonnés avec les
pires criminels. Robert en était triste, mais il ne savait pas que faire.
Pourtant, il a commencé à en parler dans son journal. En fait, «l’amélioration
des conditions de détention à la fin du siècle en Angleterre est largement due
à Robert Raikes et à son journal, qu’il utilisait comme instrument pour toucher
l’opinion publique en faveur des classes défavorisées qui souffraient.»[1]
Raikes a été frappé par la situation des enfants. La
plupart de leurs parents étaient soit morts, soit en prison. Ils travaillaient
douze heures par jour, voire davantage, dans les moulins et les filatures. Les
gens les appelaient «les esclaves blancs d’Angleterre». Il a décidé de démarrer
une école du dimanche pour leur enseigner à écrire et à lire pendant une partie
de la journée, et leur enseigner la Bible pendant l’autre partie. Il ne lui a
pas fallu longtemps pour rassembler une centaine d’enfants entre six et
quatorze ans. Même s’ils n’étaient enseignés qu’un seul jour par semaine, leur
comportement a commencé à s’améliorer. Maintenant, ils avaient quelque chose
pour quoi se réjouir après avoir travaillé si dur chaque jour de la semaine.
Les policiers de la ville rapportèrent à Robert que les enfants ne volaient et
ne se battaient plus autant qu’avant.[2]
Robert attendit trois ans pour voir si ses écoles du
dimanche avaient du succès. Puis il imprima une histoire décrivant ces
nouvelles écoles du dimanche. Bientôt, près de quatre mille nouvelles Ecoles du
dimanche ont été démarrées dans des villes de toute l’Angleterre. Robert a même
utilisé sa presse d’imprimerie pour publier des livres de lecture,
d’orthographe, d’étude biblique et des portions des Ecritures pour les écoles
du dimanche. Un jour, il dit à son ami le révérend Stock: «Thomas, mon père est
mort, et avant lui son père est mort. Un jour, nous allons vieillir et mourir à
notre tour. Mais le monde ne va pas mourir avec nous. Le monde avance par les
pieds des petits enfants.» Il existait déjà des écoles du dimanche avant
Raikes, mais il a réussi à répandre la vision par son journal et à en faire un
mouvement.[3]
Le mouvement de l’école du dimanche a
eu un immense impact social. Adam Smith, le célèbre économiste de l’époque, a
écrit à son sujet: «Aucun projet n’a promis d’entraîner un tel changement dans
les manières avec une facilité et une simplicité aussi grande depuis l’époque
des apôtres.»[4] En juillet 1784, John Wesley a écrit
dans son journal que des écoles du dimanche «surgissaient partout.»[5]
En 1831, lorsque Lord Shaftesbury dévoila la statue créée en l’honneur de
Raikes (mort en 1805), les écoles du dimanche en Grande-Bretagne enseignaient
1’250’000 enfants chaque semaine, approximativement vingt-cinq pour cent de la
population.[6] Comme ces écoles ont
précédé la première étape de financement des écoles pour la population
générale, elles sont perçues comme les précurseurs du système scolaire anglais
actuel.
Edwin Rice, dans son livre The Sunday
School Movement and the American Sunday School Union, indique qu’une des
motivations de Raikes était la réforme du pays, à commencer par les enfants.
Rice a posé la question en se mettant dans la peau de Raikes: «Le vice peut-il
être prévenu? Si c’est le cas, mieux vaut prévenir le crime que de le punir. Ces
masses ignorantes peuvent-elles être élevées hors de cet état vicieux et misérable?»
Rice semble également avoir cité Raikes quand il a utilisé la phrase: «Le fait
de planter des semences constitue un complot pour faire croître quelque chose
de digne et de respectable à partir des taudis grouillants et des souillures
morales.»[7]
Ainsi, la vision de Raikes n’était pas uniquement religieuse. L’Ecole du
dimanche était bien plus qu’un programme d’occupation et de divertissement pour
les enfants pendant le culte du dimanche matin, ou même qu’une volonté de les
informer au sujet de Dieu. Sa vision consistait à amener la transformation dans
la société, en commençant par les enfants, en leur donnant les moyens de sortir
de leur condition de pauvreté et d’espérer un avenir meilleur. C’était une
réponse réelle aux problèmes réels de son époque. Et pour lui, l’éducation n’était
clairement pas la seule réponse. L’éducation devait aller main dans la main
avec la lecture de la Bible et l’enseignement pour développer la dimension
morale des enfants.
Les fondateurs
de l’école du dimanche plaçaient plus de valeur sur la formation proactive pour
les enfants afin qu’ils apprennent les bons comportements que sur la formation
réactive pour les adultes afin qu’ils désapprennent les mauvais comportements.
Si l’enfant pouvait apprendre la moralité et établir de bons fondements
éthiques dès son plus jeune âge, alors la société dans son ensemble en
bénéficierait demain.[8]
Il est maintenant temps de mentionner
trois hommes dont le ministère pendant la seconde moitié du 19ème
siècle dépassait largement le cadre des enfants et des familles, mais qui ont
malgré tout considérablement contribué à préparer la jeune génération: William
Booth, Charles Haddon Spurgeon et Dwight Lyman Moody.
[1]. Elmer L. Towns, «Robert Raikes: A Comparison With earlier Claims to
Sunday School Origins,» consulté le 17 décembre 2014,
http://www.biblicalstudies.org.uk/pdf/eq/1971-2_068.pdf, 72.
[2]. «Robert Raikes and How we Got
Sunday School,» Christianity.com, consulté le 17 décembre 2014, http://www.christianity.com/church/church-history/church-history-for-kids/robert-raikes-and-how-we-got-sunday-school-11635043.html.
[3]. Ibid.
[4]. John Rae, Life of Adam Smith
(London & New York: Macmillan & Co, 1895).
[5]. «Robert Raikes,» Spartacus Educational, consulté le 17 décembre 2014,
http://spartacus-educational.com/EDraikes.htm.
[6]. Towns, «Robert Raikes: A Comparison with Earlier Claims to Sunday School
Origins,» p. 81.
[7]. Ibid., pp. 73-74.
[8]. Dr. Darren W. Thomas, The Role,
History, and Decline of the Sunday School, consulté le 17 décembre 2014, http://eridan.websrvcs.com/clientimages/36689/historyofthesundayschool.pdf,
p. 3.
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