Les enfants dans les Actes et dans les épîtres
Lorsqu’il a prêché à la Pentecôte, Pierre a rappelé à ses
auditeurs les paroles étonnantes du prophète Joël: «Dans les derniers jours, dit Dieu, je déverserai de mon Esprit sur tout
être humain; vos fils et vos filles prophétiseront,
vos jeunes gens des visions et vos vieillards auront des rêves.»[1]
Le Saint-Esprit est aussi donné aux plus jeunes![2] La puissance de Dieu qui nous permet
de suivre le Christ et qui transforme nos cœurs est aussi disponible pour les
enfants. Il est d’ailleurs remarquable de voir dans ce passage que le
Saint-Esprit semble se manifester différemment selon les générations. Nous
avons besoin de l’onction de chaque génération, et nous avons besoin de ces
onctions ensemble, combinées, non isolées les unes des autres!
Paul partage aussi quelques réflexions sur les enfants.
Il les encourage à «obéir à leurs parents,»[3] car «cela est agréable au Seigneur.»[4] Il encourage les pères à «ne pas
irriter leurs enfants, mais à les élever en leur donnant une éducation et des
avertissements qui viennent du Seigneur,»[5] ou à ne pas les exaspérer, «de peur
qu'ils ne se découragent.»[6] Dans 1 Timothée 3:4 et 12, il
développe le fait que bien éduquer nos enfants et conduire nos familles nous
qualifie pour le leadership dans l’église et nous donne de la crédibilité.[7]
Pour apporter un équilibre à une vision optimiste des
enfants, Paul souligne leur immaturité.[8] Oui, il y a des aspects où nous devons
devenir comme des enfants, mais il y en a aussi d’autres où nous devons
grandir. Les enfants ne sont pas le modèle ultime pour tous les aspects de la
vie! Cependant, il est important de souligner que si l’on ne trouve aucun
verset montrant Jésus s’adresser personnellement aux enfants, Paul, dans les
passages d’Éphésiens et de Colossiens, leur écrit directement à deux reprises.
Ainsi, même si la vision que Paul a des enfants semble moins optimiste, il les
inclut néanmoins dans ses écrits et consacre des portions particulières en
s’adressant directement à eux, ce qui est remarquable dans le contexte de
l’époque. Et nous voyons que Dieu a utilisé le neveu de Paul pour lui sauver la
vie. Lorsque le fils de sa sœur a entendu parler du complot contre la vie de
Paul, celui-ci l’a pris au sérieux et lui a fait confiance pour apporter la
nouvelle aux Romains.[9]
Jean, dans sa première épître, nous dit que même les petits
enfants peuvent connaître le Seigneur.[10] Ils peuvent réellement le connaître, et
non seulement apprendre des choses à son sujet – dans le sens où ils peuvent
avoir une réelle expérience et relation avec Dieu dès leur plus jeune âge.
