Principes de leadership
Par le cheminement
et les écrits des Booth, nous pouvons apprendre beaucoup de principes de
leadership. J’ai choisi de n’en recenser que quelques-uns liés aux sujets
suivants: la famille du leader et la façon dont elle peut fonctionner pour
refléter qui Dieu est, et la transmission de la foi aux enfants, à la maison et
au-delà.
1. La complémentarité
entre mari et femme pour servir en couple. Corinne
Gossauer-Perroz souligne la complémentarité entre William et Catherine. William
était un leader visionnaire, désireux de planifier une stratégie et de voir des
fruits visibles. Catherine conduisait de l’intérieur de la famille, apportant
une profondeur et une subtilité à la réflexion spirituelle. En tant que mère de
huit enfants, ses encouragements pour vivre un évangile vivant étaient toujours
liés à la vie quotidienne.[1] Lorsque Catherine a commencé à prêcher depuis la chaire en 1860, cette
complémentarité et ce partenariat ont commencé à sortir du cadre de la maison
et de l’organisation familiale. Elle a pénétré la sphère du ministère. Quand
William a passé par des périodes difficiles, elle a pris sa place dans la
prédication et ses visites jusqu’à son rétablissement. Et par la suite, lui et
Catherine ont formé ensemble une équipe déterminée.[2] La Bible nous dit: «Comment un seul en poursuivrait-il mille, et
deux en mettraient-ils dix mille en fuite, si leur Rocher ne les avait vendus,
si l'Éternel ne les avait livrés?[3]» Nous voyons l’effet exponentiel d personnes qui travaillent ensemble dans
l’unité, et William et Catherine ont parfaitement illustré ce principe dans la
façon dont ils ont collaboré.
Ceci reflète qui
Dieu est, car il agit toujours en tant que Trinité, trois personnes différentes
qui coopèrent ensemble comme nous le voyons dans Genèse 1. Ce travail en équipe
dans le couple peut être difficile à mettre en pratique pour de nombreux
leaders, mais il constitue une réelle clé pour l’unité, la redevabilité et la
«productivité»; bien sûr, tous les couples ne vont pas coopérer de la même
manière, mais le mariage constitue aussi une volonté d’être appelé ensemble et
de laisser Dieu nous façonner pour «devenir un».[4]
2. La vie de foi
commence à la maison. Hélène Naville écrit:
William et Catherine attachaient
toujours une grande importance à la vie de famille, et ils étaient d’abord
soucieux d’amener tous leurs enfants à la foi en Christ et de les former à son
service. L’histoire de l’Armée du Salut est en fait l’histoire élargie de la
famille Booth. C’est la démonstration quasiment unique d’une grande organisation
religieuse qui a commencé dans une famille avant d’envahir la sphère publique.
Eduqués depuis leur plus tendre enfance dans l’obéissance, les enfants Booth
constituaient un noyau autour de leurs parents, un noyau qui est devenu le
fondement de l’Armée du Salut.[5]
Roger
J. Green ajoute:
Tant William que Catherine était
impliqués dans la vie familiale, et ils étaient assis côte-à-côte autour de la
table familiale plutôt que William seul en bout de table. , indiquant à tous
dans la maison un partenariat dans la famille complémentant leur partenariat
dans la mission. Les enfants ont senti sans aucun doute la rigueur de
l’autorité de leurs parents, mais ils savaient aussi qu’ils étaient aimés.
Contrairement aux apparences, William jouait souvent avec ses enfants à la
maison et lors de sorties familiales.[6]
Le développement de
la foi de leurs enfants ne constituait pas le seul aspect de la vie de famille
pour William et Catherine. Ils sortaient en famille, jouaient, avaient de
nombreux animaux domestiques (même un singe à un certain point[7]). Et dans cette atmosphère de joie, d’apprentissage, de partage et de jeu,
de foi, les discussions sur Dieu et le ministère envers les autres faisaient
naturellement partie de la vie quotidienne normale. Jésus était le centre de
leur vie et il n’y avait pas de dichotomie entre le «spirituel» et le
«séculier». Nous y reviendrons plus tard.
