Nous commençons cette semaine le
chapitre sur les enfants et les familles dans l'histoire de l'Eglise. Bonne
lecture...
3.
Arrière-plan historique
Comment l’église a-t-elle approché la formation et
l’accompagnement des enfants tout au long de son histoire? Quel a été l’accent
que Dieu a placé à chaque époque?
Cette section vous propose un large survol
des enfants dans l’histoire de l’église, et je propose de l’organiser en
plusieurs étapes chronologiques:
I. L’église
primitive et médiévale, avec un accent principal sur la vérité au sujet des
enfants (doctrine) et l’ordre pratique dans le foyer.
II. La Réforme,
avec un accent principal sur l’éducation des enfants dans la vérité et le
développement de l’éducation chrétienne.
III. L’ère moderne,
avec un accent sur l’éducation des enfants dans l’Esprit et le fait de les
inviter à vivre le salut, l’implication spirituelle, la vie de l’Esprit et la
mission.
IV. J’ajoute une
section spéciale pour décrire la montée des organisations et des ministères
interdénominationnels à la fin de l’ère moderne.
V. L’ère
postmoderne de globalisation, de réseautage et de pensée du Royaume.
Dans
notre conclusion, nous allons tenter de comprendre les temps dans lesquels nous
vivons et la façon dont ce cheminement du travail parmi les enfants dans
l’histoire de l’Eglise peut nous préparer pour le prochain mouvement de Dieu.
I.
L’église primitive et médiévale – La vérité au sujet des enfants
Les
pères de l’Eglise
Lorsque
l’Eglise a démarré après la Pentecôte, nous n’entendons pas beaucoup parler des
enfants, du moins de leur formation. Certains pères de l’Eglise ont écrit à
leur sujet, donnant des indices simples, mais importants sur la valeur des
enfants et sur leur éducation dans l’église primitive.
Nous
lisons par exemple dans la lettre de Barnabas (74 après J.-C.),
Tu ne
tueras pas l’enfant par un avortement; de même, tu ne le détruiras pas après sa
naissance. Tu ne retireras pas ta main de ton fils, ou de ta fille, mais depuis
leur tendre enfance tu leur enseigneras la crainte du Seigneur.[1]
Ceci était
important à une époque où le pater familia romain, le père de famille,
avait un droit de vie ou de mort sur ses propres enfants. Les chrétiens ont
commencé à recueillir les bébés abandonnés par leurs parents et à les élever
comme si c’était les leurs. Si des païens recueillaient aussi de tels enfants
abandonnés, c’était la plupart du temps pour des desseins immoraux. Justin
Martyr a dénoncé au second siècle (env. 100-165 ap. J.-C.) la pratique de
l’abandon des enfants:
Quant à nous, on nous a enseigné qu’exposer des enfants
nouveau-nés est le fait d’hommes mauvais… Nous refusons de le faire,
premièrement parce que nous voyons que pratiquement tous ceux qui sont ainsi
exposés – les garçons comme les filles – sont ensuite élevés pour la
prostitution. Comme on disait des anciens qu’ils élevaient des troupeaux de
bétail, de chèvres, de moutons ou de chevaux, nous voyons maintenant que vous
élevez des enfants pour des desseins honteux.[2]
Pourquoi
l’attitude des premiers chrétiens envers les enfants était-elle si inhabituelle?