Le langage lié aux enfants et à la famille dans la Bible
La Bible est pleine de termes liés aux enfants et à la
famille. Déjà dans l’Ancien Testament, Dieu appelle Israël «mon enfant.»[11] Il utilise aussi l’image du mariage
pour décrire sa relation avec son peuple, en particulier dans le livre d’Osée.[12]
Mais c’est véritablement avec la venue de son Fils sur
terre, avec le Nouveau Testament, que ce langage familial prend encore plus de
sens et de profondeur. Jésus nous a enseigné à appeler Dieu «notre Père,»[13] nous devons nous considérer comme des «frères
et sœurs,»[14] une indication claire qu’il n’a jamais
prévu de fonder une organisation, mais une famille, avec des liens encore plus
forts que la famille naturelle.[15]
Même notre croissance dans le Seigneur est comparée à la croissance
d’un enfant. Après être «nés de nouveau» pour entrer dans le royaume de Dieu,[16] nous ne devrions pas rester comme des
enfants nourris au «lait», mais devrions croître pour devenir des hommes et des
femmes mûrs.[17] Paul utilise l’image d’enfants ayant
besoin d’un guide, d’un pédagogue, pour les conduire de la loi à la grâce.[18] Dans Hébreux 12, nous lisons que le
Seigneur discipline ceux qu’il aime et qu’il punit tous ceux qu’il reconnaît
comme fils.[19] Tout le chapitre met en contraste la
façon dont Dieu nous traite avec la façon dont un père humain discipline et
corrige ses enfants. Sans discipline, nous ne serions pas considérés comme des
fils et des filles légitimes, mais comme des bâtards.[20] Jean parle des petits enfants, des
jeunes gens et des pères dans la foi.[21]
Jésus ne nous a pas laissés orphelins[22] mais il nous a envoyé son Esprit
d’adoption pour faire de nous ses fils et ses filles. Et par lui nous crions:
«Abba, Père!»[23]
Paul fait souvent référence aux gens auxquels il écrit
comme ses «chers enfants».[24] Jean fait de même.[25] Paul se perçoit clairement comme leur
père, voire même comme leur mère. Il compare son intercession pour les Galates
aux «douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que Christ soit formé en» eux[26] et la façon dont il a pris soin des
Thessaloniciens aux soins d’une mère qui
s’occupe de ses enfants.[27] Aux mêmes Thessaloniciens, quelques
versets plus loin, il rappelle comment il a «été pour chacun d’eux ce qu’un
père est pour ses enfants,»[28] ce qui implique encouragement,
réconfort et exhortation.
Ce langage familial est réellement présent partout dans
le Nouveau Testament. Joseph H. Hellerman, dans son ouvrage When the Church Was a Family, conclut:
La série de valeurs (solidarité affective et matérielle, loyauté familiale)
reflétée dans les écrits de Paul ne peut être expliquée que par l’hypothèse que
Paul s’est inspiré directement de la famille méditerranéenne comme modèle
social central pour ses églises.[29]
Il ajoute:
En vérité, la solidarité sociale dont les premiers chrétiens jouissaient
comme fruit de leur vécu intense des valeurs familiales a mis tout un empire
païen à genoux. Telle était la puissance de la communauté telle que Dieu
l’avait prévue. Telle était la puissance de l’Eglise quand l’Eglise était une
famille.[30]
Conclusion
La théologienne Marcia J. Bunge identifie quatre thème
principaux, quatre façons de voir les enfants dans la Bible:[31]
1.
Premièrement, et fondamentalement, les enfants sont des
êtres vulnérables.
Ils sont des orphelins, des «prochains» et des étrangers ayant besoin de compassion et de justice, et par conséquent les parents et les autres adultes doivent les protéger et pourvoir à leurs besoins de base. Les parents devraient subvenir à leurs besoins fondamentaux de nourriture, de logement, d’amour et d’affection. Lorsque les parents sont incapables de le faire, ou s’ils sont décédés, alors d’autres personnes dans la communauté doivent prendre le relai. De nombreux passages bibliques nous ordonne explicitement d’aider les veuves et les orphelins – les plus vulnérables dans la société.[32]
Ils sont des orphelins, des «prochains» et des étrangers ayant besoin de compassion et de justice, et par conséquent les parents et les autres adultes doivent les protéger et pourvoir à leurs besoins de base. Les parents devraient subvenir à leurs besoins fondamentaux de nourriture, de logement, d’amour et d’affection. Lorsque les parents sont incapables de le faire, ou s’ils sont décédés, alors d’autres personnes dans la communauté doivent prendre le relai. De nombreux passages bibliques nous ordonne explicitement d’aider les veuves et les orphelins – les plus vulnérables dans la société.[32]
2.
Deuxièmement, la Bible décrit les enfants comme des dons de Dieu et des
sources de joie, pleinement humains et créés à l’image de Dieu, et par conséquent
les parents et les autres adultes autour d’eux doivent les respecter, les
apprécier et être reconnaissants pour eux. De nombreux passages bibliques
décrivent les enfants comme des dons de Dieu ou des signes de sa bénédiction.
3.