Ils ont tiré ces
concepts de la Bible. La religion familiale était largement acceptée en Angleterre,
mais dans la plupart des cas elle était devenue froide et formelle. Josué a
dit: «Moi et ma maison, nous servirons l’Eternel.»[8] Quelques années avant cela, Moïse avait enseigné les Israélites à mettre
les commandements de Dieu dans leur cœur, et à les répéter à leurs
enfants. A en parler quand ils se lèvent et quand ils se couchent, quand ils
marchent le long du chemin et quand ils s’asseyent dans leur maison.»[9] – donc dans le contexte de la vie quotidienne, non seulement dans des
moments spécifiquement «religieux». La foi était censée commencer à la maison,
pas être réservée à des lieux et des moments sacrés.
3. Les parents ont la
responsabilité première de la formation spirituelle de leurs enfants. William Booth a écrit son livre The training of children comme un
manuel avec des questions et des réponses. Au chapitre 5, sous la question:
«Pourquoi les parents sont-ils tenus responsables de cette formation, plus que
n’importe quelle autre personne?», il répond:
Parce que les enfants leur sont
confiés pour cette raison-même – c’est le devoir particulier des parents. Ils
sont des gérants devant Dieu, et responsables devant lui pour la décharge de ce
mandat. Chaque père et chaque mère devrait veiller sur ses enfants en étant
conscients de la confiance sacrée que le Seigneur leur témoigne, autant que s’ils
avaient été déposés directement dans leurs bras par un ange descendu du ciel,
avec le même commandement que la fille de Pharaon a donné avec l’enfant Moïse,
quand elle l’a placé sous la responsabilité de sa mère: «Prends cet enfant et
allaite-le pour moi; et je te donnerai ton salaire» (Exode 2:9).[10]
Bien sûr, la
communauté plus large a aussi un rôle à jouer, mais nous nous sommes éloignés
de cela, beaucoup d’écoles du dimanche ou de ministère auprès des enfants étant
devenus des lieux où les parents déposent leurs enfants et abdiquent leur
responsabilité spirituelle.
Dans l’église
primitive, la famille et l’éducation des enfants étaient des terrains d’entraînement
pour les futurs responsables de l’église: «Il faut qu'il dirige bien sa propre maison, et qu'il tienne
ses enfants dans la soumission et dans une parfaite honnêteté; car si quelqu'un
ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l'Église de
Dieu?»[11] Les Booth avaient compris ce principe – ils ne pouvaient pas abdiquer leur
responsabilité parentale pour le ministère; leur autorité et leur crédibilité
venait du fait qu’ils commençaient à la maison avec leurs propres enfants.
4. Former les enfants
pour Christ dès le sein maternel. Même avant leur
mariage, Catherine Mumford a écrit à William Booth: «Je crois au fait de former
les enfants à être chrétiens depuis qu’ils sont bébés.»[12] Plus tard, elle répétait à d’autres mamans avec passion:
«Je ne veux pas qu’un de mes enfants
tourne mal!» En fait, elle avait l’habitude de prier à haute voix, en leur
présence, que Dieu les rappelle très jeunes par la mort plutôt que de permettre
que l’un d’eux ne s’éloigne du sentier de la justice. Sa prière a été exaucée,
et elle a eu la joie de tous les voir pleinement consacrés au service de Dieu.
