Contributions importantes aux sphères de la société
Comme nous l’avons vu dans cette brève biographie, William Booth a apporté une
contribution dans chacune des sphères de la société. Sa vision était large et
holistique. Il a été impliqué dans les médias et la communication, par des
journaux et des magazines qu’il publiait lui-même, et en utilisant des journaux
existants pour alerter l’opinion publique. Il a été impliqué dans la sphère
politique, non en devenant lui-même un politicien, mais en défendant les
pauvres et en luttant pour l’amélioration de leurs conditions. Il a été
impliqué dans la sphère de la célébration, incluant la musique et la formation
musicale dans les principales stratégies de l’Armée du Salut. Aujourd’hui
encore, les brass bands de l’Armée du Salut comptent parmi les meilleurs du
monde. Il a été impliqué dans la sphère économique, créant des emplois et améliorant
les conditions de travail pour tellement de monde. Nous pourrions parler de sa
vision des femmes et de la façon dont il les a libérées dans le ministère et
les responsabilités publiques. Par ses nombreux accomplissements, William Booth
est une figure majeure du christianisme qui a amené la transformation dans de
nombreux domaines. «Ce qui est remarquable, c’est que les Booth n’ont pas
seulement confronté les réalités sociales et économiques, mais qu’ils ont aussi
touché les cœurs des individus, en les changeant de l’intérieur,» écrit dans
son ouvrage Corinne Gossauer-Perroz.[1] Cette ex-officière de l’Armée du Salut recense certaines des idées
pionnières et révolutionnaires des Booth: la place des femmes, l’utilisation de
la musique, la lutte contre la prostitution, en particulier pour les jeunes
filles, la création d’un organisme capable de trouver du travail pour de
nombreuses personnes sans emplois, la création d’un «service de recherche» pour
les familles de personnes disparues. Il a même ouvert une fabrique d’allumettes
où on utilisait du phosphore rouge, sans danger pour les ouvriers,
contrairement aux autres fabriques qui utilisait du phosphore blanc, extrêmement
toxique, voire mortel. Ils ont commencé à fabriquer jusqu’à six millions de
boîtes par années, éveillant l’opinion publique. Avec cette nouvelle
compétition, les autres fabriques ont dû changer leur méthode de fabrication.[2] Ce ne sont que quelques-uns des fruits remarquables de
cet homme incroyablement consacré.
Mais dans ce document, je souhaite mettre l’accent sur ses idées
révolutionnaires dans le domaine de l’éducation et de la famille. Ces
contributions peuvent sembler anecdotiques en comparaison de celles mentionnées
dans le paragraphe précédent, tant ses idées dans la politique, les médias, la
célébration et l’économie ainsi que sa vision de la place des femmes se sont
développées et sont maintenant largement acceptées, célébrées et sont devenues
partie intégrante de la pensée populaire. Mais nous devons nous rappeler
qu’elles étaient révolutionnaires à l’époque, et que William a dû passer par
beaucoup de critiques et de menaces à cause d’elles.
Je crois que ses idées sur l’éducation et la famille étaient tout aussi
révolutionnaires, mais qu’elles ont été oubliées, ou du moins pas aussi
largement acceptées que celles des quatre autres sphères. Et pour cette raison,
je désire les exposer, discuter de leur pertinence encore aujourd’hui et de la
façon dont elles peuvent nous conduire à de nouveaux modèles dans la formation
et l’inclusion de nos enfants et de nos familles.
A cette époque, les enfants commençaient à être considérés, mais cela
n’était pas encore descendu dans la mentalité populaire. Nous ne leur
accordions pas trop de valeur, la mortalité infantile étant encore très élevée,
en particulier parmi la population pauvre. A l’orée de la révolution
industrielle, au 18ème siècle, les enfants étaient de plus en plus
perçus comme des travailleurs, et la plupart d’entre eux était sans éducation
et n’allaient pas à l’école. En Angleterre, de nombreux enfants travaillaient,
parfois depuis l’âge de cinq ans, dans des mines de charbon, des fermes ou des
usines. Pour de nombreuses familles, il était plus important qu’un enfant
rapporte à la maison un maigre salaire qu’il ne reçoive une éducation. En 1821,
près de 49% de la force de travail avait moins de vingt ans.[3] Avec leurs petites mains ou leur
petite taille, ils étaient les seuls capables d’accomplir certaines tâches ou
d’aller à certains endroits. Et comme les règles de sécurité étaient
pratiquement non-existantes, nombre d’entre eux avaient des accidents et
mouraient sur leur place de travail. Les parents et leurs enfants avaient de
longues journées de travail, jusqu’à seize heures par jour et six jours par
semaine. Les conditions familiales n’étaient pas idéales, avec l’alcoolisme et
les châtiments corporels largement répandus. Comme l’a écrit George Scott
Railton, le biographe officiel de William Booth, «à l’époque, et en fait
jusqu’à ce que l’Acte des Enfants de 1909 entre en scène, il était habituel
pour des milliers de mères d’emmener leurs bébés et leurs petits enfants dans
les maisons publiques avec elles, tout ceci achevant la misère et la ruine
familiale.»[4]
En 1780, Robert Raikes, éditeur d’un journal et chrétien engagé de
Gloucester, visitait les prisonniers et était alarmé de voir le grand nombre
d’enfants et d’adolescents dans les cellules. La plupart d’entre eux ne
savaient ni lire ni écrire, et ils n’avaient aucun avenir. Il commença le
mouvement de l’école du dimanche à la fin du 18ème siècle, avec
l’objectif de donner une éducation aux masses le seul jour de libre de la
semaine, le dimanche.[5] Ce mouvement grandit et se répandit dans toute la nation, puis dans
d’autres pays protestants tout autour du monde.[6] En 1831, l’école du dimanche en Grande-Bretagne servait chaque semaine
1’250’000 enfants, ce qui représentait près de 25% de la population.[7] Ce mouvement amena des
changements profonds dans la condition des enfants, influençant petit à petit
l’opinion publique, avec la réduction du temps de travail quotidien,
l’élévation de l’âge d’engagement des ouvriers puis, petit à petit, l’éducation
obligatoire pour tous. Mais l’école du dimanche a eu tendance à se scléroser et
à perdre son étincelle de vie avec les années, devenant à beaucoup d’endroits
un programme de leçons ennuyeuses où l’on parque les enfants des églises.
