lundi 15 janvier 2018

Thèse de Guy 20


William Booth et l’Armée du Salut



William Booth est devenu chrétien dans une église méthodiste. Il a rapidement été attiré par les pauvres et les nécessiteux, tant pour les amener au salut que pour s’occuper de leur bien-être. Il a épousé Catherine Mumford et ils ont fondé l’Armée du Salut en 1878. Parents de huit enfants, ils pratiquaient dans leur maison les principes de formation de disciples avec leurs propres enfants qui, au fil des années, se sont tous impliqués dans des responsabilités et des projets pionniers dans le mouvement salutiste.



«Ce qui est remarquable, c’est que les Booth ont non seulement confronté les réalités sociales et économiques, mais qu’ils ont aussi rejoint les cœurs des individus, en les changeant de l’intérieur,» écrit Corinne Gossauer-Perroz, ex-officière de l’Arme du Salut, dans son livre.[1] Ils ont été des pionniers et des révolutionnaires dans de nombreux aspects sociaux, mais leur contribution à l’évangélisation et à la formation des enfants ainsi que la modélisation et la formation des familles sont moins connues.



William et Catherine ont été sensibles à la souffrance des enfants à une époque où beaucoup ne les considéraient pas comme importants. Ils les ont vus non seulement comme un objet de mission (nous devons en prendre soin et agir en leur faveur), mais aussi comme des agents de mission (ils ont du potentiel et peuvent être utilisés par Dieu). Certains des officiers de Booth sont en fait devenus chrétiens à un très jeune âge par le travail de l’Armée du Salut, comme le montrent les quelques exemples suivants:



Dieu a accompli des merveilles parmi les enfants dans chaque pays, de telle sorte que nous avons maintenant des milliers d’officiers qui ont été gagnés pendant leur enfance grâce à cette œuvre parmi les plus jeunes…[2]

Beaucoup de nos officiers principaux aujourd’hui se sont convertis avant l’âge de dix ans et ainsi, à trente ans, ils étaient déjà des vétérans dans le Combat.[3]

L’autre jour, j’ai entendu un capitaine expliquer comment il a été «enrôlé» dans l’Armée à l’âge de dix ans […] Quel qu’ait pu être le mépris que sa décision a pu engendrer chez les plus âgés ce soir-là, Dieu l’a entendu et l’a sauvé, et il combat aujourd’hui sous notre drapeau dans les Indes Occidentales.[4]



Et d’autres, qui sont venus à Christ pendant leur enfance, occupent maintenant des positions d’influence tout autour du monde. L’un d’entre eux se souvient, quand il avait quinze ans, avoir entendu le général […] Et nous n’avons aucun moyen de calculer combien de jeunes disciples tels que lui ont été également aidés par le général à entrer dans une vie conquérante.[5]



Ces exemples nous montrent que William Booth considérait que pour éradiquer la pauvreté et changer la société, vous devez commencer quand les gens sont jeunes. En fait, plus ils sont jeunes, mieux c’est. Et pour changer la société, vous devez impliquer les gens de manière active dans le processus de transformation, et là aussi vous n’avez pas besoin d’attendre qu’ils deviennent adultes. Ils peuvent commencer à servir comme «petits soldats» dans l’armée transformatrice de Dieu dès leur enfance.



Le cœur de William était très sensible aux enfants. Il a dit une fois: «Partout où des petits enfants gémissent, l’Armée du Salut doit y être.»[6] Sur son lit de mort, il a appelé son successeur, son fils Bramwell, et lui a dit: «Oh! les enfants, Bramwell, veille sur eux… Promets-le-moi!» Après avoir reçu la réponse attendue, le vieillard de poursuivre en souriant: «Souviens-toi: si tu oublies ta promesse, je reviendrai te hanter.»[7]



William a même écrit un ouvrage magistral, The Training of Children: How to Make the Children Saints and Soldiers of Jesus Christ, qui nous donne une perspective sur la largeur de sa vision: habillement, éducation, lecture, boissons fortes, tabac, industrie, santé, hygiène alimentaire, construction de leur caractère, discipline autant que le salut des enfants et leur enrôlement dans l’Armée.[8]



William avait vraiment un profond respect pour la foi des enfants et des adolescents, et il croyait que Dieu pouvait les utiliser dès leur plus jeune âge. Dans The Training of Children, en réponse à la question: «Mais que peuvent bien faire des enfants?», il répond:



Ils peuvent faire pour le petit monde dans lequel ils vivent autant que des adultes peuvent en faire pour leur grand monde. Ils peuvent vivre des vies saintes. Ils peuvent témoigner de la puissance de Dieu pour sauver. Ils peuvent chanter les chants du salut si mélodieusement que souvent, même des adultes fiers et endurcis seront poussés à écouter, seront touchés et se mettront à pleurer. Ils peuvent prier – peut-être pas avec le même talent oratoire, ou la même aptitude à transmettre de grandes quantités d’informations au Tout-Puissant; mais néanmoins ils peuvent intercéder pour les âmes et prier la prière fervente et efficace, qui a autant de résultat avec un petit enfant qu’avec un homme adulte, quand la prière est inspirée par le Saint-Esprit. Je connais une femme qui a été impliquée dans de grandes batailles de prière pour Dieu. Je l’ai entendue dire comment elle avait l’habitude de ressentir les fardeaux des âmes fréquemment, avant l’âge de douze ans, avec tant de force qu’elle pouvait s’agenouiller dans la rue pour prier pour eux. Et sans aucun doute elle l’aurait fait s’il y avait eu une Armée du Salut pour lui en donner l’opportunité.  

Les enfants peuvent aussi avertir d’autres enfants – oui, et des adultes aussi; non d’une manière très forte et terrifiante, peut-être, mais qui ne les empêcherait pas d’être entendus malgré tout. Et ils peuvent exhorter les autres à en faire de même. De la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle, le grand Maître a été, et sera toujours suffisamment sage pour provoquer des résultats qui démontreront sa louange.[9]



Pour les Booth, la famille et le ministère n’étaient pas séparés. Leur foyer était aussi utilisé comme quartier général pour l’Armée, pour la planification stratégique et les réunions de prière, et leurs enfants étaient pleinement impliqués dans les projets de l’Armée du Salut dès leur plus jeune âge. En fait, quand le Seigneur a déposé un tel fardeau pour les pauvres sur son cœur après avoir prêché sous une tente d’évangélisation, William est rentré chez lui et a annoncé à sa femme: «Oh, Kate, j’ai trouvé ma destinée! … Et là dans mon âme, je me suis offert, ainsi que toi et les enfants pour cette grande tâche.» Cette nuit-là, l’Armée du Salut est née![10] Ses enfants ont été impliqués très jeunes et naturellement aux côtés de leurs parents, pour donner des témoignages dans les réunions.[11] Il les emmenait avec lui sur le champ et partageait son cœur et ses fardeaux avec eux, semant une vision dans leur cœur («Regarde là,» dit le général à son fils aîné, alors âgé de treize ans, en le conduisant tard un dimanche soir dans un bar surpeuplé. «Ce sont les gens pour lesquels j’aimerais que tu vives et travailles.»[12]). Hélène Naville ajoute:



William et Catherine attachaient toujours une grande importance à la vie de famille, et ils étaient principalement préoccupés d’amener tous leurs enfants à la foi en Christ et de les former pour le servir. L’histoire de l’Armée du Salut est en fait l’histoire plus large de la famille Booth. C’est la démonstration quasiment unique d’une grande organisation religieuse ayant commencé dans une famille avant d’envahir la sphère publique. Elevés dès le début dans l’obéissance,  les enfants Booth ont constitué un noyau autour de leurs parents, un noyau qui est devenu le fondement de l’Armée du Salut.[13]



Ainsi, pour les Booth, les parents avaient clairement la responsabilité première pour la formation spirituelle de leurs enfants. William Booth a écrit son livre The Training of Children comme un manuel avec des questions et des réponses. Au chapitre cinq, sous la question: «Pourquoi les parents sont-ils tenus responsables de leur formation plus que n’importe qui d’autre?», il répond:



Parce que les enfants leur sont confiés exactement dans ce but – c’est le devoir particulier des parents. Ils sont des gérants devant Dieu, responsables envers lui pour la décharge de cette responsabilité. Chaque père et chaque mère devrait considérer son enfant comme une confiance sacrée accordée par Dieu, autant que s’il avait été envoyé dans leurs bras directement du ciel par un ange, avec le même commandement que la fille de Pharaon  a donné pour l’enfant Moïse quand elle l’a placé sous la responsabilité de sa mère: «Emporte cet enfant et allaite-le pour moi; je te donnerai ton salaire.» (Exode 2:9).[14]



Pour les Booth, leurs enfants faisaient partie de l’équipe. Ils étaient inclus dans le ministère, dans les discussions. Ils étaient discipulés et formés en étant impliqués dans, pas en étant protégés du ministère.