C’était une des plus grandes forces de leur apostolat que de pouvoir s’appuyer
sur l’exemple donné par leur propre famille.[13]
Dans Practical
Religion, Catherine explique la façon dont elle et William formaient leurs
enfants:
Si vous voulez que vos enfants aiment
la Bible et la lisent, vous devez leur raconter des histoires, leur expliquer
ses enseignements d’une manière qui les intéresse. Si vous voulez qu’ils aiment
la prière, vous devez prier avec eux de telle manière que leur cœur soit touché
et attiré dans la prière avec le vôtre; vous devez leur enseigner
s’adresser à Dieu sur un ton naturel, comme s’ils s’adressaient à vous, pour
lui raconter leurs désirs, leurs joies, leurs difficultés […] Les parents
développent trop souvent l’intelligence de leurs enfants sans éduquer leur
cœur. Ils enseignent de choses qu’ils ne pratiquent pas eux-mêmes et qu’ils ne
se soucient pas de voir leurs enfants pratiquer. L’esprit qui nous anime
et l’exemple que nous donnons à nos enfants ont beaucoup plus d’impact sur eux
que nos enseignements.[14]
Dans An Address to Parents, Catherine écrit:
Si, dans le cas de ceux qui n’ont pas
eu auparavant de lumière ou de formation, la conversion est nécessairement
soudaine et suivie d’un grand changement, n’est-il pas juste de dire que, dans
le cas d’un enfant soigneusement formé dans «la correction et l’instruction du
Seigneur,» le Saint-Esprit coopère avec une telle formation, adaptant son
action à la capacité et aux exigences des petits qui sont déjà «dans le royaume
des Cieux,» établissant progressivement en eux tous les privilèges, les devoirs
et les joies de ce royaume? Sinon, quel avantage y aurait-il de les «corriger
et de les instruire» dans le Seigneur, s’il n’avait pas pour dessein de bénir
cette formation pour leur conversion et leur salut? Les termes-mêmes de cette
injonction démontrent le sens dans lequel le Saint-Esprit les utilise.
«Correction» signifie «réprimande, avertissement, encouragement.» «Instruction»
signifie nutrition, fortification, développement.» Voici donc l’ordre
divin, premièrement de les instruire et de nourrir, de fortifier tout ce qui
est bon en eux; et deuxièmement, la réprimande et l’avertissement contre le
mal ; et troisièmement l’instruction dans la justice. Si des parents
choisissaient seulement la voie du Seigneur, ils verraient leurs fils et leurs
filles prendre leur place dans le temple du Seigneur, le considérant comme leur
demeure naturelle. Avec sagesse et fidèlement formés pour Dieu, ils diraient,
lorsque sollicités de s’en éloigner: «A qui irions-nous?»[15]
5. La famille comme
sanctuaire. Malgré la vie active des parents Booth, l’ordre, la
propreté, la simplicité et la ponctualité faisaient partie de la maison, car
pour eux
Chaque foyer devrait être la demeure
de Dieu home […] Il devrait être un temple où il est aimé et adoré, et dans
lequel il peut se révéler, répandre son Esprit et vivre en communion avec ses
enfants. Tout ce qui pourrait le maintenir éloigné, ou l’attrister quand il est
là, doit être mis de côté, ou interdit d’entrer […] Rien ne devrait venir dans
ce Foyer, qui est la maison de Dieu sur terre, qui pourrait être inapproprié
dans la Maison que votre Maître a préparé pour vous dans les cieux, et que vous
vous préparez à occuper quand vous allez y arriver.[16]
Joan Metcalf,
ajoute dans son ouvrage: «S’il y a bien un foyer humain qui ait pu être
considéré comme la maison de Dieu, c’est bien celui-là […] Consacrée, non par
le chant de quelques airs joyeux ou de prières mécaniques, mais par la
formation donnée à une famille de guerriers, par l’élaboration de nouveaux
plans.»[17]
Trop de pasteurs
aujourd’hui perçoivent ce qu’ils font comme un boulot qu’ils laissent au bureau
et n’emmènent pas à la maison. Pour les Booth, le ministère commençait à la
maison; il n’existait pas de dichotomie entre la maison et le ministère. Il y
avait Dieu dans la maison, Dieu dans le ministère, et l’aimer et le servir ne
s’arrêtait pas quand ils passaient de l’un à l’autre.