Cependant, même après un siècle de progrès dans la condition des enfants,
ceux que William Booth rencontrait dans les quartiers pauvres, ou les ghettos
urbains étaient pratiquement dans les mêmes conditions que cent ans plus tôt.
Il avait une passion pour la justice et la compassion. Il combattit pour
l’amélioration des conditions sociales sur tous les fronts possibles. Sa vision
était totalement holistique alors qu’il répondait aux besoins physique et
sociaux des gens autant qu’aux besoins de leurs âmes. Il ne pouvait pas séparer
ces deux dimensions, croyant fermement qu’une transformation réelle ne peut
venir que de l’intérieur – alors que votre cœur est changé, vous devenez
capables de vivre une vie responsable, et beaucoup de ses officiers les plus
capables étaient quelques années plus tôt certains des pires éléments de la
société.
Ce que je veux souligner dans ce document, c’est sa vision globale de la
transformation, du discipulat et de la mission. Il a été sensible au sort des
enfants à une époque où beaucoup ne leur accordaient aucune valeur. Il
les a vus non seulement comme des objets de mission (nous avons besoin d’en
prendre soin et d’agir en leur faveur), mais également comme des agents de
mission (ils ont un potentiel et peuvent être utilisés par Dieu).
Certains de ses officiers sont d’ailleurs devenus chrétiens à un très jeune
âge par les activités de l’Armée du Salut, comme nous le montrent les quelques
exemples suivants:
Dieu a accompli des miracles
parmi les enfants dans tous les pays, de sorte que nous avons maintenant des
milliers d’officiers qui ont été gagnés dans leurs jeunes années par ce travail
auprès des enfants…[8]
Beaucoup de nos officiers
principaux actuels se sont réellement convertis avant l’âge de dix ans; ainsi,
à trente ans, ils étaient déjà des vétérans dans le combat.[9]
L’autre jour, j’ai entendu un
capitaine expliquer comment il a été «recruté» dans l’Armée à l’âge de dix ans
[…] Même si des gens le trouvaient trop jeune ce soir-là, Dieu l’a entendu et
sauvé, et il combat aujourd’hui sous notre drapeau aux Indes Occidentales.[10]
Et d’autres, qui dans leurs
jeunes années sont venus à Christ, occupent maintenant des positions de
responsabilité tout autour du monde. L’un d’entre eux se souvient alors qu’il
n’était qu’un adolescent de quinze ans, avoir entendu le Général […] Et nous
n’avons aucun moyen de calculer combien de tels disciples juvéniles ont été
semblablement aidés par le général à entrer dans une vie conquérante.[11]
Ces exemples, comme de nombreux autres que nous verrons plus loin, nous
montrent que William Booth considérait que pour éradiquer la pauvreté et
transformer la société, vous devez commencer quand les gens sont jeunes, et
qu’en fait plus ils sont jeunes, mieux c’est. Et pour changer la société, vous
devez impliquer les gens activement dans le processus de transformation, ici
aussi sans devoir attendre qu’ils soient adultes. Ils peuvent commencer à
servir comme «petits soldats» dans son armée transformationnelle depuis leur
plus tendre enfance.
[1]. Corinne Gossauer-Perroz, Prier 15 jours avec
William et Catherine Booth, Fondateurs de l’Armée du Salut
(Bruyères-le-Châtel: Nouvelle Cité, 2008), p. 10.
[2]. Gossauer-Perroz, p. 15.
[3]. Citizenship, “A history of people, rights and power
in Britain: The struggle for Democracy 1789-1906”, http://www.nationalarchives.gov.uk/pathways/citizenship/struggle_democracy/childlabour.htm, (consulté le 10 septembre 2014).
[4]. George Scott Railton, The Authoritative Life of
General William Booth (George H. Doran Company, 1912), p. 173.
[5]. Vishal Mangalwadi, The Book that made your World
(Nashville, TN: Thomas Nelson, 2011), pp. 216-217.
[6]. Nathaniel Hawthorne, A Good Man’s Miracle, 1844, http://www.eldritchpress.org/nh/gmm.html (consulté le 10 septembre 2014).
[7]. Believer’s Web, “Robert Raikes, 1736-1811, Sunday
School Movement”, http://www.believersweb.org/view.cfm?ID=143 (consulté le 10 septembre 2014).
[8]. Railton, p. 317.
[9]. Ibid., p. 319-320.
[10]. Ibid., p. 334.
[11]. Ibid., p. 335.
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