Une troisième dimension de la vision des enfants dans la
Bible et la tradition chrétienne est qu’ils sont aussi des êtres en voie de
développement, des créatures marquées par le péché et des agents moraux ayant
besoin d’instruction et de direction, et par conséquent les parents doivent
nourrir la foi des enfants et les aider à utiliser leurs dons et leurs talents
pour aimer et servir les autres et contribuer au bien commun.
4.
Quatrièmement, la Bible décrit aussi les
enfants comme des modèles de foi pour les adultes, des sources de révélation et
des représentants de Jésus, et par conséquent les adultes doivent écouter les
enfants et apprendre d’eux. De nombreux passages des Évangiles chamboulent le
point de vue habituel sur les enfants à l’époque de Jésus comme aujourd’hui:
qu’on doive les voir, mais pas les entendre, et que leur rôle principal
consiste à apprendre des adultes et à leur obéir. En contraste, le Nouveau
Testament dépeint les enfants de manière frappante, même radicale, comme des
témoins moraux, des modèles de foi pour les adultes, des sources ou des
véhicules de révélation, des représentants de Jésus, et même des paradigmes
pour entrer dans le royaume de Dieu.
Bunge ajoute:
Lorsqu’elles sont intégrées dans la théologie chrétienne
de l’enfance et maintenus en équilibre et en tension de manière appropriée, ces
quatre perspectives ont des implications énormes pour combattre les conceptions
simplistes et destructrices des enfants et fortifier l’engagement envers eux au
sein des communautés chrétiennes.[33]
Et:
Chaque fois que, en tant que chrétiens, nous nous
retirons de cette vision riche, complexe et parfois paradoxale des enfants que
nous trouvons dans la Bible et dans les traditions chrétiennes et que nous ne
nous concentrons que sur un ou deux de ces thèmes bibliques, nous risquons de
tomber dans une compréhension déficiente des enfants et des obligations des
adultes envers eux, et nous risquons de les traiter de manières inadéquates et nuisibles.[34]
Brewster écrit au sujet d’un récent «changement
climatique» croissant dans les attitudes et les ouvertures aux enfants et à
leur rôle au sein de l’église et de la mission. Il déclare:
Une chose qui va favoriser ce changement climatique est une redécouverte
des enfants dans les Écritures. Certains leaders chrétiens pensent que la Bible
dit très peu de choses sur les enfants. Pourtant, lorsqu’ils commencent à la lire
avec «l’enfant au milieu» de leur approche, ils réalisent que les enfants ne
sont pas juste présents dans les Écritures, mais qu’ils y occupent une place
prépondérante. En vérité, il y a plus de 1’500 références aux enfants et à
l’enfance (et à l’éducation et à la formation, aux orphelins, etc.). Très
souvent, les enfants et les jeunes se retrouvent à jouer des rôles cruciaux
dans le développement des projets de Dieu.
Quelles que soient les réalités de la vie d’un enfant, Dieu les considère
comme précieux. Pour lui, ils sont:
· Un signe. Les enfants sont une bénédiction de Dieu (Psaume 127:3)
et ils manquent quand ils ne font pas partie de la communauté d’alliance.
· Un symbole. Les enfants sont des illustrations de la relation que
Dieu veut développer avec les adultes (Osée 11:1, Matthieu 18:2-3).
· En besoin d’être enseignés. Ils doivent être chéris et enseignés
autant dans la communauté qu’à la maison (Deutéronome 6:11).
· Dignes d’être protégés. Dieu est du côté des vulnérables (Psaume
68:5, Jacques 1:27). Lorsque les enfants sont négligés, abusés, victimisés,
Dieu pleure. Jésus prône fortement leur protection (Matthieu 18:5-6, 10).
· Des adorateurs. Les enfants sont conçus pour adorer Dieu (Psaume 8:2). La
louange n’est pas quelque chose à apporter quand ils seront plus grands – c’est
leur rôle maintenant. Les enfants louent
Jésus même quand les adultes le rejettent (Matthieu 21:15).