6. La famille, une
équipe. Si William et Catherine constituaient une équipe
étonnante, leur famille était aussi un modèle du genre. Tous les enfants,
peut-être à l’exception de Marie, qui était handicapée, étaient très impliqués
depuis leur enfance et sont devenus des officiers importants et des
multiplicateurs dans le mouvement. Plusieurs d’entre eux sont même devenus
généraux, dirigeant le mouvement de l’Armée du Salut au niveau mondial,
Evangeline étant la première femme à endosser une telle responsabilité.[18] Comment se fait-il que cette famille ait si bien tourné? Que ces enfants
aient suivi ls traces de leurs parents? Etait-ce une grâce particulière, ou
ont-ils appliqué des principes familiaux qui peuvent être reproduits dans les
familles d’autres responsables? Clifford W. Kew souligne quelques pensées très
intéressantes à ce sujet:
Il arrive parfois que des enfants
soient privés de la sécurité et de l’amour dont ils ont besoin en raison du
programme d’activités chrétiennes chargé de leurs parents. Cela a certainement
pu être observé dans certains foyers de l’Armée du Salut, où les enfants ont
parfois senti qu’ils passaient après le service salutiste de leurs parents.
Comment se fait-il que les enfants Booth n’aient pas expérimenté cette
difficulté, mais qu’ils se soient sentis en sécurité dans l’attention et l’amour
de leurs parents? Peut-être que la première raison est que dès leur plus jeune
âge ils ont été rendus conscients du but du service de leurs parents et qu’ils
n’en ont pas été exclus. Sans aucun doute, il y avait des questions privées à
discuter entre parents, mais pour la plupart, il semblait que, lorsque l’œuvre
du Royaume était discutée, les enfants y participaient et qu’ainsi ils ne se
sentaient pas exclus. Ils étaient ensemble, en famille, dans tous les sens du
terme, et les enfants n’ont jamais senti que leurs parents étaient si
préoccupés par les affaires chrétiennes que les enfants n’étaient que des
viennent-ensuite. Ils étaient certainement encouragés à se sentir responsables
du bien-être des autres, et d’aider autant que possible […] Peut-être n’est-ce
pas tant un service chrétien intensif ou quelque autre activité des parents qui
divise une famille, rendant l’éducation efficace difficile, mais l’exclusion
des enfants de l’activité des parents. Là où il y a une intégrité dans le
foyer, les enfants sentent qu’ils en constituent une partie vitale, prévenant
par là des sentiments de négligence ou de rejet, des émotions qui causent
fréquemment un comportement rebelle, qui est l’expression visible d’un besoin
désespéré d’attention et d’amour démontré.[19]
Pour les Booth,
leurs enfants faisaient partie de l’équipe. Ils étaient inclus dans le
ministère, dans les discussions. Ils étaient discipulés et formés en étant
impliqués dans le ministère, pas en étant protégés. Bien sûr, il y a des
dangers et nous devons être à l’écoute du cœur de nos enfants pour comprendre
où ils se trouvent. Souffrent-ils de notre ministère, ou partagent-ils notre
passion? Développer le travail en équipe au sein de notre propre famille et
poursuivre la vision de Dieu ensemble est une des plus grandes joies de la vie.
7. La famille est un
terrain d’entraînement pour la mission.
Nous voyons que pour William et Catherine, le foyer n’était pas un simple
refuge contre l’agitation extérieure. C’était un sanctuaire, c’est une école de
formation de disciples, c’était un endroit pour se préparer à la mission. Il
est dit de Catherine qu’elle «n’a pas laissé son foyer devenir le monde; elle a
fait du monde, pour autant que sa force le permettait, un foyer.»[20] Roger J. Green ajoute:
Mais la vie de famille était aussi une
préparation pour la mission. La religion évangélique était une religion du
foyer, et l’exhortation à servir au-delà de sa propre famille dans le ministère
et la mission était forte tant chez William que chez Catherine. Les enfants
partageaient la même passion pour la mission, et tous les huit finirent par
devenir officiers de l’Armée du Salut, à la seule exception de Marie, en raison
de ses limitations, incapable de participer à la mission chrétienne et au
leadership de l’Armée du Salut.[21]
De nombreuses
personnes craindraient qu’une telle vie dégoûte les enfants de toute