Simplement parce qu’elle reconnaissait l’enfant comme une personne. Tant les
enfants que les adultes étaient égaux dans le royaume de Dieu. Les chrétiens
enseignaient que Dieu se préoccupait des enfants, aussi bien que des esclaves,
des femmes ou des barbares, autant qu’il se préoccupait des hommes. L’entrée
dans le royaume de Dieu ne dépendait pas de la richesse, du statut, de
l’éducation ou du mérite personnel. Par conséquent, le salut était offert aux
enfants autant qu’aux adultes.[3]
Bien que
les enfants soient acceptés comme faisant partie de l’église primitive, il n’y
avait pas de programmes d’éducation chrétienne pour les enfants. Il y avait des
classes pour les catéchumènes ou ceux qui souhaitaient rejoindre l’église, mais
pas de classes spécifiques ou d’écoles pour les enfants. Ceci était dû en
partie à la pauvreté de l’Eglise primitive et à la persécution que l’Eglise a
enduré pendant les premiers siècles. Et il y avait la conviction qu’une telle
formation était premièrement du ressort des parents. Plusieurs responsables
d’église ont écrit des lettres et des sermons pour les parents en les
instruisant de donner une éducation chrétienne adéquate à leurs enfants.
Clément de
Rome, pape à la fin du premier siècle, a écrit quelques années plus tard:
Honorons ceux qui sont établis au-dessus de nous; respectons
nos anciens, instruisons nos jeunes hommes dans la discipline et la crainte du
Seigneur … Que nos enfants prennent part à l’instruction du Christ; qu’ils
apprennent quel grand profit l’humilité procure devant Dieu, quel pouvoir un
amour pur représente devant lui, combien sa crainte est grande et excellente,
elle qui nous sauve pour vivre en lui dans la sainteté avec une conscience
pure.[4]
Il ajoute:
«La principale leçon pour la vie doit être mise en œuvre dans l’âme dès le plus
jeune âge. La principale leçon pour les enfants consiste à connaître le Dieu
éternel, Celui qui donne la vie éternelle.»[5]
Polycarpe (69-155 ap.
J.-C.) encourage aussi les mères à «éduquer leurs enfants dans
l’instruction et la crainte de Dieu.»[6] Peu avant son martyr à l’âge de
quatre-vingt-quinze ans, il déclare: «Pendant quatre-vingt-six ans, j’ai
servi le Seigneur.»[7]
Un signe que pour lui, il servait déjà Dieu en tant qu’enfant?
Lactance (250-325 ap. J.-C.) a mis l’accent sur l’exemple montré par les
parents: «Les choses que les parents enseignent à leurs enfants ne peuvent pas
avoir de poids à moins qu’ils ne soient les premiers à les pratiquer.»[8]
[1]. Auteur inconnu, The Epistle of
Barnabas, XIX:10, The Crossroads initiative, consulté le 13 novembre 2014, https://www.crossroadsinitiative.com/library_article/172/Letter_of_Barnabas.html.
[2]. Diane Severance, «Jesus Loved Children,» Christianity.com, consulté le 23
février 2015,
http://www.christianity.com/church/church-history/timeline/1-300/jesus-loved-children-11629553.html.
[3]. Ibid.
[4]. Clément de Rome, «Epistle to the Corinthians, XXI:6-8,» dans A Translation of the Epistles of Clement of
Rome, Polycarp and Ignatius, ed. Rev.
Temple Chevallier (Cambridge, UK: J. J. Deighton, 1883), p. 23.
[5]. Clément de Rome, cité dans «Church Fathers on Education,» Saint Herman
School, consulté le 13 novembre 2014,
http://sainthermanschool.org/assets/files/Church%20Fathers%20on%20Education.pdf.
[6]. Polycarpe, «Epistle to the Philippians, IV,» dans A Translation of the Epistles of Clement of Rome, Polycarp and Ignatius,
ed. Rev. Temple Chevallier (Cambridge, UK: J. J. Deighton, 1883), p. 63.
[7]. The Martyrdom of Polycarp, traduit
par J.B. Lightfoot, résumé et modernisé par Stephen Tomkins, édité et préparé
pour le web par Dan Graves, Christian History Institute, consulté le 17
décembre 2014,
https://www.christianhistoryinstitute.org/study/module/polycarp/.
[8]. Lactance, «Church Fathers on Education,» Saint Herman School, consulté le
13 novembre 2014, http://sainthermanschool.org/assets/files/Church%20Fathers%20on%20Education.pdf.
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