Guy revient de 5 jours à Singapour où il a participé au 3ème sommet global 4/14.
4/14: Un mouvement global
Luis Bush, qui est à l’origine du concept de la fenêtre 10/40, un des hommes ayant le plus influencé la mission au niveau mondial ces 20 dernières années, a senti il y a quelques années que Dieu le poussait dans une nouvelle direction : la fenêtre 4/14. Il ne s’agissait plus cette fois-ci d’une fenêtre géographique, mais d’une tranche d’âge: les enfants âgés de 4 à 14 ans.Ceux-ci représentent le champ missionnaire le plus mûr – en effet, les statistiques semblent montrer que plus de 80% des gens se convertissent pendant cette tranche d’âge. Il s’agit aussi d’un temps d’investissement crucial et stratégique. En préparant les enfants pendant cette tranche d’âge, c’est l’avenir de nos églises et de nos nations que nous préparons.
4/14 est une vision holistique qui cherche à atteindre et à former les enfants dans tous les aspects de leur vie: santé, éducation, vie spirituelle, formation ou pré-formation professionnelle, accompagnement psychologique et social, famille… Mais la vision va plus loin que le fait de toucher les enfants – il s’agit de les accueillir à nos côtés, de les intégrer dans une vision active du service de Dieu et de les former comme missionnaires pour leur génération, comme agents de transformation. Plus de 2 milliard de la population mondiale fait partie de cette classe d’âge. Seulement 1/3 est atteint par l’Evangile… et encore! La tâche est énorme, mais 4/14 a pour ambition de mobiliser l’ensemble de l’église pour cette tâche. La plupart des grandes organisations œuvrant auprès des enfants (LLB, Compassion, Awana, Viva…) font partie de ce mouvement et la plupart des grandes dénominations sont partie prenante de la vision.
Un appel à une prise de conscience et à une priorisation
Un premier et un deuxième sommet mondial ont été organisés en 2009 et en 2010 à New York. Le mouvement 4/14 cherche ainsi à faire prendre conscience à l’église et au gouvernement de l’importance cruciale d’investir prioritairement dans cette classe d’âge. Soigner notre formation de disciple dès le plus jeune âge, équiper les parents, donner une place aux enfants et aux jeunes pour servir aux côtés des adultes… tout cela fait partie des exhortations reçues, avec plein d’idées, de stratégies, d’outils disponibles. Les pasteurs et responsables présents lors de ce troisième sommet mondial à Singapour ont été stimulés, rencontrés, bouleversés, et la plupart vont rentrer dans leur pays avec une nouvelle détermination. Plus de 1000 participants ont ainsi vécu 4 jours intenses – pas le temps de visiter la ville magnifique et grouillante. Plus de dix heures ont été consacrées à définir et affiner des stratégies pour rejoindre tous les enfants du monde. L’objectif est d’en atteindre 250 millions dans l’année qui vient, d’en former en profondeur 25 millions et d’en libérer dans un ministère concret 2,5 millions. En poursuivant cet objectif pendant 10 ans, les 2,5 milliards d’enfants de cette tranche d’âge seront atteints. Et la vision semble sur de bons rails dans les pays du sud: en Amérique Latine, plus de 100'000 églises se sont impliquées dans le mouvement 4/14 en 2011. Les Asiatiques ne sont pas loin derrière. Des portes s’ouvrent en Afrique…
Le camp de réfugiés européen
Et de notre côté, nous ne savons pas par où commencer! Nous étions env. 25 Européens, dont une dizaine d’Europe de l’Ouest, sur plus de 1000 participants. Une sorte de camp de réfugiés européen au sein de l'église globale...La majorité de l’église, son dynamisme, sa croissance, sa créativité sont aujourd’hui réellement dans les pays émergents. Dans nos temps par régions, alors que nous étions appelés à former des projets de développement, de croissance, de multiplication, nous nous retrouvions empruntés. Que représentons-nous?
Il nous semble difficile de mobiliser l’église en Occident, et pas seulement le secteur enfants de l'église… C’est impressionnant de voir ici des responsables continentaux de fédérations d’églises, d’alliance évangélique, de dénominations… présents, convaincus, catalysant croissance et multiplication dans leur région. Le système d’autorité plus pyramidal dans les pays du sud favorise bien sûr cela; il nous serait difficile de mobiliser l’église d’occident de la même manière dans la saison actuelle sans une puissante œuvre de Dieu! Nous chérissons trop notre liberté individuelle pour accepter que des responsables nous dictent la direction à suivre et puissent compter sur notre engagement réel! Mais où est la limite entre liberté individuelle et individualisme?
Des rencontres incroyables
Je rencontre des gens assez incroyables, comme ce responsable des églises Vineyard des USA venu accompagner sa femme et littéralement convaincu et avalé par la conviction que Dieu suscite ce mouvement qu’il doit y participer, ou ce pasteur anglais impliqué aujourd'hui dans la réforme du système carcéral pour mineurs en Roumanie – et qui a vu une réduction du nombre de jeunes détenus de 80'000 à 30'000 en 10 ans! Ou ce directeur de la faculté de théologie de Bamako au Mali. Ou encore ce professeur de théologie systématique orthodoxe Russe au passeport polonais qui travaille à l’institut d’études œcuménique à Fribourg. Ou ce psychologue pour enfants hollandais qui a écrit une dizaine de livres sur quasiment tous les sujets imaginables. Ou encore ce secrétaire général de l’alliance évangélique de Pologne convaincu par la vision et cherchant à mobiliser les églises de sa région... Sans parler de ce Sénégalais qui touche chaque mois plus de 10'000 enfants et qui nourrit et prend soin de plus de 500 enfants talibés dans un ministère démarré par des amis suisses il y a une douzaine d’années!
Des idées plein la tête
Ce qui a été vécu pendant ce sommet est un peu l'accomplissement d’un rêve de plus de 20 ans: voir des pasteurs, des responsables de mission... mettre une priorité sur la jeune génération dans une vision stratégique – mais j'ai aussi eu l'impression de voir un express qui passe à 120km/h. Plein de questions se bousculent maintenant - Suis-je la bonne personne? Ai-je la force de le faire ? N'est-ce pas trop grand? Trop ambitieux? Les gens seront-ils preneurs? Comment découper cette grande vision en petits morceaux assimilables? A suivre! Bref, ce fut un temps très stimulant et inspirant, malgré quelques questions qui restent en suspens pour la suite. Alors que notre société se dégrade, n’est-ce pas le temps de nous tourner nous aussi vers cette fenêtre et d’investir pour l’avenir de nos églises et de nos nations? Pouvons-nous rêver ensemble de voir chaque enfant de Suisse romande rejoint par l’Evangile?
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