implication religieuse. Il est intéressant de lire ce passage dans The
Officer’s Review, le rapport annuel pour les officiers salutistes:
Ces dernières années, l’Armée du Salut
a été accusée de faire des mères des prédicatrices et ainsi de perturber les
foyers et d’ôter aux enfants l’influence de leur mère, mais Evangeline Booth,
en sécurité dans les souvenirs du bonheur de sa propre enfance, commente: Les
familles qui ont rejoint l’Armée n’ont pas cessé d’être des familles. La
paternité, la maternité et l’enfance n’ont pas été détruites par le service aux
autres. Elles ont été enrichies, complétées.[22]
8. Pas seulement
enseigner, mais former. William et Catherine
plaçaient un grand accent sur l’approche du discipulat: «Faites-le avec eux si
vous voulez qu’ils apprennent quelque chose.»[23] Dans The Training of Children, William pose la question:
«Pouvez-vous montrer en quoi la formation religieuse a-t-elle été déficiente
dans les échecs mentionnés?» Sa réponse est:
Le
manque le plus sérieux dans la formation religieuse des enfants, et qui constitue
également la cause de fréquents échecs, est le fait que l’on ne s’appuie que
sur l’enseignement. Beaucoup d’enfants sont instruits dans des notions
religieuses et leur mémoire déborde de faits et d’histoires bibliques, alors
que leur cœur est laissé inchangé, non cultivé et non inspiré par le
Saint-Esprit. En d’autres termes, les enfants sont amenés à se croire
chrétiens, et nous les présentons aux autres comme «aimant Jésus, alors qu’ils
ne sont pas réellement convertis, qu’ils sont charnels et mondains; n’ayant
rien de plus qu’une familiarité extérieure et intellectuelle avec les faits et
les enseignements de la Bible.[24]
Et plus loin,
répondant à la question: «Y a-t-il une différence, alors, entre l’enseignement
et la formation?», il répond:
Oui, et une très importante, en fait –
une différence qui devrait être soigneusement méditée par tous les parents. En enseignant les enfants, nous influençons
principalement leurs pensées; en les formant, nous traitons d’abord leur
volonté – c’est-à-dire leur cœur. Quand nous les enseignons, nous leur montrons
ce qu’ils devraient faire; quand nous les formons, nous les habituons à le faire. En enseignant
les enfants, nous leur montrons comment faire leur devoir et pourquoi il doit
être fait, mais en les formant, nous créons en eux l’habitude de le faire.[25]
Catherine ajoute dans An Address to Parents:
'Ah,' disent certaines mères, 'c’est
facile à dire, mais vous ne connaissez pas l’antipathie naturelle de mes
enfants par rapport à la religion. Je suis certaine d’avoir tenté de les
enseigner de la bonne manière et de leur avoir appris à aimer ce qui est bon
mais, jusque-là, je ne vois que très peu de résultats de mon travail.'
Peut-être, mon amie, l’échec a été dans le fait que vous avez enseigné et pas
formé. Vous leur avez dit quelle voie prendre, mais ne les avez pas conduits
dans cette voie. Si vous voulez réussir, vous devez faire les deux, et ceci
continuellement.[26]
Comme nous pouvons
le lire, les Booth faisaient une différence entre l’enseignement et la
formation. C’est en fait très sain, car ils ne se contentaient pas de
transmettre une connaissance intellectuelle, mais formaient réellement leurs
enfants – en fait, tous ceux qui les suivaient, qu’ils soient enfants ou
adultes – dans un christianisme pratique. C’est si proche de notre vision de la
formation à JEM et des valeurs qui sont chères à nos cœurs.
9. Pas de
compartimentation de la vie. Ce point a déjà été
brièvement touché, mais j’aimerais m’y arrêter davantage. Dans son livre,
Hélène Naville partage le témoignage de mademoiselle Jane Short, qui a vécu
dans la maison des Booth:
Pour dire la vérité, j’avais très peur
d’aller vivre avec ces personnes, car j’avais souvent été déçue par des membres
d’églises dans le passé. Il me semblait impossible que les Booth soient les
mêmes à la maison que dans leurs réunions. Je pensais que je verrais et
entendrais des choses déplaisantes qui me feraient souffrir, car je n’osais pas
croire qu’ils puissent vivre à la hauteur de leurs idéaux. Vous comprenez, je
les aimais tant que j’avais peur d’être déçue.[27]
La vie était
réellement unifiée pour William et Catherine. Ils pratiquaient leur discours.