Il arrive parfois que les enfants soient privés de l’amour et de la sécurité dont ils ont besoin en raison de la lourde implication de leurs parents dans des activités chrétiennes. Cela a certainement été observé dans certains foyers de l’Armée du Salut, où les enfants ont parfois senti qu’ils ne venaient qu’après le service de leurs parents pour l’Armée. Comment se fait-il que les enfants Booth n’aient pas eu ce même sentiment, mais qu’ils se soient sentis en sécurité dans l’attention et l’amour de leurs parents? Peut-être que la première raison est que depuis très jeunes ils ont été rendus conscients du but du travail de leurs parents et qu’ils n’en étaient pas exclus. Sans aucun doute, il y avait des questions privées à discuter, mais pour la plupart il semblait que quand l’œuvre du Royaume était discutée, les enfants y participaient, et que par conséquent ils ne s’en sentaient pas exclus. Ils étaient ensemble en famille dans tous les sens du terme, et les enfants n’ont jamais senti que leurs parents étaient si préoccupés par les affaires chrétiennes qu’ils ne donnaient à leurs enfants que la seconde place. Ils ont certainement été encouragés à se sentir responsables du bien-être des autres et à aider autant qu’ils le pouvaient […] Peut-être n’est-ce pas tant une activité intense, qu’elle soit chrétienne ou non, de la part des parents qui divise la famille et rend l’éducation efficace difficile, si non impossible, mais l’exclusion des enfants de l’activité des parents. Là où il y a une intégrité de vie familiale, les enfants sentent qu’ils sont une partie vitale de l’activité, écartant tout sentiment de négligence ou de rejet, des émotions qui entraînent fréquemment un comportement rebelle qui constitue l’expression extérieure d’un besoin désespéré d’attention et d’amour démontré.[15]



Pour conclure avec William Booth et son cœur pour les enfants, lisons cette dernière citation tirée de son livre The Training of Children:



Mais si vous réfléchissez plus loin à la possibilité de lever une multitude d’hommes et de femmes dont les corps n’ont jamais été empoisonnés par de vicieuses indulgences, dont les esprits ont été éclairés et remplis des principes de la Vérité divine dès leur plus tendre enfance, et dont les cœurs ont été inspirés dès le début par l’amour de Christ et possédés par une ambition suprême de glorifier le Père, détrôner le diable, détruire le péché et sauver le monde! Et qui, dans tous leurs calculs pour le futur, ne rechignent devant aucun sacrifice à faire, aucune croix à porter ou aucune souffrance à endurer, nécessaires au succès de leur entreprise!  

Nous pouvons voir dans une telle force un pâle reflet qui laisse présager du moment où tous le connaîtront, du plus petit jusqu’au plus grand. Et le fait de susciter une telle force doit être digne de tout sacrifice et de toute peine ou engagement de notre part. Dépêchons-nous de mettre en œuvre les moyens de convertir, d’enseigner, de veiller sur, de former et d’utiliser les enfants, et l’on pourrait bien dire non seulement d’individus mais de nations entières: «Un petit enfant les conduira.»[16]


Pour ceux que cela intéresse, cette portion est un extrait d'une étude de trente-quatre pages que j'ai écrite sur la vision de William Booth pour les enfants et les familles, je vous l'envoie volontiers sur demande.

[1]. Corinne Gossauer-Perroz, Prier 15 jours avec William et Catherine Booth, Fondateurs de l’Armée du Salut (Bruyères-le-Châtel: Nouvelle Cité, 2008), p. 10.

[2]. George Scott Railton, The Authoritative Life of General William Booth (George H. Doran Company, 1912), p. 317.

[3]. Ibid., pp. 319-320.

[4]. Ibid., p. 334.

[5]. George Scott Railton, The Authoritative Life of General William Booth, p. 335.

[6]. Ibid., p. 243.

[7]. Claire-Lise de Benoît, L’important c’est l’enfant (Lausanne: Editions Ligue pour la Lecture de la Bible, 1993), p. 9.

[8]. William Booth, The Training of Children: How to Make the Children into Saints and Soldiers of Jesus Christ (1882), The Gospel Truth, consulté le 17 décembre 2014, http://www.gospeltruth.net/booth/
Boothtrainingchildren/booth_child_training_main.htm.

[9]. Booth, The Training of Children.

[10]. Railton, The Authoritative Life of General William Booth, p. 146.

[11]. Ibid., p. 165.

[12]. Railton, The Authoritative Life of General William Booth, p. 172.

[13]. Hélène Naville, Catherine Booth et la fondation de l’Armée du Salut (Editions Forum, 1925), p. 78.

[14]. Booth, The Training of Children.

[15]. Essais édités par Clifford W. Kew, Catherine Booth: Her Continuing Relevance (London: The Salvation Army International Headquarters, 1990), pp. 95-96.


[16]. Booth, The Training of Children.

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