·
Des agents de la mission de Dieu. Les enfants ne sont pas seulement ceux qui suivent, mais
ceux que Dieu envoie pour conduire (Ésaïe 11:6). Dieu choisit des enfants comme
personnages-clés dans le récit biblique: Isaac, Moïse, Samuel, David, la
servante de la femme de Naaman. Dieu choisit d’entrer dans le monde non comme
un roi, un rabbin ou un grand prêtre, mais comme un bébé.
·
Des exemples. Jésus utilise les
enfants comme exemples de l’humilité et de la dépendance que le royaume de Dieu
requiert des adultes (Matthieu 18:4).
·
Aimés inconditionnellement. Jésus a une bénédiction pour les enfants qu’on lui amène: pas d’exigence,
pas de défis, pas même une histoire (Matthieu 19:13-15)!
·
Un accent dans son ministère. Jésus guérit les enfants (Luc 7, 8) et les accueille (Marc 10); il utilise
les enfants comme des exemples d’humilité (Luc 18:17); il avertit de jugement
ceux qui font du mal aux enfants (Matthieu 18:5-6, 10); il les valorise
(Matthieu 18:12-14).[35]
Nous pourrions en dire plus, mais nous voyons réellement
que les enfants sont précieux aux yeux de Dieu. Il voit leurs souffrances, il
intervient en leur faveur, il les appelle, il leur parle et il les utilise.
Dans qui il est et dans ce qu’il partage avec nous dans sa Parole, nous voyons
qu’il les prend très au sérieux et qu’il les valorise. Il veut que nous
investissions en eux et, par le transfert générationnel, que nous nous
assurions que ses commandements et ses bénédictions soient transmis, afin que
ses promesses s’accomplissent.[36] Il est toujours le Dieu d’Abraham, le
Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, il bâtit toujours à travers les générations
et il nous invite à nous joindre à lui. Alors que la nouvelle vague de Dieu
approche, nous devons saisir le lien entre les enfants et le Royaume, et non
seulement les former et les préparer pour attraper la vague, mais pour
apprendre d’eux les caractéristiques du Royaume – Dieu nous invite à le
connaître et à le faire connaître ensemble avec eux!
[1]. Actes 2:17, citant Joël 3:1.
[2]. Voir aussi Actes 2:38-39.
[8]. Galates 4:1, 3; 1 Corinthiens 13:11.
[9]. Actes 23:16-23.
[11]. Jérémie 31:9, 20; Osée 1:10, 11:1.
[12]. Osée 2:19-20.
[14]. Actes 12:17, 16:40, 18:18, 27, 21:7, 17, 28:14-15; Romains 1:13, 7:1, 4,
8:12, 29…
[16]. Jean 3:7.
[18]. Galates 3:23-24.
[22]. Jean 14:18.
[27]. 1 Thessaloniciens 2:7-8.
[29]. Joseph H. Hellerman, When the
Church Was a Family: Recapturing Jesus’ Vision for Authentic Christian
Community (Nashville, TN: B & H Publishing Group, 2009), édition Kindle,
empl. 1931.
[31]. Marcia J. Bunge, «Biblical and Theological Perspective: Resources for
Raising Children in the Faith, Lutherian
Partners, juillet/août 2009 (vol. 25, no. 4), consulté le 24 février 2015,
http://www.faithformation
learningexchange.net/uploads/5/2/4/6/5246709/biblical_and_theological_resources_for_raising_children_-_marcia_bunge.pdf.
[32]. Ibid.
[33]. Marcia J. Bunge, «Biblical and Theological Perspective: Resources for
Raising Children in the Faith,» Lutherian
Partners, juillet/août 2009 (vol. 25, no. 4).
[34]. Keith J. White (éd.), Now &
Next: A Compendium of Papers Presented at the Now & Next Theological
Conference on Children, Nairobi, Kenya, March 9-12, 2011 (Colorado Springs,
CO: Compassion International, 2011), p. 29.
[35]. Dan Brewster, It’s Time to Take
Children and Youth Seriously, consulté le 15 janvier 2015.
http://www.europeanea.org/wp-content/uploads/2013/09/its_time_paper_Dan_Brewster.pdf.
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