Ils n’enseignaient d’ailleurs que ce qu’ils mettaient en pratique, et cela
constituait une surprise et un puissant témoignage pour beaucoup, en
particulier les pauvres, qui avaient l’habitude de membres d’églises froids et
distants. Dieu est le Dieu de l’ensemble de la vie. Quand il est devenu
chrétien, William a décidé que Dieu devait avoir tous les aspects de sa vie. En
vérité, il a mis cette résolution en pratique, non seulement en donnant tout son
cœur, mais tout le reste par-dessus, même les domaines les plus privés, plaçant
tout sous l’amour, le service et la seigneurie de Christ.
10. Préparer la
prochaine génération et les prendre à nos côtés.
William avait vraiment un profond respect pour la foi des enfants et des
adolescents, et il croyait que Dieu pouvait les utiliser dès leur plus jeune
âge. Nous voyons de nombreux exemples de cela dans la Bible, de Samuel à la
petite servante de Naaman, de Jérémie à Marie, d’Esther à David, et tant d’autres
dans les histoires de Jésus dont nous ne connaissons même pas les noms. Dans The
Training of Children, à la question: the question: «Mais qu’est-ce que des
tous petits peuvent bien faire?», William répond:
«Ils
peuvent faire autant pour le petit monde dans lequel ils vivent que les adultes
pour le grand monde dans lequel ls vivent. Ils peuvent vivre une vie sainte,
témoigner de la puissance de Dieu pour sauver, chanter les chants du salut avec
tant de sensibilité que souvent même les adultes les plus endurcis et les plus
orgueilleux seront poussés à écouter et à pleurer. Ils peuvent prier, peut-être
pas avec autant de talent oratoire ou de capacité à transmettre d grande
quantités d’informations au Tout-Puissant; mais ils peuvent néanmoins intercéder
pour les âmes et prier des prières ferventes et efficaces, que nous pouvons
trouver tant chez un petit enfant que chez un adulte, quand ses prières sont
inspirées par le Saint-Esprit. Je connais une femme qui a livré de dures
batailles pour Dieu. Je l’ai entendue raconter comment elle avait l’habitude de
ressentir le fardeau des âmes fréquemment, avant même d’avoir douze ans, avec
tant de puissance qu’elle aurait pu s’agenouiller dans la rue et prier pour
elles. Et sans aucun doute, elle l’aurait fait s’il y avait eu une Armée du
Salut qui lui en avait donné l’opportunité.
Les enfants peuvent également avertir
d’autres enfants – oui, et des adultes aussi; pas de manière terrorisante et
bruyante, peut-être, mais ils peuvent être tout autant entendus dans ce qu’ils
disent. Et ils peuvent exhorter les autres à faire de même. De la bouche des
enfants et de ceux qui sont à la mamelle, le grand Maître a été, et sera
encore, suffisamment sage pour tirer ses louanges.[28]
Nous voyons dans
l’Ancien Testament et particulièrement dans le livre du Deutéronome que la
stratégie de Dieu pour occuper le pays promis dans la durée consistait à former
les enfants, à bâtir des autels pour susciter des questions dans la jeune
génération et à répéter les commandements aux enfants. William Booth prenait
cela très au sérieux, pas seulement en les enseignant, mais réellement en les
formant, en leur parlant sérieusement et en les enrôlant aux côtés des autres
générations. Quand un mouvement prend non seulement soin des enfants, mais
considère leur rôle stratégique sur le long-terme en les discipulant et en leur
faisant de la place pour servir, cela démontre une profonde compréhension du
leadership de Dieu et des principes du Royaume, car Jésus lui-même a dit:
«Laissez venir à moi les petits enfants et ne les empêchez pas. Car le royaume
des Cieux est pour ceux qui leur ressemblent.»[29] Et au chapitre précédent: « En vérité, je vous le dis, si vous ne
vous convertissez et ne devenez comme des petits enfants, vous n’entrerez pas
dans le royaume des Cieux.»[30] Oui, il y a un lien intime entre les enfants et le Royaume!
Ceci dit, tout dans
le leadership de William Booth n’était pas irréprochable. Par exemple, nous
pourrions parler de la façon dont il favorisait ses enfants. Roger J. Green
décrit:
Sans aucun doute, les enfants, les
beaux-fils et les belles-filles se trouvaient dans une position privilégiée
dans l’Armée et jouissaient de bénéfices bien au-delà de ce que recevaient
d’autres officiers. Ils avaient des titres spéciaux (Ballington le Maréchal,
Catherine La Maréchale, Emma la Consule, Eva la Commandante, Herbert le
Commandant)… Lorsque des officiers «normaux» tombaient malades, ils devaient
souvent continuer de travailler. Lorsque l’un des Booth était malade, des
arrangements étaient souvent trouvés pour qu’ils aient quelques mois de
récupération. William et Catherine Booth avaient établi une dynastie familiale
visible, et ceci fut remarqué par les autres officiers dans l’Armée et provoqua
un certain ressentiment.[31]
William «croyait
réellement qu’être un Booth, c’était être l’un des oints du Seigneur. Le Cri
de guerre les exaltait chaque semaine.»[32] Roger J. Green ajoute:
La famille était constamment exposée à
l’attention publique. Il n’est donc pas étonnant que leur sentiment
d’auto-importance ait été exagéré.[33]
[…] Le problème d’avoir accordé une
position si privilégiée aux enfants et aux conjoints Booth était spécialement
exacerbé par le fait que tout le monde dans l’Armée ne voyait pas tous les
enfants Booth et leurs conjoints comme possédant les aptitudes et talents hors
du commun nécessaires pour le travail et les responsabilités qui leur étaient
confiées. Certains d’entre eux ont atteint un rang et un privilège seulement
par la vertu d’être un enfant de William et de Catherine ou d’avoir épousé un
des enfants Booth.[34]
[…] Les enfants Booth avaient été
protégés de la société plus large et des influences mauvaises, qu’elles soient
réelles ou imaginaires, par leur mère toujours aux aguets. Et ils avaient été
tellement convaincus de posséder des dons et des aptitudes exceptionnelles
qu’ils s’attendaient à ce que les officiers et les soldats de l’Armée les
reconnaissent immédiatement et constamment. Après tout, la plupart des Booth
sont entrés dans la vie publique en tant qu’adolescents, et ils ont été nommés
dans des positions de leadership et d’autorité au sein de l’Armée en ayant à
peine plus de vingt ans. Et après le décès de Catherine et la perte de son
influence médiatrice entre les membres de la famille, William a maintenant eu
des difficultés à gérer sa famille.[35]
Ainsi nous ne
voulons pas dépeindre une image idéaliste de William Booth et de sa famille.
Ils avaient leurs défis, ils étaient humains tout comme nous, et nous pouvons
aussi apprendre de leurs erreurs. Mais nous n’avons pas besoin de jeter le bébé
avec l’eau du bain, et nous pouvons pleinement nous inspirer des principes
qu’ils ont découvert et mis en œuvre avec succès.
[5]. Hélène Naville, Catherine
Booth et la fondation de l’Armée du Salut (Editions Forum, 1925), p. 78.
[6]. Roger J. Green, The Life & Ministry of William Booth, Founder
of the Salvation Army (Nashville, TN: Abingdon Press, 2005), p. 101.
[14]. Catherine Booth, Practical
Religion (Diggory Press), pp. 6, 15, 23, cités dans Gossauer, pp. 77-78.
[15]. Catherine Booth, Papers
on Practical Religion, http://www.gospeltruth.net/booth/cath_booth/
practical_religion/cbooth_prac_rel_pap1.htm (consulté le 15 septembre
2014).
[16]. William Booth, Letters
to Salvationists on Religion for Every Day, Vol. 2 (London: The Salvation
Army Book Department, 1902), pp. 155-156.
[17]. Joan Metcalf, Une
servante de Dieu – Catherine Booth 1829-1890 (Armée du Salut, collection
Challenge, 1983), p. 19.
[32]. Roy Hattersley, Blood
and Fire: William and Catherine Booth and Their Salvation Army (New York,
NJ: Doubleday, 2000), p. 406.
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